Une récente étude trouve une association entre la capacité à contrôler ses émotions, ses pensées et ses comportements et le vieillissement cellulaire.
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Nos comportements nous font sans aucun doute vieillir plus au moins vite. Par exemple, consommer ou non des toxiques comme l'alcool ou le tabac, être sédentaire ou avoir une activité physique régulière, manger équilibré ou avoir une alimentation carencée, industrialisée, en excluant certains groupes alimentaires indispensables. Qu'en est-il de nos émotions et de nos pensées ? Évidemment, il est commun de le dire, ces dernières influent sur les comportements susmentionnés. Des chercheurs se sont alors demandé si la capacité à gérer ses émotions, ses pensées et, in fine, ses comportements, pouvait se traduire par une véritable influence en matièrematière de vieillissement cellulaire et d'autres paramètres d'intérêt. Cette question émane de la lecture d'autres données qui avaient déjà associé la maîtrise de soi à la longévité et aux comportements sains. Ils publient leurs résultats dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences of United States America.
Le self-control : cet ami qui vous veut du bien
Dans cette récente étude prospective de naissance à la méthodologie rigoureuse, les scientifiques ont voulu tester plusieurs hypothèses. Premièrement, est-ce qu'une meilleure maîtrise de soi dans l'enfance peut prédire un vieillissement plus lent du corps et du cerveau. Deuxièmement, est-ce qu'une meilleure maîtrise de soi dans l'enfance peut prédire une meilleure préparation aux impératifs de santé plus tardifs inhérents à la vieillesse ? Troisièmement, est-ce qu'une meilleure maîtrise de soi dans l'enfance peut prédire une meilleure préparation aux impératifs financiers plus tardifs inhérents à la retraite ? Enfin, est-ce qu'une meilleure maîtrise de soi dans l'enfance peut prédire une meilleure préparation aux conditions de vie sociale des personnes âgées ?
Les données montrent une association favorable pour ces quatre hypothèses, et cela, même en corrigeant les associations en éludant l'impact de l'origine socio-économique ou du quotient intellectuel, deux facteurs connus pour avoir une influence majeure sur ces variables. Cela suggère donc que la maîtrise de soi serait un facteur associé auxdites variables de façon indépendante. Elle permettrait donc de retarder le vieillissement de nos organes physiques, mais aussi de mieux nous préparer à la vieillesse en général. Prudence néanmoins, une étude d'observation n'est jamais à l'abri de facteurs de confusion inconnus, contrairement à des études d'intervention randomisées.
Entraîner son self-control ?
Comme toute étude, cette dernière comporte des forces et des limites. Indéniablement, elle séduit par le suivi de la naissance jusqu'à la quarantaine de plus de 1.000 individus avec un taux très faible d'abandon, ce qui limite le biais d'attrition (plus on perd des personnes en cours de route, plus on risque de manquer des données qui auraient modifié nos résultats et donc nos conclusions). Pour autant, ces limites sont également fortes et les auteurs ne s'en cachent pas. Par exemple, le suivi étant stoppé, on ne saura rien des individus et de leur santé réelle plus tard. Autrement dit, on ne saura pas si leur longévité et leur espérance de vie en bonne santé seront réellement meilleures au final. Aussi, les participants sont des Néo-Zélandais majoritairement caucasiens, ce qui limite l'extrapolation des conclusions à d'autres ethnies ou habitants d'autres zones géographiques. Néanmoins, d'autres études ont trouvé des résultats similaires dans des cohortescohortes différentes. Beaucoup d'autres limites sont énoncées par les scientifiques. Il faut donc bien comprendre que ces résultats sont à prendre avec précaution.
Pourtant, les investigateurs ouvrent la discussion sur le potentiel que pourraient représenter des interventions pour améliorer les capacités de maîtrise de soi chez l'enfant. En effet, les facteurs comme la classe sociale ou le quotient intellectuel sont difficiles (pour la classe sociale) voire impossible (pour le quotient intellectuel) à modifier. Le self-control pourrait devenir, si ces résultats se confirment (c'est-à-dire qu'un lien causal est découvert), un facteur précoce sur lequel intervenir pour prévenir les comportements à risques pour la santé et augmenter la chance de vivre longtemps et en bonne santé.