L'avenir des polluants éternels s'est obscurci ce jeudi 4 avril à l'Assemblée nationale qui a voté la proposition de loi visant à interdire la présence des PFAS dans d'innombrables produits du quotidien. Un bémol toutefois, les ustensiles de cuisine ne sont pas concernés et ont été exclus de la liste. Mais en quoi l'exposition aux substances per- et polyfluoralkylées menace-t-elle la santé humaine et animale ?


au sommaire


    Très peu dégradables, ils sont baptisés « polluants éternelspolluants éternels ». Les substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées -- PFAS à prononcer « pifasse » -- sont des substances artificielles, fabriquées par l'Homme, à partir d'hydrocarbureshydrocarbures. En tout, cette grande famille compte plus de 4 700 composés chimiques que l’on retrouve depuis les années 1950 dans les produits et objets du quotidien : cuirs, peintures, cosmétiques, emballages alimentaires, revêtement de poêles antiadhésives, textiles...

    Voir aussi

    Rapport choc : explosion du taux de polluants éternels dans les fruits et légumes en 10 ans

    Les députés ont entamé ce jeudi 4 avril l'examen d'une proposition de loi, portée par les écologistes, pour restreindre la fabrication et la vente de certains produits contenants ces polluants éternels. Le texte prévoit ainsi d'interdire au 1er janvier 2026 les cosmétiques, ustensiles de cuisine, produits de fart, textiles, à l'exception des équipements professionnels qui seront concernés au 1er janvier 2030. Alors que les industriels sont ventvent debout contre la mesure, l'issue des débats est incertaine. D'emblée, ce jeudi matin, l'Assemblée nationale a retiré les ustensiles de cuisine de la liste des produits concernés.

    Les Pfas, des composés synthétiques complexes

    Ces substances ont gagné leur surnom de « polluants éternels » par leur capacité à persister dans l'environnement. Elles présentent diverses propriétés pour y parvenir : antiadhésives, imperméabilisantes, résistantes aux fortes chaleurschaleurs. Sur le plan chimique, ce sont les liaisons carbonecarbone-fluorfluor que contiennent les PFAS, très stables, qui en font des produits très peu dégradables dans l'environnement.

    Les sous-familles sont constituées en fonction du nombre d'atomesatomes de carbone qui les composent ; plus elles en contiennent, plus elles sont persistantes. « L'une des sous-familles les plus connues sont le PFOA (acideacide perfluorooctanoïque) et le PFOS (sulfonate de perfluorooctane), ces derniers étant les plus persistants dans l'environnement », précise l’Anses.

    Les Pfas sont présents partout : dans les textiles, les poêles antiadhésives, les cosmétiques, y compris dans l’eau, l’air, les sols, la poussière… © New Africa, Shutterstock.com
    Les Pfas sont présents partout : dans les textiles, les poêles antiadhésives, les cosmétiques, y compris dans l’eau, l’air, les sols, la poussière… © New Africa, Shutterstock.com

    Où se trouvent les PFAS ?

    Dans l'eau, l'airair, les sols, la poussière... les polluants éternels sont partout. Toute la population y est exposée quotidiennement, en buvant, mangeant, respirant. Une enquête menée par 17 rédactions européennes (Forever pollution project) a montré en 2023, via des prélèvements environnementaux, que « l’Europe compte plus de 17 000 sites contaminés à des niveaux qui requièrent l'attention des pouvoir publiques (au-delà de 10 nanogrammes par litre) ».

    Voir aussi

    Au moins 4 000 produits chimiques dangereux cachés dans nos objets du quotidien !

    « La contamination y atteint des niveaux jugés dangereux pour la santé par les experts que nous avons interrogés (plus de 100 nanogrammes par litre) dans plus de 2 100 'hot spotshot spots de contamination' », écrivait Le Monde, membre du groupe de médias partenaires de cette enquête. En tout, 23 000 sites partout en Europe seraient contaminés et 21 500 sont présumés contaminés.

    Les concentrations de PFAS dans le sang humain seraient ainsi supérieures aux niveaux de référence de l'Autorité européenne de la sécurité alimentaire (EFSAEFSA). Selon les scientifiques, les enfants composent le groupe de population le plus vulnérable et l'exposition durant la grossesse et l'allaitement est le principal vecteur de PFAS chez le nourrisson.

    Les conséquences des Pfas sur la santé

    Les effets toxiques des PFAS sur la santé sont multiples et ont été listés par le Bureau européen de l'Environnement (BEE) :

    • troubles de la thyroïde ;
    • hausse du taux de cholestérol ;
    • troubles hépatiques ;
    • cancers du rein, du testiculetesticule, du sein ;
    • retard de développement du fœtusfœtus ;
    • risque accru de fausse couche ;
    • infertilité ;
    • risque de prééclampsie chez la femme enceinte ;
    • maladie inflammatoire de l'intestin.

    Chez les enfants, l'exposition in utero est suspectée d'augmenter le risque d'obésitéobésité, de pubertépuberté précoce et d'infertilitéinfertilité chez l'homme.

    En 2020, l'Autorité européenne de la sécurité alimentaire mettait en lumièrelumière une interférenceinterférence des PFAS avec le système immunitairesystème immunitaire. Citée par l'AnsesAnses, elle considérait alors « que la diminution de la réponse immunitaire à la vaccinationvaccination constitue l'effet le plus critique pour la santé humaine ».

    À noter : Au niveau européen, plusieurs composés sont limités. D'autres, comme le PFOA sont interdits. Une directive devrait bientôt les interdire dans les emballages alimentaires. Une directive sur l’eau potable, avec des seuils à ne pas dépasser, est une première étape déjà en applicationapplication. L'Union européenne, réfléchit à une interdiction globale dans les prochaines années.