Les microplastiques sont partout dans notre environnement. Des chercheurs ont mis au point un modèle informatique de dynamique de fluides pour analyser leur trajet jusque dans nos voies respiratoires supérieures.
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Nous mangeons et respirons des microplastiquesmicroplastiques, ces minuscules débris de plastique présents dans l'environnement et générés par la dégradation des produits en plastique. Les scientifiques ont trouvé des microplastiques dans l'eau potable et, plus récemment, des études en ont visualisé dans les voies respiratoires humaines, ce qui pourrait impacter notre santé respiratoire.
Nous pourrions inhaler environ 16,2 morceaux de microplastique par heure, ce qui équivaut à une carte de crédit chaque semaine ! Afin de prévenir et de traiter les éventuelles maladies respiratoires, il faut donc comprendre comment ces microplastiques se déplacent dans le système respiratoire. Des chercheurs de plusieurs universités ont publié une nouvelle étude présentant la mise au point d'un modèle informatique de dynamique des fluides. Il vise à analyser le transport et le dépôt des microplastiques dans les voies respiratoires supérieures des poumons.
Des paramètres qui jouent sur le dépôt des microplastiques
Des microplastiques de différentes formes (sphériques, tétraédriques et cylindriques) et tailles (jusqu'à 5,56 micronsmicrons) ont été inclus dans des conditions de respiration lente et rapide. Tous ces paramètres ont influencé le taux de dépôt global des microplastiques dans les voies respiratoires : une respiration rapide entraîne moins de dépôts, et les microplastiques les plus gros se déposent plus souvent dans les voies respiratoires que les plus petits.
En ce qui concerne les zones spécifiques de dépôt, la cavité nasale présentait un taux de dépôt élevé par rapport aux autres régions. « Les microplastiques avaient tendance à s'accumuler dans les points chaudspoints chauds de la cavité nasale et de l'oropharynx, c'est-à-dire de l'arrière de la gorge », précise un communiqué.
Une future recherche se concentrera sur l'effet de différentes formes de microplastiques sur les voies respiratoires pulmonaires humaines dans des conditions de santé et de maladie.
Des microplastiques jusqu'au plus profond de nos poumons !
Article de Nathalie MayerNathalie Mayer, publié le 11 avril 2022
Des microplastiques, il y en a partout dans notre environnement. Dans l'airair que nous respirons. Et jusque dans nos poumons, nous rapportent aujourd'hui des chercheurs. Au plus profond de nos poumons !
Des microplastiques - des particules de plastique pas plus grandes que cinq millimètres - ont été retrouvés un peu partout sur terre. Et dans les mers. Dans l'air que nous respirons. En 2019, des chercheurs avançaient même que nous ingérions environ cinq grammes de microplastiques par semaine. L'équivalent d'une carte de crédit ! Plus récemment, des scientifiques rapportaient avoir, pour la première fois, identifié des microplastiques dans notre sang. Aujourd'hui, des chercheurs de l’université de Hull (Royaume-Uni) annoncent avoir trouvé des microplastiques jusqu'à des régions de nos poumons dans lesquelles on ne les attendait vraiment pas.
Les travaux ont été menés sur des tissus pulmonaires sains prélevés sur des patients vivants, à l'occasion d'interventions chirurgicales dans le cadre de leurs soins. Ils ont ensuite été filtrés et analysés par microspectroscopie infrarougeinfrarouge à transformée de Fouriertransformée de Fourier (FTIR pour Fourier Transformed InfraRed spectroscopy). De même pour des échantillons de contrôle qui ont permis de garder en vue la problématique de la contamination de l'environnement de test.
Des morceaux d’emballages, de vêtements et de pneus
Les chercheurs ont identifié douze types de microplastiques différents. Du polyéthylènepolyéthylène comme celui qui compose les emballages en plastique ou du PET que l'on trouve dans les bouteilles, du nylonnylon comme celui que l'on trouve dans nos vêtements ou encore des résines comme celles qui constituent les peintures ou les caoutchoucscaoutchoucs des pneus de nos voitures. Et à des niveaux considérablement plus élevés chez les hommes que chez les femmes.
Mais la découverte la plus importante reste peut-être que le nombre le plus important de microplastiques a été retrouvé dans la partie inférieure des poumons. Des microplastiques, en plus, d'une taille étonnante pour une région que les chercheurs imaginaient un peu protégée par des voies respiratoires particulièrement étroites. Un résultat qui aidera à mener de manière plus réaliste les expériences en laboratoire destinées à déterminer l'impact de ces microplastiques sur notre santé.
Homo plasticus : des microplastiques détectés dans plusieurs organes humains
Les matières plastiquesmatières plastiques font partie intégrante de notre quotidien. À tel point, que pour la première fois, des scientifiques ont mis en évidence la présence de différentes microparticules de plastique dans plusieurs organes humains.
Article de Julie KernJulie Kern, publié le 18/08/2020
Au début de l'histoire de l'humanité, il y a eu l'Âge du bronzeÂge du bronze puis celui du ferfer. Aujourd'hui, il semble que nous soyons en plein cœur de « l'Âge du plastique » et qu'une nouvelle espèceespèce d'humain a fait son apparition, l'HomoHomo plasticus. Léger et résistant, difficile d'imaginer le quotidien sans plastique. Il est partout : dans nos vêtements et la plupart des emballages, mais il est aussi en contact avec nos aliments et nos boissons. Pourtant, ce plastique si pratique a un effet dévastateur sur l’environnement.
D'un point de vue sanitaire, l'effet de ces minuscules particules sur la santé est un terrain encore peu exploré. En 2018, une étude a mis en évidence des microplastiques dans les selles humaines, environ une vingtaine de particules, alors que les volontaires avaient mangé des aliments emballés dans le plastique et bu de l'eau en bouteille. Certains avaient aussi consommé du poissonpoisson.
Les microplastiques peuvent-ils contaminer plus durablement notre organisme ? L'American Chemical Society a poussé des investigations un peu plus loin. Dans une recherche présentée lors d'une conférence de presse virtuelle, les scientifiques de l'université d'État de l'Arizona, ont démontré la présence de micro et nanoplastiques dans plusieurs organes humains.
Des microplastiques dans le foie, les reins, la rate et les poumons
Les chercheurs ont travaillé sur 47 échantillons de plusieurs organes conservés pour étudier les maladies neurodégénératives. Les échantillons ont été prélevés sur quatre organes « filtrants » : le foie, la raterate, les reinsreins et les poumons, susceptibles d'amasser des microplastiques.
Les microplastiques ont été extraits des tissus, puis analysés par la spectrométriespectrométrie Raman. Ainsi, ils ont pu détecter une douzaine de types de polymèrespolymères différents à l'intérieur des tissus des quatre organes analysés.
Bisphénol A et autres polymères
La présence de polycarbonate (PCPC), utilisé par exemple pour la fabrication de biberons, le polytéréphtalate d'éthylèneéthylène (PET), utilisé pour fabriquer des bouteilles en plastique mais aussi des matières textiles, ou encore le polyéthylène (PE), qui compose les sachets en plastique mais aussi les boîtes alimentaires ont pu être mis en évidence dans les tissus. Le Bisphénol ABisphénol A, perturbateur endocrinien avéré et classé par l’Union européenne comme substance ayant des effets toxiques sur la reproduction, a également été retrouvé dans tous les échantillons analysés.
« Les donneurs des tissus nous ont fourni des informations détaillées sur leur mode de vie, leur régime et leurs expositions professionnelles. Comme nous connaissons bien l'histoire des donneurs, notre étude fournit les premiers éléments sur les potentielles sources et routes des micro et nanoplastiques », explique Rolf Halden, le scientifique à la tête du laboratoire qui a accueilli les expérimentations.
Les effets sur la santé de la présence de microplastiques dans les tissus humains n'ont pas encore été étudiés, ni à quel type de polymère, et à quelle quantité ils pourraient être nocifs. Sans être alarmiste, cette étude sera probablement suivie d'autres pour répondre à ces questions et faire un suivi épidémiologique du plastique chez la population.
À noter
À la suite de la parution de cet article, nous avons reçu le 21 août dernier des précisions de la part de la Fédération des Eaux Conditionnées et Embouteillées (FNECE) qui a souhaité réagir en apportant ces éléments d'informations suivants :
« Les micro-particules, du fait de leur toute petite taille (de l'ordre de quelques microns soit 10 fois plus petites que le diamètre d'un cheveu), se retrouvent partout dans notre environnement quotidien, en particulier dans l'air, ce qui rend les analyses extrêmement complexes et nécessite le suivi d'un protocoleprotocole très rigoureux, harmonisé et scientifiquement valide, pour éviter toute contamination des échantillons en laboratoire et assurer ainsi la fiabilité des résultats, ce qui n'existe absolument pas à ce jour. Il faut donc être très prudent quant aux conclusions des études existantes qui divergent de l'une à l'autre.
« Une évaluation quantitative précise et fiable des micro particules de plastiques dans les eaux embouteillées dans d'autres boissons et dans les aliments est une entreprise très difficile et sujette à l'erreur, ce qui requiert le développement d'une méthodologie appropriée et validée », Dr. Franck Welle, Département sécurité sanitaire, Institut Fraunhofer, Allemagne. »
Pollution : nous mangeons et respirons du plastique
Une étude canadienne montre qu'un adulte ingère jusqu'à 52.000 microparticules de plastique chaque année. En tenant compte de la pollution de l'air, ce volumevolume atteint même 121.000 particules par an, sans que l'on connaisse précisément les impacts sur la santé.
Article publié le 6 juin 2019 par Futura avec l'AFP-Relaxnews
Ces microplastiques, venus de la dégradation de produits aussi divers que les vêtements synthétiques, les pneuspneus, les lentilles de contactlentilles de contact se retrouvent désormais partout sur la planète, sur les plus hauts glaciersglaciers comme dans le fond des océans.
Des chercheurs canadiens ont mis en regard des centaines de données sur la contamination par les microplastiques, avec le régime moyen et modes de consommation des Américains. Résultat de ces estimations (qui individuellement varieront selon le mode et le lieu de vie) : un homme adulte ingère jusqu'à 52.000 microparticules de plastique par an. Et si l'on prend en compte la pollution de l'air, ce chiffre passe à 121.000. Quelque 90.000 particules supplémentaires sont à ajouter si l'on consomme uniquement de l'eau en bouteille, ajoute l'étude, parue dans la revue Environmental Science and Technology. L'impact sur la santé humaine reste à préciser, notent les chercheurs. Pour autant, les particules les plus fines (moins de 130 microns de diamètre) « peuvent potentiellement passer dans des tissus humains (et) générer une réponse immunitaireréponse immunitaire localisée », ajoutent-ils.
Des conséquences pour la santé méconnues
Pour Alastair Grant, professeur d'écologieécologie à l'université d'East Anglia, qui n'a pas participé à ces recherches, rien ne prouve que les particules de plastique pointées dans l'étude posent « un danger significatif à la santé humaine ». Selon lui, il est probable que seule une petite part des éléments inhalés atteigne les poumons, notamment pour des raisons liées à la taille des particules.
Pour les auteurs de l'étude, il faut renforcer la recherche sur la quantité de matière atteignant poumons et estomacestomac, et son impact sur la santé. Et en attendant, « la façon la plus efficace de réduire la consommation humaine de microplastiques sera sans doute de réduire la production et le recours aux plastiques », ajoutent-ils.
Des microplastiques transportés par le vent jusqu'au sommet des montagnes
Des microplastiques transportés à travers les airs peuvent atteindre des zones isolées, relativement épargnées par l'activité humaine, révèle une étude parue lundi dans Nature Geoscience, qui a étudié une zone reculée des Pyrénées françaises.
Article de Futura avec Relaxnews paru le 16 avril 2019
Pendant cinq mois de l'hiverhiver 2017-2018, des chercheurs du CNRS, des universités de Toulouse, d'Orléans et de Strathclyde en Écosse ont récolté des échantillons sur la station météorologique de Bernadouze, à près de 1.500 mètres d'altitude. Elle se trouve dans une zone protégée Natura 2000Natura 2000 située à plus de cinq kilomètres du village le plus proche et à environ 120 kilomètres de Toulouse, relativement isolée.
“Plus de 365 particules de microplastiques par mètre carré par jour”
« Les chercheurs ont décompté un dépôt de plus 365 particules de microplastiques par mètre carré par jour », selon un communiqué. Comment sont arrivés là ces petits fragments de plastique, dont certains sont invisibles à l'œilœil nu? Ils ont été transportés par le ventvent, la neige et la pluie, répond l'étude.
« Notre principale découverte est que les microplastiques sont transportés dans l'atmosphèreatmosphère et déposés dans une région de haute montagne isolée, loin de toute ville importante ou de source de pollution locale. Cela fait des microplastiques un polluant atmosphérique », a expliqué l'une des coauteurs de l'étude, Deonie Allen, à l'AFP.
Si la découverte de microplastiques dans cette zone proche du Pic du Trois Seigneurs n'a pas été une surprise totale, malgré l'absence d'une grande ville à proximité ou d'une autre source de pollution, « nous ne nous attendions pas à en trouver autant », a souligné le chercheur.
Des plastiques de toutes sortes
« Ces résultats sont comparables à ceux observés dans une mégalopole comme Paris, où les taux de microplastique ont été mesurés par le passé », a précisé Deonie Allen.
Ces microplastiques, certains plus fins qu'un cheveu humain, d'autres n'atteignant pas cinq millimètres, « ont pu parcourir 95 kilomètres, mais en l'absence de sources de pollution locale majeure de plastique, ils ont probablement voyagé plus », selon Deonie Allen.
« Il est étonnant et inquiétant de voir autant de particules trouvées sur le site des Pyrénées », abonde un autre scientifique, Steve Allen, chercheur associé à l'ÉcoLab de Toulouse et doctorant à l'université de Strathclyde, cité dans le communiqué.
« Cela laisse penser que ce n'est pas seulement dans les villes que vous respirez cela », poursuit le chercheur, qui rappelle que les déchets plastiques représentent un « problème mondial croissant ».
Les lacs de montagne sont pollués au plastique
Si l'océan tend à devenir une soupe de plastique, c'est surtout parce qu'il reçoit les déchetsdéchets transportés par les rivières et les fleuves. Les eaux douces sont en effet très concernées par la pollution aux matières plastiques, que l'on retrouve aujourd'hui jusque dans les lacs de montagne.
Article de Delphine BossyDelphine Bossy, publié le 13 octobre 2013
Au moins 10 % de la production totale de plastique finit dans les océans. Fleuves, rivières et lacs ne sont pas épargnés. Il y a quelques mois, une étude rapportait que le lac Léman, situé entre la France et la Suisse, était aussi pollué que la Méditerranée. Dans la revue Current Biology de cette semaine, une nouvelle étude suggère que tous les lacs alpins sont menacés de pollution au plastique. L'eau d'un lac de montagne paraît pure, mais peut être contaminée par des plastiques nocifs.
Ce constat, une équipe de recherche l'a fait en étudiant le lac de Garde, plus grand lac des Alpes italiennes. L'analyse du lac s'inscrivait dans une étude globale de la contamination aux macro et micro déchets plastiques des étendues d'eau douceeau douce alpines. Les scientifiques ont été surpris de leurs résultats. Le nombre de microplastiques dans le lac de Garde était proche de celui trouvé dans les sédimentssédiments des plages océaniques.
Le plastique entre dans la chaîne alimentaire
L'équipe de recherche pensait que le lac de Garde serait le moins pollué de leur étude. Il est situé en région subalpine, et aurait donc dû être plus propre que les lacs de vallées. Si les lacs alpins contiennent déjà des particules microplastiques, il y a fort à déplorer de ce que l'on peut trouver dans les rivières ou lacs en vallée.
Les produits chimiques associés aux microplastiques sont cancérigènes, agissent comme des perturbateurs endocriniens et peuvent être très toxiques. Par ailleurs, les polymères sont capables d'absorber les polluants organiques et de les transporter loin de leur source. Ils favorisent donc l'expansion géographique de la pollution. Dans l'étude, les chercheurs montrent que les microplastiques détectés dans le lac de Garde peuvent être avalés : les invertébrésinvertébrés d'eau douce, tels que les vers ou les puces d’eau, sont capables de les ingérer. Un tel résultat est alarmant, car il suggère que les microplastiques entrent la chaîne alimentairechaîne alimentaire.
Comme pour les océans, il faut développer des lignes de conduite de surveillance standardisée à l'échelle européenne, pour protéger les cours d'eau douce. Le réseau d'étude doit s'étendre, et les Alpes vont peu à peu devenir un site sous haute surveillance.