L’Anses alerte sur les dangers des poussières de plomb émises dans l’atmosphère et qui se déposent sur les surfaces d'espaces publics extérieurs, comme les aires de jeux, exposant particulièrement les enfants dont les plus jeunes qui portent facilement leurs mains à la bouche ou un jouet ayant traîné au sol.
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Les poussières de plombplomb émises dans l'atmosphèreatmosphère, comme lors de l'incendie de Notre-Dame, sont bien une source potentielle de contamination, en particulier pour les enfants, même s'il est difficile de quantifier cette exposition, selon un rapport de l'Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail), publié vendredi.
Incinération des déchetsdéchets, combustioncombustion du charboncharbon, métallurgie... Un certain nombre d'activités industrielles rejettent ce métalmétal lourd toxique dans l'airair, contaminant des particules qui se déposent ensuite sur les trottoirs, les routes ou dans les cours d'écoles. Un phénomène similaire s'est produit le 15 avril 2019, lorsque l'incendie qui a ravagé Notre-Dame de Paris a fait fondre 300 tonnes de plomb contenues dans la charpentecharpente de la flèche et la toituretoiture. Aujourd'hui, les principales sources connues d'exposition au plomb sont l'eau, l'alimentation, ou la peinture au plomb dans les vieux immeubles. « Quand la concentration de plomb dans l'eau dépasse une certaine valeur, vous devez changer les canalisationscanalisations », rappelle Guillaume Boulanger, de l'Anses. Des règles existent aussi pour les sols pollués, ou l'alimentation, mais « pas pour ces poussières » qui se déposent sur les routes ou les aires de jeux, explique-t-il à l'AFP.
Les jeunes enfants sont une population à risque
Après les inquiétudes provoquées par les mesures réalisées autour de Notre-Dame après le sinistre, les autorités ont donc posé deux questions à l'Anses : est-ce que ces poussières sont une source d'exposition au plomb pour la population ? Et si oui, à quel degré par rapport aux sources déjà connues ? Il existe très peu d'études, en France ou ailleurs, mais les données disponibles montrent qu'« il est pertinent de considérer les poussières déposées sur les surfaces d'espaces publics extérieurs comme source d'exposition », répond l'Agence, qui juge que la contamination de ces surfaces peut avoir un impact sur le taux de plomb dans le sang (plombémie). Mais « on a du mal à quantifier cette exposition, à dire si c'est plus ou moins important que les autres sources d'exposition », ajoute Guillaume Boulanger.
“Il faut mettre en place des gestes de prévention ”
Malgré le manque de données, le rapport identifie des populations à risque, en premier lieu les jeunes enfants. Leur métabolisme absorbe plus facilement ce produit qui, chez eux, peut être toxique même à faible dose. Le fait qu'ils portent à la bouche leurs mains, jouets et autres objets ayant traîné par terre est également en cause, la contamination semblant se faire principalement par ingestion des poussières de plomb. Alors lorsqu'une situation à risque est repérée, il faut mettre en place des « gestes de prévention », comme se laver souvent les mains ou se déchausser avant de rentrer chez soi. En outre, la plombémie de l'enfant « doit être mesurée », recommande l'Anses.
C'est d'ailleurs ce qui a été fait sur plus de 1.000 enfants après l'incendie de Notre-Dame. Selon l'Agence régionale de santé (ARS) d'Ile-de-France, 13 cas ont dépassé le seuil de déclaration obligatoire de saturnisme (50 microgrammes par litre de sang). Et pour la majorité d'entre eux, la source de contamination a été trouvée au domicile.
Des travailleurs exposés aussi aux poussières contaminées
L'Anses insiste également sur la nécessité de protéger les travailleurs exposés aux poussières extérieures contaminées, en mesurant leur plombémie. Elle préconise pour eux la mise en place d'« un suivi médical renforcé » si les valeurs biologiques de référence pour les adultes sont dépassées, valeurs qui devraient d'ailleurs être largement abaissées, estime-t-elle.
À long terme, l'Agence appelle surtout à réaliser de nouvelles mesures environnementales ciblées sur les lieux fréquentés par les enfants, pour estimer l'exposition de la population à ces poussières. « Quand on aura ces données, on pourra les utiliser pour établir un seuil et dire par exemple, il faut nettoyer cette aire de jeu », commente Guillaume Boulanger, qui note qu'obtenir une cartographie nationale pourrait prendre des années.
À Paris, en revanche, l'ARS a déjà enclenché le processus après l'incendie de la cathédrale et espère avoir d'ici fin 2020 des éléments pour dresser un état du « bruit de fond » du plomb à Paris, c'est-à-dire la pollution indépendante de Notre-Dame. « Les sources de plomb sont très nombreuses à Paris », note son directeur Aurélien Rousseau, notant que l'incendie a remis le sujet « en haut de la pile ». Après la « crise » de 2019, « nous sommes toujours en veille active sur ce sujet », assure-t-il à l'AFP, soulignant que les recommandations de l'Anses correspondaient aux mesures prises après l'incendie de Notre-Dame.