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C'est une communication pour le moins explosive qui paraît dans JAMA Internal Medicine : des documents historiques découverts par un chercheur de l'université de Californie révèlent que la Sugar Research Fondation, aujourd'hui connue sous le nom de Sugar Association, a payé trois scientifiques de l'université d'Harvard (Etats-Unis) pour qu'ils écrivent une revue de littérature sur le sucre, le gras et la maladie cardiaque. L'article publié dans le New England Journal of Medicine a minimisé le rôle du sucre dans la santé cardiaque et porté l'attention sur les graisses saturées.
Remontons quelques décennies en arrière. Au début des années 1960, des études ont commencé à souligner le lien entre une alimentation riche en sucre et un taux élevé de maladies cardiaques. C'est dans ce contexte qu'en 1965, John Hickson, un cadre de l'industrie du sucre, a recruté des chercheurs d'Harvard pour qu'ils écrivent un article qui discrédite les recherches anti-sucre.
John Hickson a payé ces chercheurs 6.500 dollars d'alors (correspondant à 49.000 dollars d'aujourd'hui), leur a sélectionné les études qu'ils devaient inclure dans leur analyse, en leur expliquant clairement que le résultat devait être en faveur du sucre. Après la publication de cette revue de littérature qui stigmatisait le gras et le cholestérol, la polémique sur le rôle du sucre dans les maladies cardiaques s'est évanouie. Pendant des décennies, les recommandations officielles américaines ont incité les populations à manger moins gras, privilégiant donc indirectement des aliments riches en glucidesglucides.
À première vue, il s'agit d'une histoire ancienne, qui s'est déroulée lorsque les scientifiques n'étaient pas contraints d'annoncer leurs conflits d'intérêt dans leurs publications. Mais en 2015, le New York Times a révélé que Coca-Cola a investi des millions de dollars dans des recherches tendant à accentuer le rôle de la sédentarité - plutôt que celui des sodas - dans l'obésitéobésité. Le débat sur le rôle des aliments sucrés dans les maladies de civilisation est loin d'être clos.