Mieux comprendre le bien-être et les difficultés émotionnelles chez l'enfant, et identifier les causes, c'est l'objectif de l'étude nationale Enabee qui s'intéresse à la santé mentale des écoliers, de la maternelle à la fin du primaire. Au total, plus de 30 000 écoliers, âgés de 3 à 11 ans. Que nous apprennent ces analyses et quels sont les types de difficultés et troubles probables ?

 


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    Selon l’étude Enabee de Santé publique France, sur le bien-être et la santé mentale des enfants de 3 à 11 ans, 8 % des élèves scolarisés en école maternelle souffriraient d’une difficulté de santé mentale. Les difficultés oppositionnelles, les plus fréquentes, concerneraient 5,9 % d’entre eux.

    Sur une classe de maternelle de 25 élèves, au moins deux d’entre eux souffriraient d’une difficulté de santé mentale, soit 8 % des enfants âgés de 3 à 6 ans. C’est ce qu’indiquent les résultats de l’étude Enabee, première étude épidémiologique nationale sur le bien-être et la santé mentale des enfants de 3 à 11 ans. Ce 10 décembre, Santé publique France a publié les résultats pour la tranche des plus petits, les 3-6 ans. Les difficultés de santé mentale qu’ils présentent concernent des difficultés d’ordre émotionnel, oppositionnel, d’inattention ou d’hyperactivité. Quels qu’ils soient, ils retentissent sur la vie quotidienne de ces très jeunes enfants.

    Quels sont les types de difficultés et qui sont les plus touchés ?

    Dans le détail :

    • 1,8 % présentent des difficultés émotionnelles ;
    • 5,9 % présentent des difficultés oppositionnelles ;
    • 1,9 % présentent des difficultés d’inattention/hyperactivité ;
    • les garçons présentent plus de difficultés probables avec retentissement sur leur vie que les filles (11,3 % versus 5,2 % respectivement).
    Un peu plus de 8 % des enfants en maternelle ont au moins une difficulté de santé mentale probable, de type émotionnel, oppositionnel ou d'inattention avec ou sans hyperactivité. © Contrastwerkstatt, Adobe Stock
    Un peu plus de 8 % des enfants en maternelle ont au moins une difficulté de santé mentale probable, de type émotionnel, oppositionnel ou d'inattention avec ou sans hyperactivité. © Contrastwerkstatt, Adobe Stock

    Pour obtenir ces résultats, l’étude s’appuie sur un échantillon représentatif de 2 600 enfants scolarisés en France hexagonale et sur les points de vue combinés des parents et des enseignants. On apprend également que près de 13 % de ces enfants de maternelle ont consulté un professionnel de santé dans les 12 mois précédant l’étude pour des difficultés psychologiques ou d’apprentissage et environ un tiers des enfants qui présenteraient une difficulté de santé mentale ont consulté un professionnel sur la même période.

    Renforcer les compétences psychosociales

    « Il est à noter qu’à ces âges précoces, les difficultés de comportement ou émotionnelles peuvent évoluer rapidement et leur mesure est impactée par les perceptions et attentes des adultes répondants ; les résultats sont donc à interpréter avec prudence », souligne Santé publique France qui ajoute que des analyses complémentaires devront être menées pour identifier les facteurs associés aux difficultés des enfants.

    Toutefois, au vu de ces résultats, l’agence sanitaire plaide pour de meilleurs dispositifs d’accompagnement en santé mentale pour les jeunes enfants avant l’âge de 6 ans, d’autant plus que la petite enfance représente une période critique du développement. Elle plaide en outre pour un renforcement des compétences psychosociales des enfants, également des compétences cognitives, émotionnelles et sociales qui aident au mieux être avec soi et les autres et à faire face aux problèmes du quotidien.

    « La santé mentale des enfants est étroitement liée à des multiples facteurs, individuels, sociaux et structurels. Cette étude permet de les identifier et donc de cibler les facteurs pouvant l’altérer, et ce, dès la petite enfance, période critique du développement des enfants », précise le Dr Caroline Semaille, directrice générale de Santé publique France.