Dans son nouveau rapport publié le 16 juillet 2019, l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) fait état de preuves renforcées sur les effets néfastes de certaines particules connues de l'air ambiant et de récentes évidences concernant d'autres particules peu étudiées auparavant.
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La pollution de l'airair est un, sinon le, problème majeur de notre civilisation. Quelque 7,2 millions de décès pourraient lui être directement attribués pour la seule année 2015 selon l'Organisation mondiale de la santéOrganisation mondiale de la santé (OMS). C'est plus que l'un des toxiques le plus répandu et consommé volontairement par une partie de la population : le tabac. L'Anses vient justement de rendre un rapport à ce sujet et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il est inquiétant.
Le saviez-vous ?
En 1952, le grand smog de Londres, causé entre autres par la combustion du charbon, aurait fait 12.000 morts. C'est l'épisode le plus noir de tout le Royaume-Uni en matière de pollution atmosphérique.
Pollution de l'air ambiant : particules et sources d'émissions
L'Anses est partie du rapport de 2013 de l'OMS « Review of evidence on health aspects of air pollution » qui avait déjà identifié les dangers de certaines particules et a reconduit une revue de la littérature scientifique afin de confirmer ou d"infirmer le niveau de preuves les concernant, et de récolter les nouvelles données disponibles sur d'autres particules. « 160 études portant sur 20 composés, 16 sources et 83 modifications physiologiques ou effets sur la santé ont ainsi été analysées et intégrées selon une méthode d'évaluation du poids des preuves », énonce le communiqué de presse associé au rapport.
Voici ce qui ressort de ce monstrueux travail effectué par les experts de l'Anses :
- il n'y a plus de doute concernant l'impact délétère important du carbonecarbone suiesuie et inorganique ainsi que des désormais célèbres particules finesparticules fines sur les affections cardio-respiratoires et la mortalité prématurée ;
- trop peu de données sont encore à disposition concernant la santé du cerveau et celle du développement périnatal. Ainsi l'Agence a identifié des preuves faibles - et donc non concluantes - concernant les mêmes particules citées ci-dessus sur le développement cognitif de l'enfant et le faible poids des nouveau-nés à la naissance ;
- de nouvelles inquiétudes sont apparues envers les aérosolsaérosols inorganiques secondaires, les métauxmétaux de transition, la silice et les endotoxines.
Mais d'où proviennent ces particules nocives ? L'agence a identifié plusieurs foyers d'émissionsémissions majeurs :
- la médaille d'or est incontestablement attribuée au trafic routier ;
- combustioncombustion du charboncharbon, produits pétroliers et biomassebiomasse se partagent la seconde place du podium ;
- et un petit nouveau vient d'entrer dans « la cour des grands », grâce à des données peu nombreuses mais de qualité selon l'Anses : les poussières du désert.
Avec de telles observations, il faut prendre des mesures - il faut en prendre depuis longtemps, cela dit - sans plus attendre. Voyons ce que recommande l'agence aux instances politiques.
Les recommandations pratiques de l'Agence
Il existe déjà des recommandations en vigueur pour les particules PM2,5 et PM10 considérées comme cancérogène avéré par l'OMS. L'Agence demande donc aux politiques publiques de légiférer sur le cas du carbone suie et inorganique ainsi que sur les particules fines. Les niveaux de preuve sont désormais suffisamment élevés pour qu'une réglementation soit mise en place. L'Anses fait également dans le renforcement positif. Elle recommande de poursuivre les efforts mondiaux de réduction de la pollution de l'air ambiant en actionnant les principaux leviers identifiés : réduire la densité du trafic routier, la combustion du charbon, produits pétroliers et biomasse ainsi que l'exposition aux poussières du désertdésert.
Mais au-delà de ça, les experts ne manquent pas d'évoquer leurs inquiétudes pour les autres domaines émetteurs tels que l'agricultureagriculture, le transport maritime ou encore l'activité aéroportuaire où l'on assiste littéralement à une « carence » de données scientifiques. Le cas des composés néoformésnéoformés (des moléculesmolécules se formant suite à la connexion de diverses particules dans l'air) et des composés hors échappement (freinage relâchant des microplastiques, etc.) sont, eux aussi, préoccupants.
Ensuite, si nous restons dans le cadre des polluants à effets connus, que va-t-il se passer ? L'Agence a aussi tenté de répondre à cette question.
Quelles perspectives d'évolution ?
Le travail de l'Anses ne s'est pas limité à analyser les données et à délivrer des recommandations. L'Agence s'est également attelée à de la simulation informatiquesimulation informatique afin d'étudier les différents scénarios envisageables jusqu'en 2025.
En faisant varier les différentes mesures utiles - réduction du trafic routier, généralisation du filtre à particulesfiltre à particules, moins de voiturevoiture diesel, promotion de la voiture électriquevoiture électrique, etc. -, le scénario le plus optimiste entraînerait une réduction des émissions des particules nocives de l'ordre de 30 %.
Enfin, d'autres questions se posent. Cette réduction sera-t-elle suffisante pour servir la santé publique ? Et quels seront les dégâts de la pollution massive des véhicules électriques ? Devant toutes ces questions sans réponses évidentes, une seule mesure à la fois sanitaire, sociale et économique pourrait éviter le pire : prendre les transports en commun et utiliser ses jambes - ou son vélo - plus souvent.
Ce qu’il faut
retenir
- Les effets néfastes des particules connues ont été confirmés et de nouveaux effets néfastes concernant d'autres particules ont été identifiés.
- Réduire le trafic routier doit être l'une des mesures phares de tous les États pour une réduction drastique de la pollution atmosphérique.
- Le scénario le plus optimiste d'ici 2025 offre une réduction de la pollution de l'air de 30 %.