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Le VIH évolue et s’adapte au système immunitaire humain. En conséquence, sa capacité de réplication diminuerait. © J. Roberto Trujillo, Wikimedia Commons, cc by sa 3.0
De manière générale, on estime que les épidémies qui affectent de nouveaux hôtes ont tendance à diminuer en virulence au cours du temps : la sélection naturelle favorise des virus qui ont besoin que l'hôte survive pour qu'il puisse transmettre le virus. Dans le cas du VIH, si le virus est très virulent, il se transmet plus facilement à cause des fortes charges virales, mais l'espérance de vie de l'hôte est réduite. Or le virus semble ne pas échapper à cette loi de l’évolution, puisque des signes de réduction de sa virulence sont actuellement observés.
En 2013, d'après l'OMS, 35 millions de personnes dans le monde vivaient avec le VIH. La recherche présentée ici a été menée dans deux pays particulièrement concernés par cette épidémie : le Botswana et l'Afrique du Sud. Au Botswana, l'épidémie a commencé plus tôt et la prévalenceprévalence d'adultes séropositifsséropositifs est plus élevée. L'Afrique du Sud est le pays avec le plus grand nombre d'infections au VIH : 6,1 millions de Sud-Africains vivent avec le virus.
La virulence du VIH représente la capacité du virus à causer la maladie Sida. Le déclin des lymphocytes CD4, les cellules cibles du virus, est un marqueur de la progression de la maladie. Or, des protéinesprotéines présentes sur les cellules, les protéines du CMHCMH (ou HLAHLA) peuvent jouer un rôle dans la résistancerésistance à l'infection. Les personnes qui expriment certains allèlesallèles, comme HLA-B*57 et HLA-B*58 :01, bénéficient d'un « effet protecteur » vis-à-vis du virus : lorsqu'elles sont infectées, ces personnes progressent plus lentement vers la maladie. Mais le virus s'adapte progressivement à ces moléculesmolécules du CMH.
Pourcentage d’adultes de 15 à 49 ans touchés par le VIH-Sida. Les données datent pour la plupart de 1999. Le Botswana se trouve au nord de l’Afrique du Sud. © Sasha Noyes 2004, Wikimedia Commons, cc by sa 3.0
Une conséquence de l’adaptation du virus au système immunitaire
Pour cette recherche parue dans la revue Pnas, les chercheurs ont recruté 2.000 femmes infectées par le VIH en Afrique du Sud et au Botswana.
Dans la première partie de l'étude, ils ont étudié l'impact de l'adaptation du virus aux molécules du CMH « protectrices » sur la virulence et ont observé qu'au Botswana l'adaptation du virus au CMH était plus élevée qu'en Afrique du Sud. Mais en même temps, la capacité de réplicationréplication du virus qui s'est adapté à ces protéines de CMH a été significativement réduite, le rendant moins virulent : l'adaptation virale aux variantes génétiquesgénétiques protectrices comme HLA-B*57 limite l'ardeur du virus et contribue donc à son élimination.
Dans la seconde partie de l'étude, les auteurs ont examiné l'impact des thérapies antirétrovirales sur la virulence du VIH grâce à un modèle mathématique. Ils en ont conclu que le traitement devrait accélérer l'évolution des variants du VIH qui ont une capacité de réplication plus faible. Ceci suggère les bénéfices de la thérapiethérapie qui en plus de réduire la maladie et sa transmission, favorise un déclin de la virulence au fil du temps. L'amélioration de l'accès aux thérapies antirétrovirales pourrait donc contribuer à accélérer le déclin de la virulence du VIH dans les décennies à venir.