La fibromyalgie est une maladie chronique qui concerne majoritairement les femmes. Les douleurs musculaires et articulaires persistantes qui la caractérisent semblent être l'œuvre du cerveau, mais une étude récente a exploré une autre piste : celle de l'auto-immunité.


au sommaire


    Environ 2 % de la population européenne, pour la plupart des femmes, est touchée par la fibromyalgie, une maladie chronique mal connue, caractérisée par des douleurs musculaires et articulaires constantes, une fatigue générale, des troubles du sommeil, et une santé mentale fragile, sujette à l'anxiété et à la dépression. La sensation de douleur constante, aggravée par le froid, le stress ou l'humidité, est associée au dysfonctionnement des circuits de la douleur dans le cerveau et le système nerveux périphérique. Certains malades présentent aussi une dérégulation du système immunitairesystème immunitaire

    Voir aussi

    Fibromyalgie : bientôt un test sanguin pour le diagnostic ?

    Ce pendant immunologique de la fibromyalgie a intéressé des chercheurs suédois et anglais. Ils se sont demandé si des auto-anticorpsanticorps, qui s'attaquent au soi, pourraient participer à l'émergenceémergence des symptômessymptômes clés de la maladie. Ils publient les résultats de leurs expériences menées sur des souris dans The Journal Of Clinical Investigation.

    Douleurs constantes, fatigue générale, anxiété..., la fibromyalgie concerne plus les femmes que les hommes. © agenturfotograpfin, Adobe Stock
    Douleurs constantes, fatigue générale, anxiété..., la fibromyalgie concerne plus les femmes que les hommes. © agenturfotograpfin, Adobe Stock

    Transmettre la fibromyalgie aux souris

    L'hypothèse présentée dans cette publication est la suivante. Si des auto-anticorps, des IgG plus précisément, ont un rôle à jouer dans la fibromyalgie, des souris saines devraient développer les symptômes de la maladie si on leur en injecte. Elles ont donc reçu une injection de sérumsérum issu de personnes atteintes de fibromyalgie et qui contient uniquement des IgG.

    Les rongeursrongeurs ont développé les symptômes de la fibromyalgie suite à cette injection. Ils sont devenus plus sensibles au froid ou à des stimuli mécaniques, et ont perdu leur vivacité. À l'inverse, les sérums des personnes saines, ou ceux des malades dépourvus de leurs IgG, n'ont pas rendu les souris malades. 

    Le lien entre auto-anticorps et douleur

    Comment agissent ces auto-anticorps ? D'après les conclusions des auteurs, ils n'activent pas les neurones sensorielsneurones sensoriels, mais se fixent sur des cellules glialescellules gliales satellites, entre autres, localisées dans le ganglionganglion spinal des souris. Des tests in vitroin vitro ont également démontré que ces auto-anticorps peuvent aussi s'y fixer chez l'humain.

    Ainsi, les auto-anticorps isolés de patients atteints de fibromyalgie sensibilisent les récepteurs de la douleur situés dans le système nerveux périphérique. Ils deviennent hyper-réactifsréactifs aux stimuli et envoient des signaux de douleur au cerveau.

    Il n'existe actuellement aucun traitement pour soigner la cause de la fibromyalgie. La prise en charge se résume à des exercices doux et des antidépresseursantidépresseurs, mais pour beaucoup de patients cela ne fonctionne pas. Mieux comprendre l'implication de l'immunologie dans cette maladie pourrait ouvrir de nouvelles pistes thérapeutiques. Des traitements visant à diminuer la quantité d'IgG dans le sérum, comme la plasmaphérèse, pourraient améliorer la vie des malades, souvent démunis.