La pollution de l'air fait l'objet de nombreuses études sur la santé. Une équipe de chercheurs de l'Inserm/CNRS/Université Grenoble Alpes s'est penchée sur les effets possibles des polluants atmosphériques associés à une ovulation tardive dans le déroulement du cycle menstruel. Publiés dans Environmental Pollution, les résultats de leur étude réalisée sur 184 femmes montrent qu'il existe une corrélation entre la concentration de particules fines dans l'air et la durée de la phase folliculaire.
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Les polluants atmosphériques pourraient-ils avoir un impact sur le bon déroulement du cycle menstruel ? C'est la question sur laquelle s'est penchée une équipe de recherche dirigée par le chercheur Inserm Rémy Slama au sein de l'Institut pour l'avancée des biosciences (Inserm/CNRS/Université Grenoble Alpes). Les dosagesdosages hormonaux réalisés dans les urines de 184 femmes durant un cycle menstruel complet ont été mis en relation avec les niveaux de pollution auxquels ces femmes étaient exposées durant les 30 jours précédant ce cycle. Les chercheurs ont observé une association entre la concentration de particules finesparticules fines dans l'airair et la duréedurée de la phase folliculaire du cycle (la phase précédant l'ovulation), cette dernière tendant à augmenter avec les niveaux de pollution. Ces résultats originaux publiés dans Environmental Pollution incitent à mettre en place des études à plus grande échelle afin de confirmer ces résultats.
La pollution atmosphérique contient des milliers de composants gazeux, liquidesliquides et solidessolides. De nombreuses études ont déjà démontré les effets toxiques de plusieurs de ces composants et en particulier des particules fines. Une fraction de ces polluants inhalés peut en effet atteindre, au-delà des poumons, la circulation sanguine, le cœur, le cerveau et les organes reproducteurs. Si les effets sur la mortalité et la fonction cardiovasculaire sont bien caractérisés, concernant la fonction de reproduction, c'est principalement un effet sur la croissance du fœtus et le risque de prééclampsie qui sont probables. Jusqu'à présent cependant, très peu d'études ont examiné l'impact de la pollution sur l'activité ovarienne et les différentes phases du cycle menstruel.
Un axe de transmission d'informations pouvant être altéré
Le cycle menstruel est divisé en deux phases principales séparées par l'ovulation : la phase folliculaire, qui correspond à la croissance d'un ovocyteovocyte jusqu'à l'ovulation, et la phase lutéale, qui se situe après l'ovulation. La bonne régulation de ces phases est assurée par l'axe hypothalamo-hypophysaire-ovarien, chaîne de transmission d'informations hormonales entre l'hypothalamushypothalamus dans le cerveau, l'hypophysehypophyse (la glandeglande située sous l'hypothalamus) et les ovairesovaires, lui-même influencé par d'autres chaînes de régulation hormonales. Or, certains travaux suggèrent que cet axe peut être altéré par l'exposition aux particules fines. Une équipe de recherche dirigée par Rémy Slama, chercheur Inserm, au sein de l'Institut pour l'avancée des biosciences (Inserm/CNRS/Université Grenoble Alpes) s'est intéressée aux potentiels effets à court terme d'une exposition récente aux polluants atmosphériques sur la durée du cycle menstruel et de ses deux phases.
Avec plus de particules fines, la durée de la phase folliculaire est plus longue
Dans le cadre de l'Observatoire épidémiologique de la fertilité en France (Obseff), les chercheurs ont recruté et suivi 184 femmes n'utilisant pas de contraceptioncontraception hormonale. Ces dernières ont accepté de recueillir de l'urine tous les un ou deux jours durant un cycle complet. Des dosages hormonaux ont ensuite permis d'évaluer le jour correspondant à l'ovulation et de quantifier la durée de la phase folliculaire et de la phase lutéale. Les niveaux de pollution (particules fines ou PM10 et dioxyde d’azote) à l'adresse du domicile de ces femmes ont été estimés et moyennés durant les 30 jours précédant le cycle, via les informations fournies par le réseau des stations de mesure permanentes et un modèle national.
“En revanche, aucune variation nette de la durée de la phase lutéale n'a été constatée”
Les chercheurs ont observé que chaque augmentation de 10 µg/m3 de la concentration en particules fines (PM10) dans l'air sur la période de 30 jours avant le cycle considéré était associée à une augmentation de durée de la phase folliculaire d'environ 0,7 jour. En revanche, aucune variation nette de la durée de la phase lutéale ou de la durée totale du cycle n'a été constatée. Selon Rémy Slama « Ces résultats sont cohérents avec les données plus fondamentales suggérant que la pollution atmosphérique peut perturber l'axe qui contrôle le cycle menstruel, et les hormones de stress comme le cortisolcortisol, qui peuvent l'influencer. »
Il conclut « Il s'agit de travaux originaux qui génèrent une hypothèse nouvelle. Il faudra probablement un certain temps pour l'infirmer ou la confirmer sur de plus grands échantillons de population, étant donné le coût et l'effort que représentent de telles études. »