Une récente étude souligne le besoin urgent d'améliorer la représentation des femmes en cardiologie. Les résultats révèlent en effet que le manque de femmes en tête des études impacte profondément les personnes à qui profite la recherche.
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Outre les problématiques évidentes liées au manque de parité dans la recherche, la sous-représentation des femmes dans certains domaines d'études a pour conséquence des effets plus discrets mais tout aussi profonds. Bien que les femmes représentent un tiers des chercheurs et des médecins dans le domaine des troubles cardiaques avancés et de la transplantation cardiaque, encore trop peu d'entre elles sont en tête des études sur ces sujets. Or, un nouvel article paru dans la revue Circulation : Heart Failure révèle que cette disparité impacte la façon dont les troubles cardiaques sont étudiés et les personnes qui bénéficient de cette recherche.
Moins de chercheuses = moins de participantes
En effet, le choix des participants pour des essais cliniquesessais cliniques semblerait directement corrélé au genre de l'auteur principal de l'étude. D'après les chiffres, seulement 15 % des auteurs principaux appartiendraient au genre féminin tandis que 16 % des essais cliniques récents auraient été dirigés par des femmes. En parallèle, les données révèlent que les essais cliniques ayant pour auteures principales des femmes comporteraient un plus grand nombre de sujets féminins parmi leurs participants que la moyenne des autres études. Ensemble, ces résultats soulignent l'importance de travailler dans le sens d'une plus grande parité qui permettra, jusqu'à ce que les anciens biais cognitifs disparaissent, de garantir une répartition équitable des deux sexes dans les études futures, et donc une priorité égale donnée à la santé de l'un et de l'autre.
« La diversification des auteurs peut avoir un effet boule de neige à travers l'ensemble de ce domaine : à la fois capable d'améliorer la représentation des genres dans la médecine cardiovasculaire, mais peut-être même aussi de réduire la sous-représentation des femmes dans les essais cliniques, souligne Nosheen Reza, auteure principale de cette étude. Pour de nombreuses raisons, les institutions commencent à investir d'importants efforts pour améliorer la diversité, l'inclusion et l'équité, et nos résultats présentent des données de terrain que les organisations peuvent utiliser et à partir desquelles elles peuvent construire. »
Contrer les biais cognitifs
Les mécanismes et les biais cognitifs derrière ce déséquilibre sont encore mal compris. « L'une de nos hypothèses suggère que les femmes sont plus susceptibles de participer à des essais cliniques lorsqu'elles savent que ceux-ci sont menés par des chercheuses. Une autre possibilité serait que les chercheuses sont plus susceptibles de sélectionner des patientes pour la participation aux essais cliniques. Il ne fait aucun doute que plus d'études doivent être menées pour mieux comprendre ce sujet », commente Nosheen Reza.
Selon l'équipe, tant que ce phénomène ne sera pas mieux compris, le meilleur levier d'action sera de favoriser la diversité chez les auteurs, une étape qui devra de toutes les façons être franchie pour une meilleure représentation des chercheuses dans le domaine de la cardiologie.
« Les institutions doivent se rassembler dans un effort commun pour améliorer la diversité, l'inclusion et l'équité dans les comités d'évaluation des chercheurs, les comités éditoriaux, les comités de supervision, et d'autres postes d'autorité dans le domaine de recherche sur les troubles cardiaques avancés. Les femmes ne vaincront pas ces obstacles si les statistiques et les comportements ne changent pas », poursuite Reza. En promouvant de tels changements, « nous serons capables de produire de futures générations de chercheuses et de directrices expérimentées et talentueuses dans le domaine des troubles cardiaques, et de faire avancer la science ensemble sans abandonner personne. »