Les cas de chats infectés par la grippe aviaire se multiplient. Des cas graves qui entraînent souvent la mort. Les chercheurs sont d’autant plus inquiets qu’ils craignent aujourd’hui des adaptations du virus qui lui permettrait de sauter des chats… à leurs compagnons humains.


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    Le virus hautement pathogène de la grippe aviaire H5N1 a fait son apparition en Chine en 1996. Au fil des années, il s'est diversifié. Celui que les scientifiques identifient comme le cladeclade 2.3.4.4.b a désormais infecté une quantité d'espècesespèces d'oiseaux, mais aussi, une vingtaine d'espèces de mammifèresmammifères. Y compris des humains.

    Les scientifiques s'inquiètent aujourd'hui non seulement de la capacité que semble avoir ce virus à muter pour infecter toujours plus d'individus. Mais aussi de symptômes neurologiques qui ont pu être observés chez divers hôtes : des lions de merlions de mer ou des renards et des chats domestiques.

    Rappelons d'abord que le premier cas de grippe aviaire H5N1 a été déclaré chez un chat dès 2004. Au début de l'été, des vétérinaires de l’université du Maryland (États-Unis) alertaient même sur une « augmentation drastique des signalements d'infections de chats domestiques » depuis 2023. Un signe de plus qui montrait que le virus était en train de changer. Par ailleurs, de plus en plus de cas de chats ayant contracté la grippe aviaire auprès d'autres chats ont été signalés.

    Des symptômes neurologiques graves chez des chats atteints de grippe aviaire

    C'est dans ce contexte que des chercheurs de l'Université de Pittsburgh (États-Unis) se sont intéressés à une grave épidémieépidémie survenue dans le Dakota du Sud au printemps dernier. Une dizaine de chats étaient morts après avoir contracté le virus de la grippevirus de la grippe aviaire. Et dans la revue Emerging Microbes & Infections, les chercheurs racontent comment ils ont mené une batterie d'analyses sur deux de ces chats déclarés morts après avoir présenté des symptômes de grippe aviaire, à la fois respiratoires et neurologiques.

    Histopathologie, phylogénétiquephylogénétique, séquençageséquençage du génomegénome entier. Rien n'a été laissé au hasard. Les analyses confirment la présence du clade 2.3.4.4.b de H5N1 dans les poumonspoumons, mais aussi dans le cerveau des chats infectés. La charge viralecharge virale y était même largement plus importante que dans leurs tissus respiratoires. Avec pour conséquence, des lésions importantes, surtout dans le cerveletcervelet et l'hippocampehippocampe, et la mort de cellules nerveuses dans des régions critiques.

    Le saviez-vous ?

    Le taux de mortalité de la souche actuelle de H5N1 chez les chats est d’environ 67 %.

    Les chercheurs rapportent que le virus identifié chez ces chats présente une certaine proximité avec celui découvert chez les vaches laitières du Dakota du Sud. De quoi confirmer la possibilité d'une transmission de vachesvaches à chats. Toutefois, des adaptations propres aux chats ont également été identifiées. Les chats étudiés ont démontré une co-expression de récepteurs d'acideacide sialique - ceux qui permettent au virus de pénétrer dans les cellules - dans leurs tissus pulmonaires et cérébraux, compatibles aussi bien avec le virus de la grippe aviaire qu'avec celui de la grippe humaine. Ainsi, les chercheurs craignent que les chats puissent servir d'hôtes à un réassortiment entre ces virus et, ainsi, faciliter l'émergenceémergence de nouvelles souches capables de se transmettre entre espèces et de contaminer ainsi les humains.

    La grippe aviaire, du chat à l’humain ?

    Par le passé, des cas de transmission de virus de la grippe aviaire du chat à l'humain ont été rapportés. Cependant, pour l'heure, aucune infection humaine à partir du virus de la grippe aviaire H5N1 porté par le chat n'a été signalée. Mais les chercheurs estiment que tout devrait désormais être fait pour éviter que des chats risquent de se retrouver porteurs simultanément du virus aviaire et du virus mammifère. Car nul ne sait quelles mutations pourraient alors intervenir.

    Pour atténuer ces risques - et protéger vos chats aussi -, les scientifiques dispensent quelques conseils :

    • dans des zones où des épidémies de H5N1 ont été signalées, gardez les chats à l'intérieur pour éviter les expositions ;
    • réduisez les interactions entre vos chats et les animaux sauvages, comme les oiseaux ou les petits mammifères parce qu'ils peuvent leur transmettre le virus ;
    • assurez-vous que les chats ne consomment pas de viande ou de lait crus, car ces produits aussi peuvent héberger le virus.