Faire pousser de nouvelles dents, c'est le rêve de tous les dentistes. Un chercheur japonais travaille sur la régénération dentaire depuis longtemps. Après avoir observé que le blocage de l'action d'un gène spécifique pouvait stimuler la repousse des dents chez les furets, le docteur Dr Katsu Takahashi devrait lancer un premier essai clinique chez l'humain en septembre prochain. 


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    La recherche prend parfois des chemins inattendus. Une startup japonaise lancera en septembre 2024 des essais cliniques sur ce qui est considéré comme le tout premier traitement capable de faire repousser les dents. Un peu comme un lézard à qui on aurait coupé la queue. Une alternative aux implants.

    « On estime que les déficiences dentaires congénitales touchent environ 1 % de la population », a expliqué, le docteur Dr Katsu Takahashi le chef du service de dentisteriedentisterie et de chirurgie buccale de l'hôpital Kitano d'Osaka (Japon) lors d'une conférence de presse le 2 mai dernier. « L'absence de six dents ou plus, une maladie connue sous le nom d'oligodontie, serait héréditaire et affecterait environ 0,1 % de la population ».

    Cité par le média japonais The Mainichi, le scientifique a présenté ce qui pourrait constituer une révolution dans la santé bucco-dentaire. À savoir, le premier « médicament pour la repousse des dents ».

     L'agénésie dentaire est une maladie où une ou plusieurs dents définitives sont absentes. Le docteur Katsu Takahashi travaille sur la régénération des dents et prévoit de lancer un essai clinique pour tester son approche chez l'humain. © praewpailyn, Adobe Stock
     L'agénésie dentaire est une maladie où une ou plusieurs dents définitives sont absentes. Le docteur Katsu Takahashi travaille sur la régénération des dents et prévoit de lancer un essai clinique pour tester son approche chez l'humain. © praewpailyn, Adobe Stock

    Testé avec succès sur des furets 

    Créé par la startup Toregem Biopharma, ce médicament a déjà été testé avec succès en 2018 sur des furets. Concrètement, il s'agit d'un anticorps qui possède la capacité de désactiver une protéine appelée USAG-1, qui inhibe la croissance des dents.

    Les premiers essais cliniques devraient débuter chez l'Homme en septembre et se terminer en août 2025. Dans un premier temps, le médicament sera administré par voie intraveineuse à des individus en bonne santé à qui il manque une molairemolaire. Une fois l'innocuité du médicament confirmée, celui-ci sera administré aux patients dépourvus congénitalement d'une dentition complète afin de confirmer son efficacité.

    Optimistes, les scientifiques estiment qu'à l'avenir il devrait être possible de faire pousser des dents non seulement chez les personnes atteintes de maladies congénitales, mais également chez celles qui ont perdu des dents à cause de caries ou de blessures. Ils espèrent en outre commercialiser leur médicament en 2030.


    Des chercheurs ont découvert un anticorps qui régénère les dents

    Article de Julie KernJulie Kern, publié le 5 avril 2021

    Des scientifiques japonais ont réussi à régénérer des dents chez la souris grâce à un anticorps monoclonalmonoclonal. Comment cela fonctionne-t-il ?

    Nouveau : écoutez l'article !

    En temps normal, l'être humain possède 32 dents définitives, qui apparaissent entre 6 et 12 ans. Mais il n'est pas rare qu'un dentiste décèle, lors d'une radio, une dent supplémentaire le plus souvent située près des incisives. Ces dents surnuméraires peuvent poser des problèmes esthétiques, mais aussi mécaniques ou être le foyer potentiel d'une infection. Il existe aussi une condition, d'origine congénitale, où une ou plusieurs dents définitives sont manquantes, c'est l'agénésie dentaire.

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    Dents : la santé buccodentaire

    L'exemple le plus courant est l'absence partielle ou totale des dents de sagesse. Dans d'autres cas, l'agénésie dentaire peut être plus handicapante et la solution consiste à poser une prothèseprothèse dentaire ou un implant, des procédures coûteuses pas toujours remboursées par l'Assurance maladie.

    Des chercheurs de plusieurs universités japonaises, dont celles de Kyoto et d'Osaka, ont trouvé un moyen de régénérer une dent absente. Le traitement - encore expérimental et uniquement testé sur la souris pour le moment - est basé sur un anticorps qui interfère les voies de signalisation qui bloquent la croissance des dents. Les détails sont publiés dans Science Advances.

     L'apparition de dents surnuméraires chez des souris génétiquement modifiées en présence des anticorps monoclonaux (Ab+), en comparaison à leur absence (Ab-). © A. Murashima-Suginami et <em>al. Science Advances</em>
     L'apparition de dents surnuméraires chez des souris génétiquement modifiées en présence des anticorps monoclonaux (Ab+), en comparaison à leur absence (Ab-). © A. Murashima-Suginami et al. Science Advances

    Faire repousser les dents grâce à un anticorps

    Le gènegène USAG-1, qui code pour une protéine du même nom (notée USAG-1), est impliqué dans la croissance des dents. Lorsqu'il s'exprime, il réprime le développement des dents et empêche l'apparition surnuméraire. Lorsque le gène est déficient ou que la protéine qu'il code n'agit pas, les dents poussent de façon incontrôlée et des dents surnuméraires apparaissent. Les scientifiques ont utilisé cette apparition pour mettre au point des anticorps monoclonauxanticorps monoclonaux dirigés contre la protéine USAG-1, empêchant ainsi son interaction avec les voies de signalisation BMP, Wnt, ou les deux.

    Le but ? Observer si l'injection de cet anticorps permet de stimuler la pousse des dents chez des souris qui ont une agénésie dentaire congénitale d'origine génétiquegénétique

    Les anticorps sont injectés à des souris gestantes (les bourgeonsbourgeons dentaires apparaissent lorsque l'embryonembryon a six semaines environ), et la dentition de leur descendance est analysée. Les anticorps ont permis la repousse de plusieurs dents : une molaire mandibulaire, des incisives maxillairesmaxillaires et mandibulaires. Comment fonctionnent-ils ? D'après les expériences des scientifiques, les anticorps se fixent sur la partie de USAG-1 qui interagit avec LRP5/6, un corécepteur impliqué dans la voie de signalisation de BMP, elle-même impliquée dans le contrôle du développement des dents.

    En résumé, les anticorps ont permis de régénérer plusieurs dents chez des souris souffrant d'agénésie dentaire. Les scientifiques indiquent donc que les anticorps monoclonaux anti-USAG-1 ne devraient être utilisés que dans les formes congénitales de la maladie.