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Les chercheurs se sont limités aux lignées de cellules cancéreuses dont ils disposaient dans leur laboratoire. Depuis, ils ont entamé des tests avec des cellules du cancer du côlon et l'acide lithocholique semble avoir le même effet. Peut-être cette molécule sera-t-elle également capable de détruire ces cellules du cancer du poumon. © Wellcome Images, Flickr, cc by nc nd 2.0
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Jusque-là, on ignorait beaucoup des propriétés de l'acideacide lithocholique. En tant qu'acide biliaire, on le savait produit par le foie et impliqué dans la dégradation des grosses moléculesmolécules lipidiques tout juste avalées. On avait également pu montrer qu'il prolongeait la vie des levureslevures.
Des chercheurs canadiens de l'université McGill, en collaboration avec l'institut Lady Davis de l'Hôpital général juif de Montréal et l'université de la Saskatchewan, ont révélé son pouvoir anticancéreuxanticancéreux dans la revue Oncotarget.
En cultivant in vitroin vitro différentes lignées de cellules de neuroblastome (cancer du cerveau), ils ont pu constater que cet acide lithocholique détruisait sélectivement les cellules cancéreuses tandis que les cellules saines étaient épargnées. Des effets similaires ont été relevés sur une tumeur mammaire humaine et un gliome (une forme de cancer du cerveau) du rat. Une faculté de sélection de ses victimes que ne fournissent pas les chimiothérapies utilisées actuellement, qui s'attaquent également aux tissus en bonne santé de l'organisme.
L’acide lithocholique, destructeur de mitochondries
Quel est dont le mode d'action de l'acide lithocholique ? La molécule stimule l'apoptoseapoptose, c'est-à-dire le suicide, de ces cellules tumorales. Tous les mécanismes ne sont cependant pas encore connus, ce qui n'empêche pas les chercheurs d'émettre des hypothèses.
Les mitochondries sont des organites indispensables au métabolisme énergétique de la cellule. Sans elles, nous ne pourrions pas utiliser l'oxygène comme carburant énergétique. L'acide lithocholique pourrait bien induire la mort de ces mitochondries et entraîner ainsi la destruction de la cellule cancéreuse. © Louisa Howard, Wikipédia, DP
Ils pensent que les cellules cancéreuses présentent bien plus de récepteurs à l'acide lithocholique que les cellules saines. Ces récepteurs seraient en lien avec l'activité mitochondriale. Une stimulationstimulation trop forte conduirait alors à la désagrégation de la mitochondrie, entraînant avec elle dans la mort la cellule cancéreuse.
Une molécule, un double effet protecteur contre le cancer
Mais ce n'est pas tout. Parmi la cascade réactionnelle que l'acide lithocholique déclenche en s'arrimant aux cellules malades, les chercheurs ont constaté une forte inhibitioninhibition de la synthèse de la caspasecaspase 1. Cette molécule, une protéaseprotéase, est normalement impliquée dans la libération de cytokinescytokines. Ces messagers chimiques ont pour mission d'induire la croissance et la prolifération des cellules voisines dans les situations inflammatoires. En la privant d'un de ses acteurs de base, l'acide biliaire empêche donc la tumeur de se développer et de s'étendre à d'autres régions du corps. Un double effet protecteur contre le cancer.
Désormais, les chercheurs comptent passer du flacon de culture à l'animal en testant l'effet thérapeutique de l'acide lithocholique chez des souris atteintes de cancer. Avant, un jour peut-être, de passer à l'Homme.
En tant que molécule produite naturellement par l'organisme, elle présente certains avantages. On a pu vérifier par exemple son innocuité chez des rongeursrongeurs nourris avec des quantités plus importantes de cet acide. Mais la dure réalité du monde vivant vient parfois bouleverser les plus beaux scénarios imaginés après des découvertes prometteuses en laboratoire. Quel sera le sort de celle-ci ?