L’annonce du remboursement des protections périodiques réutilisables dès 2024 est une réelle avancée pour ce sujet de santé publique, même s’il reste du chemin à parcourir sur l'état de la précarité menstruelle en France.
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Juste avant la Journée internationale des droits des femmes, la Première ministre Élisabeth Borne a annoncé, sur le plateau de l'émissionémission C à vous sur France 5, le remboursement des protections périodiques réutilisables dès 2024 pour les moins de 25 ans. Cette décision fait suite à une enquête réalisée par OpinionWay avec l’association Règles élémentaires sur l'état de la précarité menstruelle en France en 2023, qui a doublé en 2 ans avec, désormais, 4 millions de femmes qui déclarent avoir des difficultés à se fournir en protections périodiques.
Répondre à l'urgence de 1 million de jeunes femmes
« Nous nous réjouissons que la précarité menstruelle soit enfin considérée comme un sujet de santé publique et qu'une mesure aussi forte soit enfin annoncée pour répondre à l'urgence de 1 million de jeunes femmes, en plus fragilisées par la crise », considère Laury Gaube, directrice de la communication de Règles élémentaires. Si, pour l'instant, la mesure n'a pas été détaillée précisément, il semblerait qu'aucune ordonnance ne soit nécessaire, qu'il faudra juste aller acheter serviettes lavables, culottes menstruelles et cup en pharmacie, puis se faire ensuite rembourser par la Sécurité sociale, ce qui implique une certaine proactivité des jeunes femmes et un peu de patience avant que l'argentargent ne revienne sur leur compte.
Les règles, un tabou qui impacte la vie des Françaises et des Français. Baromètre 2022. © Règles Élémentaires
La précarité menstruelle a doublé en 2 ans
« Un pas a été fait mais il reste néanmoins du chemin pour les 3 millions de femmes de plus de 25 ans, surtout que notre enquête révèle également que 1,2 million de personnes déclarent qu'avec le coût de la vie qui ne cesse d'augmenter, elles craignent de se retrouver dans cette situation au cours des 12 prochains mois », s'inquiète Laury Gaube. Déjà que le chiffre de la précarité a doublé entre 2021 et 2023 pour atteindre 4 millions de femmes concernées par ce problème de santé publique, qu'en sera-t-il avec l'inflation qui va les obliger à privilégier des produits de première nécessité, et donc de « trouver des plans B, des substituts -- ou pas -- et mettre en danger leur santé », souligne Laury Gaube.
Mettre fin à un tabou
Si 80 % des Françaises et des Français estiment que la précarité menstruelle est un problème de santé publique, le sujet reste majoritairement tabou. C'est pour cette raison que l'association Règles élémentaires, en plus de la collecte et la redistribution de protections périodiques, a développé des actions de sensibilisation dans les entreprises, dans les collèges et lycées, mais aussi les écoles dès le CM2. « Nous insistons pour intervenir face à un public mixte, car trop de jeunes femmes subissent encore de discrimination, voire d'humiliation, mais aussi parce qu'il existe encore beaucoup de mésentente sur le sujet, du genre "est-ce que mes règles sont contagieuses ?" ou "est-ce que le sang des règles est sale ?" ». À l'heure où l'éducation à la sexualité est de nouveau sur le devant de la scène médiatique, il y a urgence à reposer certaines bases.