L’Observatoire national de la santé des femmes, piloté par l’association Agir pour le cœur des femmes, a publié ses premiers chiffres pour 2024. Soumises à des risques psychosociaux, cumulés à une augmentation des comportements à risque, les femmes restent pourtant moins bien suivies et prises en charge sur le plan cardiovasculaire que les hommes.


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    Dans le cadre de la Journée internationale d'Action pour la santé des femmes, qui s'est tenue hier, l'association Agir pour le cœur des femmes a publié les chiffres de son Observatoire national de la santé des femmes 2024. Les données sont issues des dossiers médicaux issus des dépistages du Bus du cœur des femmes - un bus médical itinérant qui va à la rencontre des femmes pour un dépistage cardiovasculaire et gynécologique. En tout, plus de 8 000 femmes ont poussé la porteporte du bus ces  trois dernières années.

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    Selon ces données, 89 % des femmes présentent au moins deux facteurs de risque cardiovasculaire, et sont « à haut risque cardiovasculaire » selon l'association. Parmi ces facteurs, on retrouve notamment le tabagisme, le diabète, l'hypertension, la sédentarité, la consommation d'alcoolalcool, les antécédents familiaux, l'obésité et le surpoids, et des triglycérides présents en trop grande quantité dans le sang. En plus de l'un de ces facteurs, 46 % d'entre elles présentent deux facteurs de risque gynécologiques, comme une contraceptioncontraception contre-indiquée, une absence de suivi gynécologique, des grossesses tardives... De plus, l'âge et la ménopause sont des facteurs de risque : « Avant la ménopauseménopause, les hormoneshormones féminines, comme les œstrogènesœstrogènes, protègent les femmes contre les maladies cardiovasculairesmaladies cardiovasculaires, réduisant le 'mauvais' cholestérolcholestérol et augmentent le 'bon' cholestérol, préservant ainsi les vaisseaux sanguins. Mais cette protection diminue sous contraception hormonale, puis disparaît avec la ménopause », explique la Fédération française de cardiologie (FFC). En outre, 67 % des femmes présentent des facteurs de risque psychosociaux, comme le stress chronique. « Deux fois plus de femmes que d'hommes souffrent d'un épisode dépressif et elles sont plus fréquemment dans une situation socio-économique défavorisée. Ces facteurs de risque sont aussi importants que l'hypertension artériellehypertension artérielle et le diabètediabète », précise Agir pour le Cœur des femmes.

    La Fédération française de cardiologie veut informer les femmes, les hommes et les professionnels de la santé via une campagne vidéo sur la prise en charge et le suivi spécifique dont ont besoin les femmes. © Fédération française de cardiologie

    « Un manque de prise en compte des spécificités féminines par la médecine »

    Malgré ce risque cardiovasculaire, seule 1 femme sur 5 bénéficie d'un suivi par un spécialiste, et 79 % n'en ont aucun. Chez les femmes ménopausées, période particulièrement à risque, 74 % d'entre elles n'ont pas de suivi cardio-vasculaire. Quant à la gynécologiegynécologie, seules 44 % des femmes ménopausées bénéficient d'un suivi adapté. Agir pour le cœur des femmes dénonce « le manque de prise en compte des spécificités féminines par la médecine ». Cela tend à « générer des défauts de prise en charge majeurs. Les symptômessymptômes sont moins bien identifiés, les traitements plutôt adaptés aux hommes... A cela s'ajoute l'appréhension de pratiquer un massage cardiaque à une femme par peur de lui toucher les seins... », ajoute l'association.

    Image du site Futura Sciences

    La FFC explique que les femmes priorisent souvent leurs obligations familiales et professionnelles au détriment de leur santé. © Chinnapong, Adobe Stock

    Accident cardiaque : les femmes prises en charge 36 minutes plus tard que les hommes 

    La FFC note que les femmes ont tendance à minimiser leurs symptômes et à retarder leur prise en charge : « Dans le grand registre français s'intéressant aux infarctus du myocardeinfarctus du myocarde (registre FAST-MI), on observe un délai médian avant le premier appel suivant la douleurdouleur thoracique de 120 minutes pour les femmes et de 84 minutes pour les hommes ». Cela montre un écart entre les sexes pour la première évaluation thoracique et une sous-estimation de la probabilité d’un infarctus par les femmes elles-mêmes. Et alors que la réadaptation cardiaque est primordiale pour récupérer après un accidentaccident cardiaque, les femmes sont là encore défavorablement touchées. L'explication avancée par la FFC : « Les femmes priorisent souvent leurs obligations familiales et professionnelles au détriment de leur santé. Elles désirent reprendre leurs activités quotidiennes alors qu'une période de réadaptation en centre, encadrée par une équipe pluridisciplinaire, permettrait de bénéficier de tous les conseils pratiques pour retrouver une vie la plus normale possible et avec un risque minimisé de rechuterechute ».

    La Fédération française de cardiologie appelle à rattraper le retard pris sur l'impact des maladies cardiovasculaires chez les femmes. Pour y parvenir, elle veut informer les femmes mais aussi les hommes via une campagne vidéo diffusée jusqu'au 23 juin et sensibiliser davantage les professionnels de santé sur la prise en charge et le suivi spécifique dont ont besoin les femmes.