Des scientifiques français ont découvert que vers -4 500 ans, le génome humain a connu de grands bouleversements, notamment dans les gènes qui nous protègent des maladies infectieuses ! 


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    Depuis toujours, les humains sont en contact avec des micro-organismes parfois pathogènes. Ces interactions ont forcé le génome humain à s'adapter pour se défendre. Selon des chercheurs français, dirigés par Lluis Quintana-Murci, titulaire de la chaire génomique humaine et évolution au Collège de France, l'Âge du bronzeÂge du bronze (-3300 à -1200 avant J.-C.) fut un moment décisif où notre génome a renforcé ses défenses immunitaires. À cette époque, les sociétés humaines ont connu de profonds changements qui auraient favorisé la circulation des maladies infectieuses. Mais d'autres changements génétiques ont eu des conséquences négatives. 

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    L'adaptation aux pathogènes durant l'Âge du bronze

    Les scientifiques ont remonté le temps grâce à 2 879 génomes issus d'individus ayant vécu en Europe au cours des 10 000 dernières années pour comprendre comment les pathogènes ont modelé notre génome. Il apparaît que vers 4 500 ans avant notre ère, ce qui correspond au début de l'Âge du bronze, les gènes impliqués dans la relation hôte-pathogène se sont grandement adaptés en accumulant des mutations qui se sont peu à peu disséminées dans la population.

    Ces mutations ont eu des effets immédiats dans les défenses immunitaires humaines. Par exemple, la lignée leucocytaire, qui comprend tous les globules blancsglobules blancs, a connu un changement dans sa composition. La population de granulocyte éosinophilegranulocyte éosinophile a diminué en faveur de celle des neutrophilesneutrophiles. Au-delà des cellules immunitaires, les globules rougesglobules rouges ont également acquis des mutations qui augmentent leur efficacité, leur taille et la quantité d'hémoglobinehémoglobine qu'ils transportent. Au total, cette évolution « positive » s'est concentrée sur 89 gènes impliqués dans l'immunité innéeimmunité innée.

    Selon les scientifiques, l'expansion des communautés humaines, la mobilité et des changements environnementaux auraient favorisé la propagation de ces mutations chez les humains. Mais ces dernières n'ont pas eu que des effets positifs, certaines mutations dans les gènes de l'immunité ont eu un effet « négatif » en favorisant les maladies infectieuses.

    Les interactions avec les pathogènes forcent le génome à évoluer. © sasun Bughdaryan, Adobe Stock
    Les interactions avec les pathogènes forcent le génome à évoluer. © sasun Bughdaryan, Adobe Stock

    Le revers de la médaille

    En effet, l'apparition des mutations semble aussi être liée à une augmentation de l'incidenceincidence des maladies gastrogastro-intestinales inflammatoires à partir du début de l'Âge du bronze. De plus, certaines mutations sont aussi un facteur de risquefacteur de risque pour la maladie de Crohnmaladie de Crohn et les maladies inflammatoires intestinales en général. « Ces résultats suggèrent que le risque de troubles inflammatoires a augmenté chez les Européens depuis le Néolithique en raison d'une sélection positive de mutations permettant de mieux résister aux maladies infectieuses », explique Lluis Quintana-Murc dans un communiqué de presse.

    La sélection naturellesélection naturelle des gènes impliqués dans la défense contre les pathogènes, commencée il y a 10 000 ans, pourrait encore avoir des conséquences aujourd'hui et expliquer en partie des disparités dans les réactions immunitaires ou la sensibilité aux maladies auto-immunesmaladies auto-immunes. Néanmoins, sur ce point, les scientifiques précisent dans leur étude parue dans Cell Genomics que leur travail ne permet pas de prédire le véritable risque génétique de contracter une maladie dans ces sociétés anciennes.