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Le tube digestif est le réservoir d'un grand nombre de bactéries. On y trouve en effet plus de 500 espèces différentes. La composition de la flore intestinale pourrait influencer les mouvements migratoires. Les bactéries seraient-elles responsables des flux routiers estivaux ? © adonofrio, Flickr, cc by sa 2.0
1er avril : cet article appartient bien sûr à la noble tradition du poissonpoisson d'avril, découvrez les dessous de l'actu décortiquée.
Les bactéries sont partout : dans l'airair que nous respirons, dans les aliments que nous consommons et sur les surfaces que nous touchons. On en trouve même dans la mer Morte et dans les sources chaudessources chaudes sous-marines. On ne peut tout simplement pas leur échapper !
Ces micro-organismes affectionnent tout particulièrement notre système digestif, où ils trouvent chaleurchaleur et nourriture. En effet, notre corps abrite plus de 500 espècesespèces de bactéries différentes. Cela représente environ 100.000 milliards de cellules, soit dix fois plus que de cellules humaines ! Il a même été évalué qu'un seul gène sur 100 nous appartenait : 99 % des gènes de notre corps seraient donc d'origine bactérienne... De quoi nous faire réfléchir sur la notion d'identité.
Les souris sont largement utilisées dans les laboratoires de recherche. Des chercheurs ont notamment observé un changement de leur personnalité avec une flore intestinale modifiée. © Rama, Wikimedia Commons, cc by sa 3.0
Cette flore intestinale, ou microbiote, a un rôle bien connu dans la digestion. Une équipe de recherche néerlandaise de l'université de Delft est allée plus loin : le microbiotemicrobiote intervient-il dans nos comportements ? Les résultats seront présentés aujourd'hui lors du congrès international de l'American Society for Microbiology (ASM). Cette étude se base sur des travaux antérieurs réalisés sur des souris. Des chercheurs avaient pu changer la personnalité de souris en leur greffant une nouvelle flore intestinale. Les souris devenaient alors beaucoup plus aventureuses, et essayaient même de sortir de leur cage.
La flore intestinale contrôle les émotions
Les chercheurs néerlandais ont souhaité pousser l'étude un peu plus loin. Ils ont tout d'abord « échangé » la flore intestinale de souris timides avec celle de rats aventureux. Les résultats sont bluffants : alors qu'en temps normal, les souris sont effrayées par les rats, le contraire se produit en échangeant leur microbiote ! Selon Anete Aprilsfool, directrice de l'étude, « nous avons réussi à dépasser la barrière entre les espèces en interchangeant les flores intestinales. Ce résultat remet en question toutes les données actuelles sur la notion d'identité. » Encore plus impressionnant, les auteurs ont réalisé la même expérience, mais en utilisant cette fois des souris et des chats. Même résultat : les chats se sont enfuis devant les rongeursrongeurs téméraires...
Cette étude met en évidence le rôle primordial joué par les bactéries intestinales : elles sembleraient contrôler les émotions chez différents mammifèresmammifères. Mais qu'en est-il des hommes ? Pour apporter certains éléments de réponse, les auteurs de ces travaux ont récolté des échantillons fécaux de plus de 300.000 personnes sur deux années. Les participants ont également dû répondre à des questions relatives à leur besoin d'évasion et à leurs dépenses quotidiennes. Les résultats sont surprenants : même si la composition de la flore intestinale peut différer d'un humain à l'autre, il existe des types spécifiques de flores intestinales en fonction du mode de vie. Les personnes qui voyagent beaucoup portent une majorité de Bacteroides, alors que les personnes plus sédentaires présentent principalement des Prevotella. Y aurait-il des bactéries plus aventureuses que d'autres ?
Au chapitre des dépenses, les auteurs montrent que les personnes portant une majorité de Ruminoccus auraient une tendance à l'endettement. Selon Jaan Duped, l'un des collaborateurs, « ces résultats mettent en lumièrelumière le rôle prépondérant joué par les bactéries. Non seulement elles sont capables de se développer n'importe où, mais en plus elles contrôleraient nos comportements. » Les bactéries seraient-elles responsables de la crise économique mondiale ? De nombreuses études restent à mener pour en être sûr, mais ces premiers résultats tendent à le montrer.