Le masque chirurgical est l'un des symboles de l'épidémie de coronavirus. Avec l'arrivée des vaccins, beaucoup espèrent qu'il ne sera bientôt plus qu'un lointain souvenir. Pourtant, on ne sait pas si les personnes vaccinées sont toujours contagieuses. Si c'est le cas, le masque pourrait encore être de rigueur.
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Pour beaucoup d'entre nous, la vaccination sera synonyme d'un retour à une vie normale avec la fin des hôpitaux surchargés, du confinement, des attestations, la réouverture des barsbars et des lieux de culture, et enfin, la fin du port du masque. Sur ce dernier point, un doute subsiste. En effet, les données du vaccin de PfizerPfizer, désormais publiées dans une revue à comité de lecture, n'indiquent pas si les personnes vaccinées sont encore contagieuses. Le port du masque pourrait alors s'avérer encore nécessaire malgré la vaccination.
Les données partagées par Pfizer et Moderna concernent la diminution des symptômes de la Covid-19 chez une population ayant reçu une préparation vaccinale par voie intramusculaire. Dans ce cadre, les deux vaccins ont démontré une grande efficacité : 95 % pour celui de Pfizer et 94,5 % pour celui de Moderna.
Mais il n'y a aucune information sur la contagiosité de ces personnes. Si elles sont toujours contagieuses, elles deviendraient alors des propagatrices silencieuses de la maladie car elles ne présenteraient plus de symptômes et pourraient contaminer les personnes non-vaccinées. Mais cela reste une hypothèse que l'on ne peut ni confirmer ni infirmer en l'état actuel des connaissances.
L'immunité particulière des muqueuses
Les voies respiratoires sont la porteporte d'entrée et de sortie du coronavirus. On transmet la maladie en excrétant des microgouttelettes contaminées et on l'attrape en respirant ces mêmes microgouttelettes. Comme de nombreux pathogènespathogènes se transmettent par voie aérienne, l'organisme a mis en place un système immunitairesystème immunitaire propre au système respiratoire (qui est aussi présent dans le système digestif). Il est caractérisé par la présence de tissus lymphoïdeslymphoïdes propres dans les muqueusesmuqueuses, appelés Malt pour mucosa-associated lymphoid tissue. Dans les voies respiratoires, on en dénombre trois présents dans les bronchesbronches, la cavité nasale et le larynxlarynx.
Ces tissus fonctionnent comme les ganglions lymphatiquesganglions lymphatiques, ils sont le lieu de multiplication et de la différenciation des lymphocyteslymphocytes TT et B. Il existe tout de même une différence, les anticorpsanticorps produits dans les muqueuses sont majoritairement des IgA. En profitant de cette particularité, certaines stratégies vaccinales, contre la grippegrippe ou certaines allergiesallergies entre autres, choisissent d'immuniser spécifiquement les muqueuses respiratoires, grâce à des sprays nasaux ou par voie oral.
Un manque de données
Une étude récente parue dans Science indique que les anticorps neutralisants qui apparaissent le plus tôt lors d'une infection sont des IgA au niveau des muqueuses. C'est d'autant plus flagrant chez les personnes souffrant d’une forme sévère de la Covid-19. Or, les données publiées par Pfizer sur l'immunogénicité de son vaccin ne font état que de la présence des anticorps sériques, et plus précisément les IgG, après la vaccination avec leur préparation vaccinale. On ne sait pas s'ils sont suffisants pour empêcher le coronavirus de s'échapper des voies respiratoires et de contaminer d'autres personnes.
Pour autant, l'optimisme voudrait que les anticorps produits par la vaccination diminuent suffisamment la charge viralecharge virale pour que nos éternuements ne soient plus contagieuxcontagieux. Mais, les données manquent cruellement pour en avoir la certitude.
Selon le New-York Times, Moderna et Pfizer vont conduire prochainement des tests pour savoir si des personnes ont été contaminées malgré la vaccination. Les deux firmes pharmaceutiques vont rechercher dans le sang des personnes immunisées des anticorps spécifiques à la protéineprotéine de la nucléocapside, ou protéine N. Comme ces personnes possèdent déjà des anticorps anti-protéine S, il faut rechercher un autre signe possible d'une infection, ici la protéine N qui forme la coque (située à l'intérieur de l'enveloppe) entourant le génomegénome du coronavirus. Ces recherches devraient prendre plusieurs semaines.
En attendant que la vaccination soit mise en place en France, le port du masque reste de rigueur. Au vu du flou qui persiste actuellement sur la contagiosité des personnes vaccinées, il semble raisonnable de continuer à le porter par précaution, même après les premières injections.