Nouveau rebondissement autour de la Covid-19 : la CIA estime probable que le virus se soit échappé d’un laboratoire chinois. Une hypothèse soutenue par plusieurs institutions américaines, qui dénoncent les dissimulations des autorités chinoises. 

Plus de cinq ans après l'émergence de la pandémie qui a paralysé le monde durant plusieurs mois, les débats continuent pour tenter d'identifier l'origine de la Covid-19. Les versions initiales laissaient supposer que la consommation non régulée d'animaux sur un marché de la ville de Wuhan, en Chine, avait mis en branle le rouleau-compresseur. Mais des rapports déclassifiés ces derniers jours par l'administration Trump livrent une autre version des faits. Selon la CIA (Central Intelligence Agency), l'hypothèse la plus probable est que la Covid-19 se serait échappée d'un laboratoire implanté à Wuhan. Une assertion à prendre avec précaution, selon Associated Press et l'agence de renseignement qui soulignent un manque de preuves matérielles directes.

Aux origines de la pandémie

En décembre 2019, les premières contaminations apparaissent dans la métropole chinoise de Wuhan, rappelant des pneumonies particulièrement agressives. Le 10 janvier 2020, l’OMS (Organisation mondiale de la santé) attribue au virus le nom de 2019-nCoV, tandis que les cas flambent en Chine, les autorités craignant une résurgence du SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère). Deux mois plus tard, au mois de mars, de nombreux pays se voient touchés par un taux de contamination toujours plus élevé. Le 16 mars, 170 000 cas sont recensés en France, dont 6 500 décès, soit un taux de mortalité avoisinant les 4 %. De quoi justifier un premier confinement, tandis que la majorité des pays du globe tentent de s'adapter à la pandémie.

 

Covid-19 : ce que l’on sait du laboratoire P4 de Wuhan. © C dans l'air, France Télévisions

L'opacité de la Chine

Il faut attendre la fin de l'année 2022 pour considérer la maladie suffisamment maîtrisée, malgré la vigilance des agences de santé. De Forbes au Washington Post, plusieurs grands journaux dénoncent l'opacité de la Chine sur la propagation du virus et son impact sur les populations. Le Parti communiste chinois (PCC) est notamment accusé d'avoir dissimulé le nombre réel de morts liés à la maladie, Pékin ayant toujours rejeté les sources occidentales, étatiques ou journalistiques. En parallèle, l'un des objectifs est de comprendre l'origine de la Covid-19.

Si la thèse initiale de son apparition renvoie au gigantesque marché de Wuhan, la ville abrite aussi un grand institut dédié à la virologie. De quoi susciter les spéculations pour une partie de la population. L'hypothèse d'une fuite est rapidement balayée et reléguée au rang de théorie complotiste, jusqu'en 2023.

Les suspicions autour de l’institut de virologie de Wuhan

Le 1er mars 2023, le directeur du FBI Christopher Wray révèle que des enquêtes menées par le bureau fédéral déterminent qu'un incident en laboratoire a possiblement provoqué une fuite du virus et sa diffusion dans l'espace public. Les autorités chinoises dénonçaient les « mensonges à visée politique » de la part de Washington.

Le 6 décembre 2024, un article publié dans Nature relatait qu'une virologiste de l'institut de Wuhan, nommée Shi Zhengli, avait communiqué le séquençage de plusieurs souches de coronavirus tel que réalisé par le laboratoire. Aucune donnée ne correspondait alors avec le travail de séquençage de la Covid-19. Il est néanmoins peu probable que le PCC, férocement répressif, accorde à ses scientifiques l'autorisation de communiquer sur des éléments confidentiels pouvant être liés à l'apparition de la maladie.

À la fin de l’année 2023, l’OMS comptabilisait 768 millions de cas à travers le monde depuis le début de la pandémie. © Covid Tracker
À la fin de l’année 2023, l’OMS comptabilisait 768 millions de cas à travers le monde depuis le début de la pandémie. © Covid Tracker

Quelques jours plus tôt, le 2 décembre 2024, la Chambre des représentants des États-Unis présentait un rapport d'enquête de 520 pages. La conclusion pointe de nouveau vers une fuite de laboratoire probable, bien que des élus démocrates aient épinglé un manque d'éléments matériels. Sous la houlette de William Burns, directeur de la CIA sous l'administration Biden, les pistes explorées par l'agence convergent aussi vers une fuite de laboratoire. Ce que confirme le nouveau directeur, John Ratcliffe. Mao Ning, porte-parole du Ministère des affaires étrangères chinois, niait les accusations des institutions américaines dans une déclaration, le lundi 27 janvier.

La Chine considère « improbable » que le virus se soit échappé de l'institut, proclamant que les États-Unis voient « un intérêt à politiser et instrumentaliser l'origine de la pandémie ». Une certitude demeure : un voile d'incertitude continue de planer au-dessus de l'histoire de la Covid-19 et de l'éclatement de la pandémie.