On entend de plus en plus de personnes se déclarer intolérantes au lactose, en consultation ou sur les réseaux sociaux. Cela aboutit souvent à des réductions drastiques du calcium avec le risque potentiel de fragiliser la masse osseuse ou de se préparer des lendemains qui déchantent avec l’ostéoporose, marchepied aux tassements vertébraux, fractures des poignets et autres fractures comme celle du col du fémur. 

On peut affirmer que beaucoup de personnes se définissant comme intolérantes au lactose sont dans l'erreur. Mais chacun d'entre nous a un seuil de tolérance au lactose qui lui est propre et qui peut évoluer avec le temps.

On pourrait établir le diagnostic de mauvaise digestion du lactose en faisant effectuer une mesure de l'hydrogène expiré suite à un test de consommation de lactose à jeun. C'est un peu le même genre de test que l'on pratique pour dépister la bactérie gastrique Helicobacter pylori, responsable de bon nombre d'ulcères gastriques. Le test de maldigestion du lactose utilise une dose de 20 grammes de lactose, soit l'équivalent d'un demi-litre de lait. On le pratique très peu dans les laboratoires biologiques de ville. 

Pour ou contre le lactose ? © Imoflow, Pixabay, DP
Pour ou contre le lactose ? © Imoflow, Pixabay, DP

Des troubles liés à l'intolérance au lactose

Les intolérants au lactose souffrent de douleurs abdominales parfois violentes avec des gaz, des borborygmes et autres ballonnements, d'infections gastro-intestinales, de syndrome du colon irritable, d'intolérance au FODMAPS (anagramme de Fermentescible Oligosaccharides, Disaccharides, Monosaccharides And Polyols) et également de dépression par rapport à un groupe témoin non intolérant. Tout cela vient d'une insuffisance d'assimilation du lactose dans le tube digestif. Cette absence de digestion engendre un effet osmotique (appel d'eau) dans l'intestin grêle et peut atteindre le côlon où a lieu la fermentation.

Il faut donc écouter le patient qui se plaint, ne pas dénier sa souffrance et savoir le rassurer quand il le faut. On estime que chacun d'entre nous est à même de supporter jusqu'à 250 millilitres de lait sans problème, il convient donc de réduire le lait chez les personnes intolérantes sans forcément avoir à l'arrêter et proposer des solutions alternatives à l'apport calcique. Les amandes sont particulièrement riches en calcium, les eaux minérales même l'eau du robinet d'autant plus qu'elle est dure, les poissons comme les sardines, les maquereaux, les algues bien évidemment mais les Français n'ont pas obligatoirement les mêmes goûts que les Japonais. Certaines populations, comme les asiatiques et les africains d'Afrique noire, peuvent être strictement intolérantes au lactose pour des raisons génétiques avec l'absence de lactase dans le tube digestif, l'enzyme à même de permettre l'assimilation du lactose.

On rappelle que les fromages et les yaourts ne sont pas concernés par l'intolérance au lactose car ils disposent d'une lactase apportée par les bactéries vivantes. On peut encourager les personnes aimant le lait et décrivant des symptômes pénibles de réduire leur consommation et de prendre de la lactase sous forme de comprimés ou de bactéries vivantes comme on en trouve dans le kéfir

Les preuves que l'arrêt des produits laitiers permettrait de réduire ou de supprimer les douleurs articulaires manquent et pour le moment ces allégations sont sans assises scientifiques validées. 

Dr Arnaud Cocaul

En savoir plus sur le Dr Arnaud Cocaul

Le Dr Arnaud Cocaul est médecin nutritionniste, spécialisé dans la prévention de l'obésité et les troubles du comportement alimentaire en général. Il intervient dans les médias autour de sujets concernant la nutrition, et est favorable à une interface avec les médias. Il dispense des conférences grand public toujours dans l'esprit d'être un passeur et a participé à la réalisation d'une application ludique (Serious game) pour mobile, baptisée KcalMe.

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