Les compléments d'oméga 3 ne seraient d'aucune utilité pour les patients cardiaques. Au contraire, leur consommation augmenterait le risque de fibrillation artérielle.
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C'est presque devenu un truisme. Consommer des oméga 3 serait bon pour le cœur. Cet énoncé est supporté depuis longtemps par des données épidémiologiques et pré-cliniques. Pourtant, dans un récent essai randomiséessai randomisé conduit à large échelle dans pas moins de 675 centres hospitaliers à travers le monde, aucun bénéfice n'est observé chez les patients à haut risque cardiovasculaire. PisPis encore, une consommation quotidienne sur le long terme augmente significativement le risque de fibrillation artérielle chez ces patients. Les résultats sont publiés dans The Journal of American Medicine Association.
Un essai d'envergure aux résultats décevants
Financé par le laboratoire AstraZenecaAstraZeneca qui possède une formule de compléments alimentaires à base d'oméga 3, cet essai randomisé, en double aveugle, contre placeboplacebo, a inclus plus de 13.000 patients. Les participants ont reçu soit 4 grammes d'oméga 3 par jour, soit 4 grammes d'huile de maïs (afin d'avoir un placebo similaire en matièrematière de calorie). Après avoir observé les premiers résultats chez les 1.384 patients démontrant qu'il n'y avait aucun bénéfice sur les points d'observation primaires (décès cardiovasculaire, infarctus du myocarde non mortel, accident vasculaire cérébral non mortel, revascularisation coronarienne ou angor instable nécessitant une hospitalisation), l'essai a été stoppé.
En plus de n'avoir aucun effet sur les paramètres cruciaux définis par les auteurs, la supplémentation en oméga 3 augmenterait les troubles gastrogastro-intestinaux et la survenue de fibrillation artérielle. Malgré ces résultats, les compléments alimentaires d'oméga 3 continuent d'être largement consommés. Néanmoins, les auteurs rappellent que leurs travaux ne permettent de conclure que pour les patients à haut risque sous prescription de statinesstatines, aux doses testées dans l'expérience. Il faudra d'autres essais randomisés chez d'autres types de population, avec différentes doses, pour conclure plus fermement au sujet des oméga 3 et de la préventionprévention cardiovasculaire.
Oméga-3 : leurs bienfaits sur la santé cardiovasculaire remis en cause
Par Nathalie MayerNathalie Mayer, le 14/09/2018
Compléments alimentaires, poissonspoissons gras, noixnoix... Pour entretenir notre santé cardiovasculaire, on nous recommande de consommer des oméga-3oméga-3 en grande quantité. Mais leurs bienfaits semblent aujourd'hui remis en cause par une vaste méta-analyseméta-analyse de données scientifiques.
Depuis quelques années, certains spécialistes suggèrent que les acides gras polyinsaturés que sont les oméga-3 ont un effet bénéfique sur notre santé cardiovasculaire. Et il nous est recommandé de complémenter notre alimentation en oméga-3 soit en consommant des aliments qui en sont riches -- comme les poissons gras ou les noix -- soit par le biais de gélulesgélules. Mais une méta-analyse menée par des chercheurs de l'université d’East Anglia (Royaume-Uni) vient mettre à mal cette idée.
« L'augmentation des oméga-3 n'a que peu ou pas d'effet sur la mortalité ou la santé cardiovasculaire. » Pour arriver à cette conclusion, les chercheurs ont compilé les résultats de pas moins de 79 essais randomisés contrôlés portant sur un total de plus de 110.000 participants originaires d'Amérique du Nord, d'Australie, d'Asie et d'Europe, en bonne santé ou souffrant de difficultés cardiaques préexistantes.
Privilégier une origine végétale ?
Les oméga-3 -- en faible quantité -- sont essentiels au maintien de notre bonne santé. Et l'on peut en trouver dans les aliments que nous consommons. Cependant, cette analyse conclut qu'il n'existe aucune preuve suffisamment qualitative que la prise de compléments alimentaires incluant ces acides grasacides gras a un effet bénéfique pour la santé cardiovasculaire.
Les preuves portant sur les effets positifs d'une consommation accrue de poissons gras sont, quant à elles, trop peu nombreuses. En revanche, la consommation d'oméga-3 d'origine végétale pourrait s'avérer légèrement protectrice contre certaines maladies cardiaques et circulatoires.
Les bienfaits des oméga-3 remis en question par une nouvelle étude
Article de Cordis Nouvelles paru le 31/03/2006
Une nouvelle étude britannique vient remettre en question les vertus tant vantées des acides gras oméga-3. Ses auteurs ont identifié 15.159 études sur le sujet, dont 89 ont été considérées comme suffisamment solidessolides. Si l'usage des oméga-3 ne semble pas être préjudiciable à la santé, l'équipe de chercheurs parvient cependant à la conclusion que « les graisses oméga-3 n'ont pas d'effet tranché sur la mortalité totale, les événements cardio-vasculaires combinés ou le cancercancer ».
Considérées comme essentielles à la santé humaine, les huiles contenant des oméga-3 ne peuvent être fabriquées par l'organisme : il faut donc en consommer. La publicité s'est emparée des huiles oméga-3 et promeut activement leurs bienfaits pour la santé. Or, nombre de ces allégations ont une origine scientifique douteuse. Le rôle des oméga-3 sur les fonctions mentales, par exemple, est très controversé. Leur effet bénéfique pour le cœur avait toutefois été généralement admis. Cette nouvelle étude, publiée dans le British Medical Journal, vient remettre en question ces vertus sur la santé.
Ces dernières années, l'usage d'huiles de poisson, en particulier celles riches en oméga-3, a été associé à une myriademyriade de bienfaits pour la santé, allant de l'amélioration de la fonction cardiaque à une augmentation de la mémoire, voire de l'intelligenceintelligence. L'équipe dirigée par le professeur Lee Hooper, de l'université d'East Anglia, a mené une méta-analyse des études portant sur les oméga-3.
Il ressort de ses travaux que les effets des oméga-3 sont contradictoires. La plupart des études ont mis en évidence un effet négligeable ou légèrement positif. En 1989, une étude connue sous le nom de DARTDART (pour diet and angina randomized trial, c'est-à-dire essai randomisé régime alimentaire et angine de poitrineangine de poitrine) avait cependant relevé que les omégas-3 avaient, tout au plus, un effet légèrement nuisible.
L'étude DART avait en fait établi que le nombre le plus élevé de morts subitesmorts subites d'origine cardiaque était observé chez un groupe prenant un supplément d'oméga-3 sous forme de capsules, cependant que « les omégas 3 provenant des poissons gras possèdent des effets différents de ceux des suppléments à base d'huile de poisson, sans que [l'étude DART], ayant examiné cet aspect, ne puisse l'incriminer pour expliquer les différences », laissant planer le mystère sur la cause première de cette anomalieanomalie.
Les chercheurs pensent qu'il serait important d'opérer la distinction entre les types de pathologiespathologies cardiaques, entre les patients atteints d'angine de poitrine et ceux souffrant d'un infarctus aigu du myocarde (crise cardiaquecrise cardiaque) par exemple. Et de conclure qu'il n'y a « pas de preuve solide que les graisses oméga-3 protègent contre les événements cardio-vasculaires", mais qu'"il n'est sans doute pas approprié de recommander une prise importante d'oméga-3 aux individus souffrant d'angine de poitrine mais n'ayant jamais subi d'infarctus du myocarde ». L'équipe n'a également « relevé aucune preuve que les graisses oméga-3 avaient un effet sur l'incidenceincidence des cancers ».
La vaste discordancediscordance entre les études - mode d'administration des oméga-3, quantités et types - a constitué le principal problème à surmonter pour les chercheurs, qui ont finalement conclu que : « Nos résultats n'éliminent pas l'hypothèse d'importants effets des graisses oméga-3 sur la mortalité totale, dans la mesure où des essais solides ne comportant qu'un faible risque de distorsion font état d'un nombre restreint de décès. Il n'y a aucune preuve que la source (régime alimentaire ou supplémentation) et la dose des graisses oméga-3 ont eu un impact sur l'efficacité des graisses oméga-3 à longue chaîne ».
Les effets préjudiciables des oméga-3 constatés dans une étude pourraient être imputés aux niveaux de polluants dans le poisson. Les populations de poissons déclinent et les polluants tels que le mercuremercure et les produits chimiques de type dioxinedioxine contenus dans le poisson sont en augmentation. L'exposition à long terme aux polluants contenus dans le poisson pourrait l'emporter sur les bénéfices liés aux oméga-3. Le seul moyen de démêler la chose consistera à mener d'autres études sur les effets des oméga-3 et ceux du poisson sur la santé.
Des sources alternatives d'acides gras oméga-3, tirées du krillkrill par exemple, seront bientôt disponibles dans le commerce. Des scientifiques américains ont récemment créé des porcs génétiquement modifiés qui synthétisent leurs propres omégas 3. « Nous avons pu utiliser ces animaux comme modèles pour observer les répercussions sur la santé du coeur d'un accroissement des niveaux d'oméga-3 dans l'organisme », a déclaré le docteur Randy Prather, de l'université de Pittsburgh.
L'Union européenne a financé de nombreux projets sur les acides gras oméga-3, parmi lesquels une étude sur la production d'acides gras oméga-3 et ses applicationsapplications dans l'industrie agro-alimentaire, et un projet portant sur les oeufs de poule contenant des oméga-3.