Le stress oxydatif, la perturbation des rythmes circadiens, l’augmentation de l’inflammation sont autant de facteurs favorisant les maladies cardiovasculaires. Un groupe de chercheurs allemand rend compte de la relation existant entre l’environnement et ces perturbations biologiques.

Avec près de 400 morts par jour en France, les maladies cardiovasculaires regroupant l'infarctus du myocarde, les AVC, les maladies vasculaires périphériques et hypertensives se situent au deuxième rang des causes de mortalité, selon Santé publique France. L'étude des facteurs de risque individuels non modifiables (hérédité, sexe, âge) ou modifiables (tabac, alimentation, sédentarité) est largement faite. Il existe, en France, un dispositif de surveillance des maladies cardiovasculaires et de nombreuses actions préventives promouvant l'arrêt du tabac, le respect de règles hygiéno-diététiques et la pratique d'une l'activité physique.

Parce que l'étude de l'impact de l'environnement sur la santé nécessite une approche multidisciplinaire, faisant intervenir différents niveaux complexes de capteurs et de techniques (traitement de métadonnées, bio-informatique, biologie des systèmes), les facteurs de risques environnementaux sont difficilement identifiables. De plus, la gestion de ces risques impliquerait une intervention communautaire difficile à déployer. Grâce à une méta-analyse, un groupe d'experts allemand a récemment fait le point sur les études traitant des facteurs environnementaux comme le bruit, la pollution atmosphérique, la pollution lumineuse et leur contribution dans le développement de maladies cardiovasculaires.

Une approche multidisciplinaire : le concept d’exposome

La notion émergeant d'exposome permet l'étude des effets à vie de toutes les expositions environnementales sur les voies biochimiques et de façon plus globale, sur la santé. Cette approche, ne pouvant être que multidisciplinaire intègre l'exposome d'un individu comme étant un ensemble constitué de l'environnement naturel, personnel et social fortement lié aux changements biochimiques pouvant affecter sa santé. Ces derniers tels que la modification des gènes de l'horloge circadienne, la libération d'hormones du stress (cortisol), la production d'espèces réactives à l'oxygène entraînent des dommages dans les cellules et les organes pouvant induire ou favoriser diverses pathologies.

L'exposome : une notion intégrant tous les facteurs agissant sur la santé. © nathalie Ruaux, Wikipédia commons, CC by-sa 4.0
L'exposome : une notion intégrant tous les facteurs agissant sur la santé. © nathalie Ruaux, Wikipédia commons, CC by-sa 4.0

Bruit, pollution atmosphérique et pollution lumineuse

En France, 7 millions de personnes vivent dans des lieux de forte exposition au bruit (au-delà du seuil de 65 dB) et l'augmentation du bruit est associée à une augmentation de la prévalence et de l'incidence des cardiopathies ischémiques (le cœur ne reçoit plus assez d'O2). En effet, le bruit en perturbant les rythmes du sommeil génère la production d'hormones du stress (cortisol et catécholamines), affecte le métabolisme (augmentation de la glycémie et du cholestérol), augmente l'activité de l'amygdale (produisant une inflammation coronarienne). De plus, l'excès sonore apporte des changements épigénétiques dans l'ADN conduisant à une forte inflammation et une athérosclérose subclinique.

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D'autre part, les études citées soulignent l'association pollution de l'air et maladies cardiovasculaires. Une d'entre elles montre une réduction des événements cardiovasculaires en Chine et en Europe durant le confinement lié à la pandémie Covid-19. Il semblerait que l'exposition aux particules fines (PM2.5 et PM10) contenue dans les polluants issus des différentes combustions provoque des dérèglements endothéliaux, une rupture possible des plaques d'athéromes et une activation du système sympathique créant ainsi une hypertension. Ces particules altèrent, en outre, les propriétés anti-inflammatoires et anti-oxydantes du HDL (bon cholestérol). Sans compter que leur rapport masse/taille et leur surface réactive, leur permettent d'avoir un fort taux de pénétration dans les alvéoles pulmonaires.

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La pollution lumineuse est aussi évoquée comme un facteur supplémentaire influençant une perturbation des rythmes circadiens et de fait des processus inflammatoires et oxydatifs déjà évoqués. La pollution lumineuse, définie comme étant un éclairage extérieur inutile aux activités humaines, a largement augmenté dans les milieux urbains. 

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Des facteurs favorisant les maladies cardiovasculaires

Tous ces facteurs environnementaux déclenchent un ensemble de signes physiopathologiques orientés sur la notion de stress oxydatif et d'inflammation qui sont des facteurs connus pour accentuer le risque cardiovasculaire. Ces mécanismes biologiques étant aussi déclenchés par des comportements à risque personnel, il est difficile de faire la part des choses dans des études d'exposomes. Néanmoins, les auteurs de cette méta-analyse proposent des mesures d'atténuation du bruit, de la pollution atmosphérique et lumineuse et invitent à une planification urbaine intelligente pour réduire la charge des facteurs de stress conduisant à des problèmes de santé cardiovasculaire et une morbidité importante.