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Dans l'ADN, il pourrait y avoir des variations génétiques appelées VNC, susceptibles d'allonger ou de raccourcir l'espérance de vie. Qu'en sait-on ? Pour le moment pas grand-chose car cette piste est suivie depuis peu. © Ynse, Wikipédia, cc by sa 2.0
Notre durée de vie est partiellement contenue dans nos gènes. Si l'environnement, à travers l'exposition aux polluants, aux pathogènes, à l'alimentation et aux conditions de vie, influe sur la longueur de notre existence, des études réalisées sur des membres de la même famille ont révélé que l'ADN avait également de l'influence.
Les scientifiques partent donc en quête de ces fragments chromosomiques qui pourraient faire de nous tous des centenaires. Trouveront-ils le gène de jouvence ? Quelques-uns ont d'ores et déjà été identifiés chez l'animal mais les analyses menées chez l'Homme s'avèrent moins concluantes.
Le terrain est encore en friche et il reste beaucoup à découvrir sur la question. La preuve avec cette recherche pionnière à grande échelle, dirigée par Hakon Hakonarson, du Children's Hospital de Philadelphie (États-Unis) : l'étude compare des altérations génétiques particulières chez des individus jeunes et chez des personnes âgées, afin de déterminer lesquelles seraient néfastes et lesquelles seraient bénéfiques.
Des VNC desquelles dépend la survie
Ces altérations sont des variations du nombre de copies (VNCVNC) d'un gène. Lors de processus cellulaires, certains fragments d'ADN sont parfois dupliqués et viennent s'insérer dans un autre endroit du génomegénome. Des changements qui peuvent être néfastes pour l'individu, sans effet ou bien encore bénéfiques.
L'étude, publiée dans Plos One, vise à comparer les VNC retrouvées chez 7.313 jeunes Américains de 18 ans ou moins avec celles constatées chez 2.701 Islandais de 67 ans ou plus. L'idée est la suivante : les altérations communes à l'essentiel des personnes âgées doivent conférer une protection contre les maladies puisqu'ils ont traversé les âges. En revanche, les VNC qui accroissent les risques d'occurrences de maladies graves doivent être visibles chez certains enfants mais pas chez les seniors.
La génétique étant partiellement impliquée dans l'espérance de vie, les seniors ne disposent pas des mutations ou des altérations génétiques qui impliquent de mourir jeune. En revanche, les enfants peuvent en être porteurs. En comparant les génomes des différentes générations, les scientifiques espèrent découvrir quelles VNC sont nocives. © Chay, StockFreeImages.com
Après des analyses statistiques, des recoupements et des comparaisons, les auteurs ont relevé sept VNC particulières. Trois d'entre elles consistent en des délétionsdélétions génétiques, les quatre autres sont le fruit de duplications.
Un nouveau pas vers l’amélioration de la médecine prédictive
Curieusement, une grande partie des gènes impliqués par ces altérations génétiques semblent en lien avec l'épissageépissage alternatif. Il s'agit d'un processus biologique complexe qui permet d'exprimer plusieurs protéinesprotéines à partir d'un même fragment d'ADN initial. Ce mécanisme courant a des répercussions sur la vie et le devenir de la cellule.
Ainsi, ces VNC, ainsi que d'autres variations génétiques, pourraient interférer avec des voies de signalisation ou des réseaux de gènes régulant des fonctions biologiques fondamentales. Certaines pourraient déboucher sur des avantages du point de vue de l'espérance de vie, tandis que d'autres favoriseraient les risques d'apparition de troubles.
Les chercheurs souhaitent désormais établir le catalogue des altérations néfastes afin de les détecter dans les génomes des enfants et prévenir ainsi l'apparition de maladies. Un projet ambitieux qui relève de la science-fiction car la médecine prédictive est encore loin d'être au point. Au fil des découvertes de ces dernières années, les gènes perdent un peu de leur superbe. Ainsi, ce qu'on appelait l'ADN poubelle, car non traduit en protéines, révèle peu à peu la prépondérance de son rôle. D'un autre côté, les avancées en épigénétique (la façon dont les gènes sont régulés) démontrent que la seule présence d'une région néfaste dans le génome d'une cellule est négligeable si elle n'est pas traduite. Conclusion : nous ne sommes pas encore prêts à anticiper toutes les maladies...