La mesure combinée de trois biomarqueurs a permis d'établir qu'il est possible de prédire, jusqu'à trois décennies à l'avance, le risque d'accidents cardiovasculaires chez les femmes. Une simple prise de sang alors pourrait détecter ces facteurs de risques — simples et modifiables — facilitant ainsi la mise en place de stratégies de prévention et de dépistage généralisé.

 

 

 

 


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    Selon une étude présentée lors du Congrès de la société européenne de cardiologie, les risques de maladies cardiovasculaires pourraient être prédits chez les femmes 30 ans en amont. La méthode : le dosagedosage du « mauvais » cholestérol, des lipoprotéines et de la protéine C-réactive. Explications.

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    Prédire un accident vasculaire cérébral (AVC) ou un accident cardiaque qui pourrait se produire des décennies est plus tard, c'est possible ? Une récente étude démontre que le dosage de deux types de graisses, le cholestérol LDL (le « mauvais » cholestérol) et les lipoprotéines, ainsi que celui de la protéine C-réactive (CRP) -- marqueur de l'inflammationinflammation --, permettrait de prédire le risque de maladie cardiovasculaire chez une femme 30 ans plus tard.

    Pourquoi ces trois marqueurs ?

    Le cholestérol LDL et les lipoprotéines sont des facteurs de risquefacteurs de risque de survenue d'athérosclérose, maladie caractérisée par le dépôt d'une plaque composée essentiellement de lipideslipides sur la paroi interne des artèresartères. Quant à la protéine C-réactive, celle-ci joue un rôle important dans l'immunité innéeimmunité innée. Les cellules immunitaires s'activent lorsque le corps se défend contre une blessure et une infection, mais aussi lorsque les plaques de graisses s'accumulent dans les artères. « Cela crée un environnement hyperinflammatoire dans lequel la plaque peut se former, grossir ou même se rompre -- et provoquer des événements cardiovasculaires », précise dans un communiqué le National institute of health (États-Unis) qui a soutenu la présente étude.

     Des inflammations chroniques peuvent interagir avec les lipides et aggraver les risques de maladies cardiovasculaires et d'accidents vasculaires cérébraux. © Hananeko_Studio, Shutterstock.com
     Des inflammations chroniques peuvent interagir avec les lipides et aggraver les risques de maladies cardiovasculaires et d'accidents vasculaires cérébraux. © Hananeko_Studio, Shutterstock.com

    Des femmes suivies depuis trente ans, entre 1992 et 1995

    Les résultats, présentés lors du congrès de la Société européenne de cardiologie, ont été publiés le 31 août dans The New England Journal of Medecine.  Les chercheurs ont recueilli les échantillons sanguins de 27 939 femmes. Elles ont été suivies pendant 30 ans, ont commencé l'étude en bonne santé, entre 1992 et 1995, à un âge moyen de 55 ans. Parmi elles, 3 662 femmes ont été victimes d'un accident cardiovasculaire majeur -- accident vasculaire cérébral, infarctus du myocarde, décès lié à une maladie cardiovasculaire... Les chercheurs ont voulu savoir comment et combien de temps auparavant les dosages de la CRP, du cholestérol et de la lipoprotéine prédisaient, seuls ou les trois combinés, ces événements.

    Ainsi, les femmes ayant les niveaux les plus élevés de cholestérol LDL présentaient un risque associé de maladie cardiaque accru de 36 % par rapport à celles ayant les niveaux les plus bas. Celles ayant les taux les plus élevés de lipoprotéines présentaient un risque associé accru de 33 %, et celles ayant les taux les plus élevés de CRP, un risque associé accru de 70 %.

    De l'importance du dépistage précoce et de la prévention 

    Lorsque les trois marqueurs étaient évalués en même temps, les participantes ayant les taux les plus élevés présentaient un risque associé plus de 1,5 fois plus élevé d'accident vasculaire cérébral et trois fois plus élevé de maladie coronarienne par rapport aux femmes ayant les taux les plus bas.

    Les résultats de cette étude prouvent qu'il est possible de détecter et surtout de prévenir les maladies et accidents cardiovasculaires bien en amont de l'événement. « Nous ne pouvons pas traiter ce que nous ne mesurons pas, et nous espérons que ces résultats permettront d'identifier des moyens encore plus précoces de détecter et de prévenir les maladies cardiaques », a déclaré le Pr Paul M. Ridker, auteur de l'étude et directeur du Center for Cardiovascular Disease Prevention au Brigham and Women's Hospital de Boston (États-Unis). Pour la préventionprévention, les chercheurs misent sur la prévention primaire : activité physique régulière, alimentation saine, prévention du surpoids et de l'obésitégestion du stress, pas d'alcoolalcool ni de tabac.

    À noter : seules les femmes ont été évaluées dans cette étude. Toutefois, les chercheurs s'attendent à trouver les mêmes résultats chez les hommes.