Découverte en 2019, la forme de démence appelée « Late » semble assez fréquente chez les octogénaires, selon le résultat d'une étude récente sur la question, jusqu'à 40 % des patients analysés. Elle est encore plus répandue chez les personnes présentant déjà la maladie d'Alzheimer.
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En 2019, les neuroscientifiques de l'université du Kentucky aux États-Unis ont découvert une forme de démence surnommée « Late » (pour Limbic-predominant Age-related TDP-43 Encephalopathy). Les symptômes sont proches de ceux de la maladie d'Alzheimer, mais leur origine est différente et encore inconnue. Une accumulation d'une forme anormale de la protéine TDP-43 à l'intérieur du cytoplasme des cellules dans les neurones est l'un des marqueurs de la maladie. Les traitements prescrits pour traiter la maladie d'Alzheimer sont inefficaces dans le cadre de Late.
Une vaste étude cliniqueétude clinique a été lancée pour estimer la prévalenceprévalence de cette maladie dans la population. Toujours en cours, elle fournit ses premiers résultats : environ 40 % des personnes âgées présenteraient cette forme de démencedémence, et plus de 50 % chez celles déjà atteintes d'Alzheimer.
40 % des patients étudiés présentent cette forme de démence
Quelque 6.000 cerveaux, sous forme de biopsiebiopsie, de données génétiquesgénétiques et cliniques, ont été analysés pour cette recherche. Les participants avaient en moyenne 88 ans et venaient des quatre coins du monde. Post-autopsieautopsie, 39,4 % des patients étaient affectés par Late, quel que soit le stade ; et 54,9 % chez ceux qui présentaient aussi des plaques séniles propres à Alzheimer. « Étant donné que les âges plus avancés sont ceux où la démence est la plus courante, les résultats de Late sont particulièrement importants. Bien qu'il existe de nombreuses différences entre les études qui sont combinées ici, de la conception aux méthodologies, elles révèlent toute l'importance de Late et suggèrent que nos conclusions seront pertinentes au-delà de tout pays ou région du monde », a déclaré Carol Brayne, professeur de santé publique à l'université de Cambridge et membre de l'équipe de recherche.
Les chercheurs souhaitent désormais poursuivre leur investigation avec des cohortescohortes plus diverses, incluant des personnes d'origine asiatique et africaine, pour vérifier que certaines populations ne sont pas plus prédisposées à la maladie.
Une nouvelle forme de démence qui ressemble à Alzheimer
Article de Céline DeluzarcheCéline Deluzarche, publié le 3 mai 2019
Des chercheurs viennent de découvrir une nouvelle forme de démence appelée « Late » dont les symptômes sont très proches de ceux de la maladie d'Alzheimer mais impliquant un mécanisme différent. Une possible explication à l'échec de tous les traitements tentés jusqu'ici pour guérir de la maladie.
De nombreux patients faussement diagnostiqués de la maladie d'Alzheimer pourraient en réalité souffrir d'une nouvelle forme de démence appelée « Late », selon une méta-étude internationale publiée le 30 avril 2019 dans la revue Brain. Cette maladie serait très répandue, puisqu'elle toucherait plus de 25 % des personnes âgées de plus de 85 ans. Les chercheurs estiment ainsi que son impact serait « aussi important qu'Alzheimer » chez les patients de grand âge.
La protéine TDP-43 en cause
Les symptômes de Late sont similaires à ceux d'Alzheimer, avec une perte de mémoire progressive évoluant vers une atteinte de toutes les activités quotidiennes. Son évolution serait toutefois moins rapide et surtout, son mécanisme complètement différent : alors que la maladie d'Alzheimer est liée à l’accumulation de plaques amyloïdes et de protéine tau dans le cerveaucerveau, Late implique la protéine TDP-43 qui apparaît sous une structure anormale lors de la maladie. Elle touche en revanche les mêmes parties du cerveau, s'étendant d'abord aux amygdales, puis à l'hippocampehippocampe et enfin, au gyrusgyrus frontalfrontal moyen.
Une prévalence 100 fois supérieure aux autres formes de démence
D'après l'OMSOMS, 60 % à 70 % de cas de démence sont attribuables à Alzheimer. Mais, selon Peter Nelson, professeur au centre Sanders-Brown à l'Université du Kentucky et principal auteur de l'étude, on a tendance à associer un peu trop rapidement toute démence à Alzheimer. « Il existe plus de 200 sortes de virusvirus du rhume, souligne le médecin, pourquoi y aurait-il une seule cause de démence ? ».
Certaines autres maladies dégénératives sont déjà bien connues, comme la maladie de Creutzfeldt-Jakobmaladie de Creutzfeldt-Jakob, la démence fronto-temporale (DFT) due à une atrophieatrophie du cerveau, ou la démence à corps de Lewycorps de Lewy. Late serait une forme bien plus courante, avec une prévalence 100 fois supérieure aux DFT, rapporte les chercheurs.
Un diagnostic définitif possible uniquement post-mortem
Il faut dire que le diagnostic de la démence, qui se définit comme une maladie neurologiquemaladie neurologique caractérisée par une altération progressive des capacités cognitives, est très difficile à établir. Les symptômes sont très variables d'un individu à l'autre, certains perdant par exemple d'abord la mémoire, d'autres le langage ou l'orientation.
La maladie se déclare plus ou moins précocement, certains étant touchés dès 40 ans, d'autres après 80 ans. Le diagnosticdiagnostic définitif ne pouvant être établi que post-mortem par une autopsie du cerveau, les médecins se fondent uniquement sur les critères symptomatiques pour établir leur conclusion.
Enfin, la concomitance de maladies neurodégératives avec d'autres problèmes liés à l'âge et la progression plus ou moins rapide viennent compliquer les choses. L'étude de Brain signale d'ailleurs que la coexistence de Late et Alzheimer est relativement courante avec, dans ce cas, un déclin cognitif accéléré.
99,6 % d’échecs des traitements contre Alzheimer
Cette découverte soulève, à la fois, un espoir mais de nouvelles interrogations. Un espoir, car cela pourrait expliquer l'échec monumental des thérapiesthérapies contre Alzheimer tentées jusqu'ici : 99,6 % des essais cliniques menés entre 2002 et 2012 ont ainsi échoué d'après les décomptes de la revue Nature.
Or, de nombreux patients ayant été recrutés pour ces essais cliniques pourraient en réalité avoir été atteints de Late, ce qui signifie que les résultats potentiellement favorables pour Alzheimer auraient été « dilués » par des malades non concernés. Mais, cela ne règle pas le problème de fond, qui est la difficulté à établir un diagnostic approprié.
Même si l'on découvrait un médicament efficace contre Late, comment savoir à qui le prescrire ? Les chercheurs appellent donc à étudier plus précisément les biomarqueurs immunologiques des démences, détectables lorsque la personne est encore vivante.