À l’instar du SARS-CoV-2, qui provient probablement d’une chauve-souris, la plupart des virus les plus dangereux infectant l’humain existent dans la nature dans un réservoir animal. Mais tous ne présentent pas le même risque. Une équipe de 400 scientifiques a bâti une base de données classant les virus plus susceptibles de passer chez l’Homme.
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En 2018, l'OMS mettait en garde contre une possible « maladie X », une pathologie causée par un virus encore non connu et pouvant causer un « danger international ». Moins de deux ans plus tard survenait la pandémie de SARS-CoV-2 que personne n'avait vu venir.
Le saviez-vous ?
On connaît aujourd’hui environ 250 zoonoses, des maladies causés par des virus animaux passés chez l’Homme. Mais on estime que 1,67 million de virus non décrits existent chez les mammifères et les oiseaux, dont la moitié seraient susceptibles de se propager à l'être humain.
C'est pour pallier cette lacune qu'une équipe de 400 scientifiques a lancé le projet Predict, un programme de l'Usaid, l'agence américaine pour le développement international. Ils ont entrepris de cataloguer 887 virus animaux issus de 25 familles virales différentes, et ont créé un site en libre accès baptisé SpillOver, qui évalue leur capacité à se propager chez l'humain en fonction de différents facteurs : nombre d'espècesespèces hôtes, distribution géographique de ces espèces, types d'environnement dans lesquels elles vivent, capacité du virus à infecter les cellules humaines, fréquence d'interaction entre l'Homme et l’animal hôte, ou encore sévérité de la maladie causée par le virus. Au total, 32 facteurs de risque ont été identifiés et classés selon leur importance. Un indice de dangerosité a ensuite été établi pour donner un classement des virus les plus susceptibles de se propager à l'Homme.
Un autre virus SARS très menaçant
Le modèle s'avère parfaitement prédictif puisque les 12 premiers du classement sont des zoonoses déjà connues, c'est-à-dire que le virus s'est effectivement déjà propagé à l'Homme. On remarque que le SARS-Cov-2 est classé seulement deuxième, ce qui peut paraître étonnant au vu de la pandémiepandémie mondiale qu'il a causée. Ce rang s'explique en réalité par le manque de données dont on dispose sur les hôtes possibles de ce virus -- seuls quelques cas de tigrestigres, lionslions et visons ont été documentés et on ne connaît toujours pas l'animal à l'origine de la contaminationcontamination chez l'Homme. Un autre coronaviruscoronavirus de type SARS encore non passé à l'Homme (betacoronavirus Rp3) se trouve 15e au classement.
Il est même possible que les risques soient sous-estimés, avancent les scientifiques. « Certains coronavirus nouvellement détectés ont peut-être déjà infecté l'Homme sans que l'on s'en aperçoive, faute de diagnosticdiagnostic ou de sous-déclaration, ainsi qu'en raison de la propension des coronavirus à ne causer que des symptômessymptômes légers ou des cas asymptomatiques », expliquent-ils.
Surveillance renforcée
Bien entendu, la base de donnéesbase de données n'est pas exhaustive et il est tout à fait possible qu'un virus encore inconnu surgisse de nulle part, mettent en garde les concepteurs du site. À noter aussi qu'aucun virus de type InfluenzaInfluenza ne figure dans le tableau, en raison de données trop disparates, justifie l'équipe. S'il est donc illusoire de prédire exactement quel sera le prochain virus qui se répandra dans la population humaine, SpillOver permet de prioriser la surveillance des menaces les plus dangereuses, expliquent les scientifiques qui décrivent leur démarche dans la revue PNAS.