Jusqu’à présent limité à l’Afrique de l’Est, le virus de Marburg vient de faire son apparition en Guinée. Une équipe de l’OMS a été dépêchée sur place pour aider les autorités à endiguer immédiatement l’épidémie de cette maladie apparentée à Ebola et particulièrement virulente.
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À peine deux mois après avoir déclaré la fin de l’épidémie d’Ebola, qui avait touché seize personnes dont onze étaient décédées en début d'année, la Guinée est maintenant confrontée à un autre virus de la même famille, le virus de Marburg. Des analyses sur des échantillons prélevés chez le patient, aujourd'hui décédé, se sont révélées positives au virus, indique l'Organisation mondiale de la SantéOrganisation mondiale de la Santé (OMS) dans un communiqué. L'organisation appelle à « enrayer dès maintenant » l'épidémie « afin d'éviter que la propagation du virus de Marburg n'atteigne un rythme fulgurant ». Le virus de Marburg est en effet très contagieuxcontagieux ; il se transmet, comme Ebola, au contact de fluides corporels ou des surfaces et matériaux souillés.
Le saviez-vous ?
Le virus de Marburg a été identifié pour la première fois en 1967 en Allemagne et en Serbie (le virus tire d’ailleurs son nom de la ville de Marburg, située au nord de Francfort, en Allemagne). Son apparition serait liée à des travaux de laboratoire sur des singes africains importés d’Ouganda. Il appartient comme le virus Ebola à la famille des filoviridés (filovirus), et présente des caractéristiques et symptômes très similaires : fièvre élevée, maux de tête violents, malaise, diarrhée, vomissements, crampes abdominales.
De nombreux patients développent des hémorragies sévères entre le cinquième et le septième jour, avec des saignements de nez, des gencives ou du vagin. La mortalité est élevée (24 à 88 % selon les souches) avec un décès intervenant 8 à 9 jours après l’apparition des symptômes et précédé d’une perte de sang abondante.
À la recherche de la source de contamination
Si l'OMS juge « élevée » la menace au niveau national et régional, cette dernière reste encore « faible » au niveau international. Le cas a été détecté dans la préfecture de Guéckédou, au sud du pays, dans un village situé dans une région forestière proche des frontières avec la Sierra Leone et le Liberia. Ce qui fait craindre que l'épidémie ne se propage au-delà des frontières. L'OMS a dépêché une équipe de dix experts pour fournir un appui aux autorités locales.
Trois membres de la famille du patient décédé et un membre du personnel médical ont été identifiés comme contacts à haut risque et leur santé est surveillée, tandis que des enquêtes sont en cours pour trouver d'éventuels autres cas contacts et remonter la source de l'infection, rapporte l'AFP. On peut supposer que cette source provient d'un contact avec une chauve-sourischauve-souris infectée qui est le principal réservoir de la maladie.
Virus de Marburg : 590 cas détectés dans le monde jusqu’à présent
Des cas sporadiques de fièvre hémorragique de Marburgfièvre hémorragique de Marburg sont régulièrement enregistrés en Afrique de l'Ouest, les trois derniers remontant à 2017 en Ouganda. Les deux principales épidémies ont frappé la République démocratique du Congo entre 1998 et 2000 et l'Angola en 2005, avec respectivement 154 et 374 cas.
“Il n’existe aucun vaccin ni traitement approuvé pour le virus de Marburg”
Contrairement à Ebola, il n'existe aucun vaccin ni traitement approuvé pour le virus de Marburg, mais plusieurs traitements à base de produits sanguins, de thérapies immunitaires et des médicaments sont en cours de développement, indique l'OMS.
Au début de l'année, la Guinée était parvenue à endiguer efficacement l'épidémie d'Ebola. 24.000 doses vaccins avaient notamment été envoyées dans le pays pour soutenir la vaccinationvaccination de 11.000 personnes à haut risque, dont plus de 2.800 travailleurs en première ligne. Néanmoins, l'efficacité de ce vaccin est très variable selon les souches et des cas ressurgissent régulièrement. Jusqu'ici relativement épargnée par le coronaviruscoronavirus, la Guinée connaît également une troisième vaguevague de Covid-19Covid-19 fulgurante avec une multiplication par 20 du nombre de cas depuis le 20 juillet 2021.
La fièvre de Marburg : un virus meurtrier qui gagne du terrain en Angola
Article de Caroline LepageCaroline Lepage publié le 08 avril 2005
Un virus meurtrier de la famille du virus Ebola se propage en ce moment même dans le nord de l'Angola en Afrique. L'épidémie a démarré en octobre 2004, mais c'est seulement à la fin du mois dernier que le virus de Marburg a été identifié. A ce jour, sur les 175 cas recensés, 155 personnes sont décédées...
Tout a commencé à Uige, en Angola près de la frontière avec la République Démocratique du Congo en octobre dernier. On était alors loin de se douter que ce mal sournois n'était autre que le terrible virus de Marburg, découvert en 1967. Rare, il compte parmi les plus virulents qui affectent l'espèceespèce humaine, à l'image du terrible virus Ebola... Après une période d'incubation de 3 à 9 jours, la fièvre de Marburg se traduit dans un premier temps chez le patient par de la fièvre, de sévères maux de tête, des malaises, puis rapidement de graves hémorragies, le plus souvent fatales. Il n'existe aucun vaccin, ni aucun traitement spécifique à l'heure actuelle. On ignore même d'où provient le virus : singes, chauves-souris, rongeursrongeurs... qui est le porteur initial ? Et comment le transmet-il à l'homme ?
Seule certitude : il infecte les cellules des parois des vaisseaux sanguins, ainsi qu'un groupe de cellules immunitaires. Pour ce qui est de la transmission d'un individu à l'autre, elle se fait assez classiquement par les différentes sécrétionssécrétions (sueur, toux, éternuements, liquideliquide hémorragique, diarrhéediarrhée, etc.). La dernière grosse épidémie de fièvre hémorragique de Marburg avait eu lieu au Congo entre 1998 et 2000. Elle avait infecté plus de 150 personnes. Aujourd'hui, la nouvelle 'vague meurtrière' inquiète les spécialistes car les chiffres révèlent un taux de mortalité inhabituel, supérieur à 90%, pour cette pathologiepathologie qui tue généralement 25 à 30% des individus affectés. « L'épidémie n'est pas encore sous contrôle en termes de contagion, car des gens sont peut-être en incubation. Nous pouvons avoir des surprises » a indiqué Mario Ferrari, le directeur pour l'Angola de l'Unicef, à l'AFP.
Devant la gravitégravité de la situation, la France vient d'ailleurs de débloquer 110 000 euros pour participer à la lutte contre ce virus... Si l'épicentreépicentre de l'épidémie (Uige) a été parfaitement identifié, la fièvre hémorragique continue à se propager : provinces de Luanda, Cabinda, Malange et Kuanza Norte. L'Organisation Mondiale de la Santé est déjà sur le terrain pour tenter de gérer la situation, avec d'autres organisations telles que Médecins Sans Frontières. Quant au CDC (Center for Disease ControlCenter for Disease Control), c'est lui qui a identifié le virus... Il s'agit à présent d'agir au plus vite pour stopper la contagion, former le personnel soignant aux consignes de sécurité les plus strictes, aménager des structures pour recevoir et isoler les patients du reste de la population, informer -sans l'affoler- le public sur les règles d'hygiène à respecter. La tâche est colossale mais vitale pour enrayer une telle épidémie !