Depuis plusieurs années, les médecins alertent les parents sur les effets néfastes de l'usage des écrans : ils dégraderaient la qualité du sommeil des enfants. Une nouvelle étude, portant sur la production de l'hormone mélatonine, laisse penser que, chez les jeunes adolescents âgés de 9 à 15 ans, cette nuisance serait plus importante qu'on ne le pensait.
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On sait que le soir, l'exposition à la lumière, de quelque nature qu'elle soit, peut mettre en péril le sommeil, mais il semblerait que les ados et préados, âgés de 9 à 15 ans, soient encore plus sensibles que leurs pairs, un peu plus âgés. « Les écoliers qui possèdent des tablettes, des télés ou des ordinateursordinateurs - voire une bonne vieille lampe torche pour lire sous la couette - retardent leurs cycles circadienscircadiens, explique l'auteur, Mary Carskadon, de la Brown University (États-Unis). Cela rend plus difficiles l'endormissement et le fait de se lever tôt le lendemain pour se rendre à l'école. » En 2011, une étude menée aux États-Unis et basée sur un questionnaire était parvenue à la même conclusion, suspectant un effet sur la production de mélatonine, l'hormone du sommeil.
L'équipe de la Brown University a justement suivi cette moléculemolécule et démontré cet effet. À peine une heure d'exposition aux écrans le soir réduisait la production de mélatonine chez les 38 garçons et filles étudiés, âgés de 9 à 14 ans. En revanche, la baisse de mélatonine était moins spectaculaire chez un groupe d'adolescents âgés de 11 ans et demi à 16 ans, qui avaient avancé dans la puberté. Les niveaux de mélatonine des jeunes ont été mesurés par des prélèvements de salive réalisés toutes les 30 minutes.
La lumière d'un écran suffit pour troubler le sommeil nocturne
La luminositéluminosité a d'abord été réglée à 15 luxlux (pénombrepénombre), ce qui a fait décroître la production de mélatonine de 9,2 % chez le groupe le plus jeune. Les scientifiques ont ensuite augmenté l'intensité de la lumièrelumière à 150 lux (l'éclairage intérieur d'une maison), provoquant une baisse de 26 % de la production de mélatonine du groupe le plus jeune, alors que le passage à un éclairage de 500 lux (comme celle d'une entreprise) faisait diminuer la production de l'hormone du sommeil de 36,9 %. Chez les adolescents un peu plus âgés, les 15 lux n'entraînaient pas de changement dans leur production de mélatonine mais, une fois la luminosité passée à 150 lux, elle reculait de 12,5 % et de 23,9 % à 500 lux. Les scientifiques ont noté des schémas de réponse similaires chez les filles et les garçons.
« Même une faible exposition à la lumière de nuit, en provenance par exemple des écrans, peut suffire à affecter les cycles du sommeil », en conclut le professeur Carskadon, directrice de recherche au EP Bradley Hospital d'East Providence, à Rhode Island, aux États-Unis. Ces recherches ont été publiées dans le Journal of Clinical Endocrinology & Metabolism.