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Une campagne de vaccination en Afghanistan, le 18 août 2014. © AFP PHOTO, Noorullah SHIRZADA
Une étude cliniqueétude clinique publiée jeudi 21 août dans la revue américaine Science a été menée en Inde auprès de plusieurs centaines d'enfants et de nouveau-nés. Elle a montré que le fait d'administrer le vaccin de Salk (IPV) à des sujets ayant déjà eu plusieurs doses du vaccin oral de Sabin (OPV) conférait une immunité plus importante. L'IPV, qui contient un virus mort, est injecté tandis que l'OPV, confectionnée avec un poliovirus vivant, mais affaibli, est administré oralement. Cette recherche confirme les résultats d'une autre étude faite aussi en Inde parue en ligne en juillet dans le journal médical britannique The Lancet.
« Ces essais cliniques ont révolutionné notre compréhension de l'IPV et la manière de l'utiliser dans nos efforts d'éradication mondiale de la polio en assurant que les enfants bénéficieront de la meilleure protection et ce, le plus rapidement contre cette maladie », souligne Bruce Aylward, directeur général adjoint pour la polio de l'Organisation mondiale de la santéOrganisation mondiale de la santé (OMS). « Le vaccin IPV doit être utilisé pour accélérer l'éradication du virus dans les populations avec un accès limité à la vaccination », relève le chercheur Hamid Jafari, un autre responsable de l'OMS et principal auteur de cette dernière étude clinique.
L’OPV, un vaccin peu coûteux, mais nécessitant plusieurs doses
Depuis la mise au point des deux vaccins antipolio dans les années 1950, les tentatives d'élimination de cette infection pouvant entraîner une paralysie définitive et la mort reposaient surtout sur l'OPV. Ce vaccin oral, qui induit une immunité plus importante des muqueusesmuqueuses intestinales, est facile à administrer et coûte nettement moins cher que l'IPV donné seulement par injection, expliquent ces experts.
Mais l'immunité des muqueuses qu'il confère et par lesquelles se transmet le virus par de l'eau ou des aliments contaminés, diminue rapidement, ce qui nécessite plusieurs doses. Cela complique les campagnes de vaccination dans des zones reculées ou en guerre comme l'Afghanistan, le Nigeria et le Pakistan, les trois seuls pays où l'infection est endémiqueendémique. En outre, le vaccin OPV n'empêche pas la survie du virus dans les selles posant un risque de dissémination.
Cet enfant présente une amyotrophie du membre inférieur droit due à la poliomyélite. Malheureusement il n’existe pas de traitement curatif. La vaccination est un bon moyen de se protéger contre cette maladie. © CDC, Wikimedia Commons, DP
233 cas de polio en 2012 contre 360.000 en 1988
L'essai clinique en Inde a montré que les enfants qui avaient reçu l'IPV avaient moins de poliovirus dans leurs selles ce qui réduit le risque de propagation, un facteur essentiel pour éradiquer le virus. Et une seconde dose de ce vaccin a induit une immunité de la muqueuse intestinale plus forte chez les sujets ayant déjà reçu deux doses d'OPV. Étant donné le risque d'épidémieépidémie présenté par le vaccin OPV, il faudra cesser de l'utiliser lorsque l'éradication sera proche, expliquent ces scientifiques. Dans cette perspective, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a lancé un appel à tous les pays pour qu'ils recourent au moins à une dose d'IPV dans leurs campagnes d'immunisation d'ici fin 2015. Mais, pour le moment, « les deux vaccins se complètent et devraient être utilisés pour briser les dernières chaînes de transmission du virus et parvenir à un monde sans polio plus rapidement », insiste Roland Sutter, coordinateur de la recherche à l'OMS.
En 2012, seuls 223 cas de polio avaient été recensés contre encore 360.000 en 1988 lorsque l'ONU a lancé une campagne pour éliminer la maladie. Sur ces 223 cas, tous excepté six étaient au Nigeria (122), au Pakistan (58) et en Afghanistan (37). L'effort d'éradication mondiale de la polio risque d'être compromis à cause de ces derniers bastions du virus, car il pourrait de nouveau s'étendre à des pays sans polio, mais fragilisés par des systèmes de santé défaillants ou touchés par un conflit, mettent en garde ces experts.
L'OMS a regretté la violence entourant les campagnes de vaccinations au Nigeria et au Pakistan, où le vaccin est accusé par des personnalités religieuses et politiques de contenir du porc, impropre à la consommation selon l'Islam, ce qui alimente la rumeur d'un complot occidental pour stériliser les musulmans.