Le stress provoqué par les vols spatiaux offre aux virus dormants portés par les astronautes un terrain favorable à leur réactivation. Une observation qui inquiète les chercheurs de la Nasa. Surtout dans la perspective de vols vers Mars et au-delà.

Dans l'espace, les astronautes sont exposés à la microgravité et au rayonnement cosmique. Au décollage et au retour sur Terre, ils subissent aussi des accélérations extrêmes. Des défis physiques qui peuvent être aggravés par divers facteurs de stress comme l'isolement ou la perturbation des cycles veille-sommeil.

Pour étudier les effets physiologiques des vols spatiaux sur les astronautes, des chercheurs de la Nasa ont analysé des échantillons de salive, de sang et d'urine, avant, pendant et après les missions. Ils ont découvert que les virus de l’herpès sont réactivés chez plus de la moitié des membres d'équipage. Et les taux de réactivation augmentent avec la durée des vols.

Le virus de l’herpès a été identifié chez 61 % des astronautes effectuant une mission longue – au-delà de 180 jours – à bord de l’ISS. C’est nettement plus que chez les mêmes astronautes avant ou après leur mission ou que dans une population témoin. © Tatiana Shepeleva, Fotolia
Le virus de l’herpès a été identifié chez 61 % des astronautes effectuant une mission longue – au-delà de 180 jours – à bord de l’ISS. C’est nettement plus que chez les mêmes astronautes avant ou après leur mission ou que dans une population témoin. © Tatiana Shepeleva, Fotolia

Des solutions à trouver pour les missions vers Mars

« Pendant les vols, la sécrétion d'hormones du stress (cortisol et adrénaline) augmente. Or elles sont connues pour affaiblir le système immunitaire », explique le docteur Satish Mehta. Ainsi les cellules immunitaires des astronautes se révèlent moins efficaces, et parfois même jusqu'à 60 jours après leur retour sur Terre. De quoi permettre aux virus dormants qu'ils portent de se réactiver.

Jusqu'à présent, cette réactivation virale est généralement restée asymptomatique. Mais le risque existe de contaminer des personnes immunodéprimées ou de jeunes enfants au retour sur Terre. Car le virus reste actif jusqu'à 30 jours après. Et « l'ampleur, la fréquence et la durée de l'excrétion virale augmentent avec la durée du vol spatial », précise le docteur Satish Mehta. Ainsi, la mise au point de mesures pouvant contrer la réactivitation virale apparaît essentielle au succès des futures missions humaines vers Mars.