Les survivants du cancer pourraient-ils bénéficier d'une protection inattendue contre la maladie d'Alzheimer ? Des études récentes révèlent une corrélation intrigante entre ces deux affections redoutables. Cette découverte ouvre de nouvelles perspectives dans la compréhension et le traitement de ces maladies liées à l'âge. Plongeons dans les méandres de cette relation complexe qui fascine la communauté scientifique.
 


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    Le vieillissement de la population mondiale s'accompagne d'une augmentation des cas de cancer et de maladies neurodégénératives comme Alzheimer. Pourtant, une découverte surprenante a émergé : les personnes ayant survécu à un cancer pourraient avoir un risque réduit de développer la maladie d'Alzheimer. Cette relation inverse, observée pour la première fois il y a plusieurs décennies, a depuis été corroborée par de nombreuses études. Examinons de plus près ce phénomène intrigant et ses implications potentielles pour la recherche médicale.

    Une relation inverse confirmée par la science

    Les premières observations de ce lien inattendu remontent à plusieurs décennies. Des chercheurs d'un centre psychiatrique new-yorkais ont constaté une relation inverse entre le cancer et la maladie d'Alzheimer lors d'autopsies. Depuis, de nombreuses études ont confirmé cette tendance :

    • En 2012, une étude menée par Jane Driver à Boston a révélé une réduction de 33 % du risque de développer Alzheimer chez les survivants du cancer.
    • Plus récemment, en juillet 2023, des chercheurs de l'Imperial College de Londres ont analysé les données de santé de plus de 3 millions de personnes âgées de 60 ans et plus.
    • Leurs résultats montrent une diminution de 25 % du risque de démence liée à l'âge chez les survivants du cancer.
    Comment expliquer que les personnes ayant vaincu un cancer résistent mieux à la maladie d'Alzheimer. © Perinjo, iStock
    Comment expliquer que les personnes ayant vaincu un cancer résistent mieux à la maladie d'Alzheimer. © Perinjo, iStock

    Cette relation inverse a été observée pour les types de cancers les plus courants, tels que le cancer de la prostate, du côlon, du poumonpoumon et du sein. La professeure Erin Abner de l'Université du Kentucky souligne : « La relation entre le cancer et la maladie d'Alzheimermaladie d'Alzheimer est très intrigante et persistante. Malgré les tentatives d'expliquer autrement cette association inverse, elle continue d'apparaître, même après prise en compte des facteurs de confusion ».

    Un phénomène bidirectionnel

    L'aspect le plus fascinant de cette relation est sa bidirectionnalité. Non seulement les survivants du cancer ont un risque réduit de développer Alzheimer, mais les personnes atteintes d'Alzheimer semblent également moins susceptibles de développer un cancer. Des études menées en Italie et en Corée du Sud ont confirmé cette tendance :

    Groupe

    Risque réduit

    Survivants du cancer

    25-33 % moins de risque d'Alzheimer

    Patients Alzheimer

    37 % moins de risque de cancer

    Cette bidirectionnalité suggère l'existence de mécanismes biologiques sous-jacents influençant ces deux groupes de maladies de manière opposée. Les chercheurs de l'Imperial College ont identifié un profil génétique prédisant un risque accru de cancer, mais associé à un risque plus faible de démence.

    Hypothèses et perspectives de recherche

    Plusieurs hypothèses ont été avancées pour expliquer ce phénomène :

    1. Impact des traitements anticancéreuxanticancéreux : la chimiothérapie pourrait protéger les neuronesneurones en supprimant l'inflammationinflammation, un processus central dans le développement d'Alzheimer.
    2. Facteurs génétiquesgénétiques : des gènesgènes impliqués dans la régénération tissulaire pourraient jouer un rôle clé.
    3. Dysfonctionnement mitochondrial : les mitochondriesmitochondries, centrales énergétiques des cellules, pourraient être un lien crucial entre cancer et neurodégénérescence.

    Ces découvertes ouvrent de nouvelles pistes de recherche. Comme le souligne Elio Riboli de l'Imperial College : « Vous ouvrez une fenêtrefenêtre et soudain, vous voyez un nouvel horizon ». Comprendre les mécanismes moléculaires opérant inversement dans le cancer et la neurodégénérescence pourrait éclairer de nouvelles voies pour prévenir ou traiter ces affections.

    Défis et perspectives futures

    Malgré ces avancées prometteuses, de nombreuses questions subsistent. La complexité et la diversité des cancers et des démences compliquent l'analyse. De plus, la longue période de latencelatence entre le développement de la pathologiepathologie et l'apparition des symptômessymptômes, tant pour le cancer que pour Alzheimer, soulève des interrogations sur la chronologie de cette relation inverse.

    Bien que ces découvertes n'aient pas encore d'implications pratiques immédiates, elles offrent un espoir pour l'avenir. Comme le note Erin Abner : « Cela peut être un petit réconfort pour les survivants du cancer, sachant que quelque chose pourrait être un peu plus facile pour eux à l'avenir ». Ces recherches pourraient ultimement conduire à de nouvelles approches pour prévenir et traiter ces maladies redoutables liées à l'âge.