Une poitrine trop volumineuse peut être une gêne considérable dans la vie quotidienne des femmes contemporaines. Elles souhaitent s’affranchir d’un soutien-gorge de contention rigide et oppressant, et désirent une symétrie agréable mais aussi une poitrine qui ne tombe pas. C’est d’ailleurs pour préserver la colonne vertébrale que la Sécurité sociale accepte la prise en charge des opérations de réduction mammaire à partir du moment où le chirurgien parvient à enlever 300 grammes de tissus glandulaires, et graisseux de chaque côté. Comment parvenir à ce résultat au prix de cicatrices minimes et avec une forme stimulante ?


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    Dans le domaine de la réduction de la poitrine féminine, il y a deux éléments qui sont importants à considérer et cette très ancienne opération a été considérablement renouvelée sur le plan technique :

    • la sécurité et la survie de la glande mammaire préservée ont été obtenues presque dans 100 % des cas ;
    • la longueur et l'importance des cicatrices résiduelles ont été diminuées au maximum, plutôt en réduisant la composante horizontale sous mammaire de la cicatrice.

    Ces éléments, qui ont fait la différence au cours de ces 30 dernières années dans les méthodes chirurgicales du traitement de l'hypertrophiehypertrophie mammaire, concernent aussi les grandes asymétries mammaires. Il est nécessaire de signaler que ces techniques de la réduction des seins ont été appliquées pour le traitement du sein sain lorsqu'il s'agit de traiter un cancer du sein d'un côté avec une nécessité de symétrisation controlatérale.

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    Il n'en reste pas moins que la préparation à l'opération et les différents éléments qui concernent la période péri-opératoire, puis le suivi de l'intervention ne peuvent pas être ignorés par les patientes. D'ailleurs, la consultation préopératoire a pour but justement de répondre aux interrogations légitimes des femmes qui vont être opérées.

    Les professionnels ont-ils changé d'avis en ce qui concerne l'âge idéal pour se faire opérer ?

    La réponse est « oui » car, actuellement, on admet que l'hypertrophie mammaire sous forme de gigantomastie est un fort argument pour opérer les patientes très tôt, presque en période post-pubertaire ; en effet, le soulagement apporté par la réduction mammaire et la symétrisation des seins, corrigeant même parfois quelques malformationsmalformations telles que les seins tubéreux, présente un immense intérêt pour la patiente aussi bien au niveau physiquephysique que psychologique ! Ainsi, les activités sportives redeviennent possibles et une meilleure assurance de soi apparaît au moment de pratiquer des activités sociales, tout en préservant la sécurité de l'opération et la possibilité d'un allaitement ultérieur.

    En quoi les techniques de réduction mammaire ont-elles évolué ?

    Il s'agit surtout de préserver la sécurité de cicatrisation de la glande mammaire et de la peau, mais aussi de diminuer la longueur et l'importance des cicatrices. Les chirurgiens modernes ont sous l'impulsion d'un collègue de Nice, le docteur Claude Lassus, privilégié la réduction mammaire par une plus longue cicatrice verticale sous l'aréolearéole pour essayer d'éviter la cicatrice horizontale.

    Technique Bouddha. © Dr Mitz, tous droits réservés
    Technique Bouddha. © Dr Mitz, tous droits réservés

    Cette technique a été aussi modifiée par nous-mêmes (technique de la « queue de poissonpoisson » et aussi selon le dessin original technique Bouddha), et aussi par Rami Selinger qui est l'apôtre de la « technique Bamaco ».

    Technique de la queue de poisson. © Dr Mitz, tous droits réservés
    Technique de la queue de poisson. © Dr Mitz, tous droits réservés

    Selon ces techniques, on réduit à presque rien la cicatrice horizontale (celle qui était autrefois la plus visible et la plus laide, et qui barrait le thorax horizontalement). Il demeurera une cicatrice de quelques centimètres et parfois presque rien. Tout cela avec pourtant une forme très satisfaisante et beaucoup plus érotique qu'autrefois, car on évite le sein plat qui était à la mode dans les années 1960-1970.

    Quel est le risque d'une récidive de l'hypertrophie mammaire ?

    Ce risque n'est pas nul, je l'ai vu survenir personnellement dans environ 5 % des cas, ayant suivi des patientes pendant 40 ans après l'opération réussie. Dans d'autres cas, les seins ont diminué considérablement, ce qui a même exceptionnellement imposé la remise en place de prothèses mammaires !

    Mais, le plus souvent, le résultat a été stable. Dans moins de 10 % des cas effectivement, il existe une possibilité de récidiverécidive de l'hypertrophie mammaire au moment de la ménopause ou lorsqu'il existe une prise de poids considérable. D'ailleurs, dans ces cas une simple liposuccionliposuccion de retouche au niveau des seins peut permettre parfois d'obtenir un bon résultat.

    Qu'en est-il du risque cancérigène après une opération de réduction mammaire ?

    Il n'y a pas de risque cancérigène après une opération de réduction mammaire standard.

    La réduction des seins permet même dans certains cas d'enlever un cancer du sein qui n'était pas apparent. Ce diagnosticdiagnostic est alors affirmé par l'examen au microscopemicroscope, toutes les pièces anatomiques que l'on retire doivent être analysées par un laboratoire spécialisé dans l'anatomo-pathologiepathologie. En tant que chirurgien, on se dit que l'on a rendu service à la patiente par cette opération qui a permis d'enlever un cancer qui était invisible sur les radiographiesradiographies et qui n'avait pas de signes cliniques évidents.

    L'étude de toutes les patientes opérées d'une plastie mammaire de réduction montre qu'il n'y a pas d'augmentation du risque cancérigène par cette opération, c'est pourquoi elle est très souvent pratiquée également pour symétriser le sein restant trop gros, lorsqu'une femme a présenté un cancer du seincancer du sein d'un côté, car la demande d'avoir une poitrine symétrique est tout à fait légitime et est en général acceptée, et prise en charge par la Sécurité sociale dans le cadre du traitement du cancer du sein chirurgical.

    Quel est le bénéfice principal de la réduction mammaire ?

    L'immense majorité des patientes (pratiquement 95 % d'entre elles) signale que leur vie quotidienne a été très améliorée aussi bien au niveau des douleursdouleurs qu'elles peuvent éprouver au niveau de l'axe rachidien (qui est soulagé par la diminution du poids des glandes mammaires), et également au niveau psychologique : car le fait de diminuer la poitrine, mais aussi surtout de la remonter pour traiter une ptose qui est le plus souvent associée à l'hypertrophie mammaire, constitue un élément de bien-être, maintenant prouvé scientifiquement.

    Existe-t-il des techniques alternatives à la réduction chirurgicale des seins sans bistouri ?

    Très franchement, la réponse est « non » car malheureusement nous ne disposons d'aucune technique médicale (rayonnement par laserlaser, ultra-fréquence, ultrasonsultrasons, etc.) qui permette une diminution de la poitrine sans cicatrice.

    Il y a toutefois une possibilité de réduire les seins par liposuccion, qu'il ne faut pas négliger lorsque la radiographie montre que l'hypertrophie mammaire est essentiellement constituée de tissu graisseux avec peu de glandes denses. La méthode de liposuccion permet de retirer environ 400 à 500 grammes de tissu graisseux au niveau des seins et ce au travers de toutes petites cicatrices qui ne vont donc pas perturber l'esthétique de la patiente !