Les chercheurs ont passé au peigne fin toutes les publications sur les traitements administrés aux malades de la Covid-19. Voici les classes de médicaments et des substances les plus utilisées, avec en tête les antiviraux. Malgré une apparente unanimité sur leur choix, la plupart de ces traitements sont en fait administrés en dehors de tout cadre scientifique.
au sommaire
L'émergenceémergence du coronavirus SARS-CoV-2 en décembre 2019 a laissé bon nombre de médecins dans l'expectative. Face à ce virus inconnu, ils ont souvent dû se débrouiller avec les moyens du bord pour soigner leurs patients, quitte à tester des médicaments et des traitements non homologués. Une méta-étude, menée par l'université de Pennsylvanie (États-Unis) et publiée dans la revue Infectious Diseases and Therapy, a dénombré l'ensemble des traitements administrés aux premiers patients atteints de la Covid-19. Ils ont ainsi calculé que 115 médicaments et remèdes différents avaient été prescrits à ces 9.152 patients.
Cent-quinze médicaments différents prescrits contre la Covid-19
Pour cela, l'équipe a passé au peigne fin 2.706 articles publiés sur les sites de prépublication scientifique PubMed, BioRxiv, MedRxiv et ChinaXiv avec les mots-clés « Covid-19 », « SARS-CoV-2 » ou « 2019-nCoVnCoV » entre le 1er décembre 2019 et le 27 mars 2020mars 2020. Ils en ont extrait 155 répondant à des critères de sélection sérieux et évoquant les résultats d'études cliniquesétudes cliniques avec des médicaments. La quasi-totalité des cas évoqués ont été hospitalisés et s'agissant des débuts de l’épidémie, ils sont principalement chinois. Mais l'étude met en évidence les tâtonnements des équipes médicales pour trouver le remède adéquat.
Lopinavir/ritonavir : le traitement le plus couramment utilisé
Les antivirauxantiviraux sont le type de traitement le plus utilisé : 71,5 % des patients en ont reçu, avec en tête la combinaison phare Lopinavir/ritonavir, administrée à 21,9 % des malades. Arrivent ensuite les antibiotiques (46,6 %) puis les corticostéroïdescorticostéroïdes (26,1 %), comme le méthylprednisolone. Plus étonnant, 7,6 % des patients ont été soignés exclusivement ou en association avec des produits de médecine traditionnellemédecine traditionnelle comme les décoctions à base de plantes. Des remèdes officiellement recommandés par les autorités sanitaires chinoises même en l'absence de preuve scientifique. Les interféronsinterférons alpha et bêtabêta, des protéinesprotéines de la famille des cytokinescytokines aux propriétés antivirales, ont été administrés à 19,3 % des malades et 11,5 % ont été soignés avec des immunoglobulines (anticorpsanticorps).
Des prescriptions en dehors des protocoles de soins habituels et sans efficacité prouvée
« La très grande majorité de ces traitements ont été administrés en dehors de tout essai et de façon expérimentale, rapporte l'étude. Seule une minorité d'articles ont fait l'objet d'une publication de données exploitables sur leur efficacité. » Et c'est justement cet état d'urgence qu'évoquent certains praticiens, comme Didier RaoultDidier Raoult, pour justifier l'administration d'hydrochloroquine hors d'un cadre légal. En avril, l'Ordre des médecins a dû rappeler à l'ordre certains généralistes sur « des protocolesprotocoles de recherche illégaux et prescriptions hors Autorisation de mise sur le marchéAutorisation de mise sur le marché (AMM) ». Certains d'entre eux s'étaient en effet vantés d'avoir découvert le remède miracle à base d'antihistaminiquesantihistaminiques ou d'azithromycine (un antibiotique). Mais on voit bien que la pratique est courante également à l'hôpital.
Les médecins jouent-ils aux apprentis sorciers ou sont-ils juste préoccupés à trouver le meilleur traitement pour leur patient ? Pas sûr que les résultats des 1.783 essais cliniques en cours sur la Covid-19 apportent des réponses convaincantes. Face à des résultats contradictoires et parfois douteux, confrontée à une liste de symptômes qui évolue de jour en jour, la médecine risque de tâtonner encore un peu.