Dans un récent commentaire publié dans le Journal of Physical Activity and Health, trois chercheurs anglophones rappellent de nombreux résultats issus d’expériences scientifiques battant en brèche une idée très répandue : non, le sport n’est pas plus efficace que les antidépresseurs ou que la thérapie.
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Dans de nombreux discours, que ce soit dans les médias ou nos conversations usuelles, il est courant d'entendre que le sport est plus efficace que les antidépresseurs pour traiter la dépression. Ce discours bénéfice d'une aura positive qui a tout pour plaire, étant donné qu'il mise sur la volonté de l'individu pour s'en sortir. Pourtant, il est inexact d'un point de vue scientifique, comme le rappellent trois chercheurs anglophones dans un article publié dans le Journal of Physical Activity and Health.
Ne pas sous-estimer les effets de l’activité physique
Afin d'éviter toute mécompréhension, les chercheurs précisent qu'ils sont bien conscients, et fervents défenseurs, de l'efficacité de l'activité physiquephysique dans le cadre des troubles dépressifs. Ils rappellent l'existence d'une méta-analyse parue en 2023, dont les résultats permettent de soutenir l'hypothèse d'une efficacité claire de l'activité physique sur la diminution des symptômes dépressifs.
Cette même méta-analyse conclut à une taille d'effet large de l'activité physique - cela veut dire que la différence de moyenne des symptômes dépressifs entre les groupes bénéficiant d'un traitement à base d'activité physique et ceux n'en bénéficiant pas est importante. De plus, le nombre de sujets à traiter - soit le nombre de personnes qui doivent recevoir le traitement pour pouvoir empêcher la survenue de l'effet indésirable que l'on cherche à éviter, ici les symptômes dépressifs - est impressionnant avec un ratio de 2. Ces résultats ont permis d'inscrire l'activité physique en tant que monothérapie de première ligne au sein des recommandations sanitaires dans les dépressions légères à modérées.
Une efficacité différente
Les chercheurs citent plusieurs études mettant en évidence une efficacité similaire entre activité physique, antidépresseurs et thérapies sur la rémissionrémission des troubles dépressifs. D'un point de vue clinique, ce sont donc trois solutions pouvant être utilisées en synergiesynergie ou de façon isolée selon la situation du patient et la discussion éclairée qu'il doit avoir avec son thérapeute. Néanmoins, ces trois types de traitement à l'efficacité similaire ont des effets différents. Dès lors, selon l'étiologie du trouble dépressif (est-il isolé et sans cause évidente ou au contraire est-il causé en réaction à un événement précis ou à des pensées persistantes), il conviendra de se pencher plus en détail sur les critères d'efficacité spécifiques de chaque solution. Un avantage indéniable de l'activité physique est qu'elle permet d'améliorer dans le même temps la santé physique et mentale, faisant d'une pierre deux coups, là où la prise d'antidépresseurs est parfois associée à des effets indésirables.
Des discours stigmatisants
Pour autant, cet état de fait ne doit pas nécessairement faire préférer l’activité physique selon la situation du patient. C'est pour cela qu'il faut prendre garde à ne pas propager ce type de discours stigmatisant. En effet, les patients souffrant d'une dépression sévère sont souvent dans l'incapacité d'entreprendre une activité physique. De même, certaines personnes, du fait de leur parcours et de leur vécu, n'aiment pas ou ont de grandes difficultés à pratiquer une activité physique. De tels discours peuvent accentuer des stigmatesstigmates culpabilisants chez des individus déjà fortement stigmatisés en raison de l'état de leur santé mentale. Pour toutes ces raisons, il convient de communiquer de façon juste, prudente et mesurée les résultats des études scientifiques concernant l'efficacité des différentes thérapies sur les troubles mentaux.
Ce qu’il faut
retenir
- Le discours suggérant que le sport est plus efficace que les antidéprésseurs s'est propagé dans la société.
- Pourtant, ce dernier est inexact d'un point de vue scientifique et peut avoir de nombreux effets indésirables.
- Les troubles dépressifs sont des affections complexes qu'il convient de traiter de façon différenciée selon ses causes et les situations spécifiques de chaque patient.