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Le bisphénol A est un composé chimique présent dans des produits en contact avec des aliments, mais pas en France depuis le 1er janvier 2015. © Edgar181, Wikimedia Commons, DP
Le bisphénol A (BPA) est un composé chimique présent dans des matériaux en contact avec des aliments comme la vaisselle réutilisable, les revêtements de boîtes de conserve ou les canettes. On le trouve aussi dans le papier thermique des tickets de caisse ou dans des cosmétiques. Présent dans des emballages alimentaires, il peut se retrouver dans des aliments et être absorbé par les consommateurs. Or, il s'agit d'un perturbateur endocrinien suspecté d'avoir des conséquences sur le système reproducteur et le métabolisme.
Récemment, les experts de l'EFSAEFSA ont réexaminé la toxicité de ce composé, grâce aux nouvelles données scientifiques disponibles, comme l'explique Trine Husøy, présidente du groupe de travail sur le bisphénol Abisphénol A : « Le groupe scientifique a décidé de réévaluer la sécurité du BPA suite à la publication d'un très grand nombre de nouvelles études ces dernières années ».
Dans le communiqué de presse de l'EFSA, qui date du 21 janvier, l'autorité affirme que le bisphénol A ne présenterait pas de risque pour la santé des consommateurs, quel que soit leur âge. Mais en même temps, les experts décident de réduire considérablement le niveau auquel le bisphénol A serait sans danger, en passant de 50 µg par kgkg de poids corporel par jour à seulement 4. Ils soulignent que cette dose journalière tolérabledose journalière tolérable est fixée de manière provisoire, en attendant les résultats d'une étude à long terme sur des rats.
L’EFSA est l’autorité européenne de sécurité des aliments. Son siège se trouve à Parme en Italie. © Laura Garimberti, Wikimedia Commons, CC by-sa 3.0
Le bisphénol A interdit dans les contenants alimentaires en France
Plus précisément, les experts ont conclu que de hautes doses, de plusieurs centaines de fois supérieures aux doses journalières tolérables, pouvaient avoir des effets indésirables sur les reins et le foie, voire la glandeglande mammaire. Mais pour le reste, ils ne se prononcent pas : « Les effets sur les systèmes reproductif, nerveux, immunitaire, métabolique et cardiovasculaire, ainsi que les effets sur le développement du cancercancer sont actuellement considérés comme improbables mais, sur la base des preuves disponibles, il n'a toutefois pas été possible de les exclure totalement », explique Trine Husøy.
En France, la ministre de l'ÉcologieÉcologie, Ségolène Royal, s'est dite très surprise et s'interroge sur le rôle d'éventuels lobbies. Le rapport est en effet publié au moment où entre en vigueur en France l'interdiction du bisphénol A pour les contenants alimentaires. Rappelons que le bisphénol A est interdit dans les biberons européens depuis 2011.
Cette annonce intervient aussi en même temps qu'est publiée dans la revue Endocrinology une nouvelle étude sur les effets de l'exposition au bisphénol A pendant la grossessegrossesse. Dans cet article, des chercheurs de l'université du Michigan ont analysé les échantillons sanguins de femmes enceintes et de cordons ombilicaux. Résultat : le stress oxydatifstress oxydatif est plus important chez les femmes les plus exposées au bisphénol A. Comme le stress oxydatif est impliqué dans de nombreuses maladies, comme les maladies cardiovasculairesmaladies cardiovasculaires, les cancers, l'insulino-résistanceinsulino-résistance ou l'inflammationinflammation, les auteurs suggèrent un risque augmenté de maladies chez la mère et l'enfant. Enfin, une étude française récente a montré que le bisphénol F et le bisphénol S ne devraient pas être utilisés pour remplacer le bisphénol A car ils pourraient avoir des effets nocifs comparables...