Cette nouvelle souche du choléra, détectée en 2018 au Yémen, puis dans plusieurs régions, a provoqué depuis une épidémie à Mayotte récemment. Jusqu'à présent, cette maladie infectieuse et diarrhéique, qui peut être mortelle, se soigne avec la tétracycline. Alors pourquoi cette nouvelle souche inquiète-t-elle les experts et constitue-t-elle une nouvelle menace ?


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    Des chercheurs de l’Institut Pasteur, en collaboration avec le Centre hospitalier de Mayotte, alertent sur la diffusiondiffusion, depuis le Yémen, d'une souche hautement résistante aux antibiotiques de l'agent du choléra. Elle résiste notamment à deux des trois médicaments habituellement utilisés.

    Le choléra est une infection aiguë provoquée par l'ingestion d'aliments ou d'eau contaminés par le bacille Vibrio cholerae. Il s'agit d'une maladie extrêmement virulente qui peut provoquer une diarrhée sévère et le décès par déshydratation en quelques heures si aucun traitement n'est mis en place. La prise en charge consiste essentiellement à compenser les pertes digestives d'eau et d'électrolytes. Un traitement antibiotique peut aussi être utilisé en complément.

     Le choléra est une maladie diarrhéique épidémique due à l'ingestion d'eau ou d'aliments contaminés par le bacille <em>Vibrio cholerae. </em>Cette maladie sévit encore dans certaines régions du monde et, provoque chaque année, quelque 95 000. © Africa Studio, Adobe Stock
     Le choléra est une maladie diarrhéique épidémique due à l'ingestion d'eau ou d'aliments contaminés par le bacille Vibrio cholerae. Cette maladie sévit encore dans certaines régions du monde et, provoque chaque année, quelque 95 000. © Africa Studio, Adobe Stock

    L'urgence de renforcer la surveillance

    Mais selon un travail de l'Institut Pasteur publié ce 12 décembre dans le New England Journal of Medicine, une bactériebactérie identifiée au Yémen en 2018-2019, puis détectée au Liban, au Kenya, en Tanzanie et jusqu'à Mayotte, où elle a provoqué une épidémieépidémie entre mars et juillet 2024 peut survivre à dix antibiotiques différents, y compris deux des trois médicaments habituellement utilisés pour traiter le choléracholéra.

    La progression de cette souche inquiète les experts. Le professeur François-Xavier Weill, qui dirige le Centre national de référence des Vibrions à l'Institut Pasteur, souligne l'urgence de renforcer la surveillance mondiale du choléra et son comportement vis-à-vis des antibiotiques en temps réel. Ainsi, met-il en garde : « Si cette nouvelle souche qui se propage actuellement devait acquérir une résistante additionnelle à la tétracyclinetétracycline [dernier antibiotique encore efficace, ndlr], cela compromettrait alors tout traitement antibiotique par voie orale ».