Les scientifiques français publient une mise à jour de la proportion de la population ayant été infectée par SARS-CoV-2 au niveau national, par région et par groupe d’âge. Un travail d'estimation rendu difficile pour les chercheurs en raison de la décroissance de l'immunité des anticorps mais que de nouvelles méthodes ont cependant permis de réaliser.

 


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    Ce travail d'estimation peut cependant être difficile à faire car les données de surveillance sur les cas, les hospitalisations et les décès ne captent qu'une petite proportion des infections. Les enquêtes sérologiques sont alors un outil précieux. Ces enquêtes permettent de mesurer la séroprévalence, c'est-à-dire la proportion de la population ayant développé des anticorps anti-SARS-CoV-2, ce qui signale une infection passée.

    Cependant, les enquêtes sérologiques restent difficiles à mettre en œuvre de façon régulière. Enfin, le phénomène de décroissance des anticorps (une personne peut perdre ses anticorps avec le temps) fait que la séroprévalence risque à terme de sous-estimer la proportion de la population ayant été infectée. Au fur et à mesure que de nouvelles données devenaient disponibles, les scientifiques de l'Institut Pasteur et du CNRS, en collaboration avec l'Inserm, Sorbonne Université et Santé Publique France ont développé de nouvelles approches pour tenter de suivre la proportion d'infectés à partir de ces données. Le 8 avril 2021, ils publient dans The Lancet Public Health une mise à jour de la proportion de la population ayant été infectée par SARS-CoV-2 au niveau national, par région et par groupe d'âge (dernière mise à jour le 23/03/21).

    Pendant le premier confinement, en l'absence de sérologie, par un travail d'intégration de données, publié dans la revue Science, Simon Cauchemez, responsable de l'unité ModélisationModélisation mathématique des maladies infectieuses à l'Institut Pasteur, et son équipe ont produit l'une des premières estimations de la proportion de la population française infectée par SARS-CoV-2 à la sortie du premier confinement le 11 mai 2020. Ils avaient estimé à l'époque que cette proportion devait se situer aux environs de 5 % au niveau national, avec des variations importantes entre régions (de l'ordre de 10 % en Ile de France et dans le Grand Est).

     Cette figure représente, en France métropolitaine, les estimations les plus récentes de la proportion de la population adulte (au-dessus de 20 ans) ayant été infectée par SARS-CoV-2 dans les différentes régions de France métropolitaine.
     Cette figure représente, en France métropolitaine, les estimations les plus récentes de la proportion de la population adulte (au-dessus de 20 ans) ayant été infectée par SARS-CoV-2 dans les différentes régions de France métropolitaine.

    Un même profil de mortalité

    Lorsque des données sérologiques sont devenues disponibles à l'international, les scientifiques ont cherché à déterminer si elles donnaient une image similaire à ce qu'indiquaient leurs premiers résultats. L'équipe de Simon Cauchemez a donc collecté les données de mortalité par âge pour 42 pays représentant 3,2 milliards de personnes et pour lesquels 22 enquêtes sérologiques ont été identifiées, permettant de calibrer les modèles. En analysant le risque relatif de décès par Covid-19Covid-19 en fonction de l'âge, ils ont mis en évidence que beaucoup de pays partageaient le même profil de mortalité par âge chez les personnes de moins de 65 ans ; et en ont déduit une approche pour estimer la proportion d'infectés dans un pays en utilisant uniquement le nombre de décès par groupe d'âge. L'analyse a été publiée dans la revue Nature.

      Les dernières estimations de la proportion de personnes infectées par SARS-CoV-2 sont présentées ci-dessous au niveau national, par région et par groupe d’âge (datées du 23 mars 2021).
      Les dernières estimations de la proportion de personnes infectées par SARS-CoV-2 sont présentées ci-dessous au niveau national, par région et par groupe d’âge (datées du 23 mars 2021).

    Plus récemment, les chercheurs ont développé une méthode pour monitorer la proportion d'infectés par âge et par région en France, aujourd'hui publiée dans The Lancet Public Health. Les chercheurs de l'Institut Pasteur et du CNRS, en collaboration avec l'Inserm et Santé Publique France, ont développé une nouvelle méthode pour estimer la proportion d'infectés par âge et par région en analysant conjointement les données françaises d'hospitalisation et de séroprévalence. Pour chaque groupe d'âge, les scientifiques comparent le nombre d'hospitalisations qu'il y a eu durant la première vaguevague avec le nombre d'infections estimées par la grande enquête de séroprévalence SAPRIS durant cette vague. Ils en déduisent une estimation des probabilités d'être hospitalisé lorsqu'on est infecté, pour chaque groupe d'âge. Connaissant les nombres de personnes hospitalisées chaque jour par groupes d'âge, il est possible ensuite d'utiliser les probabilités d'hospitalisation pour estimer le nombre d'infections survenues dans chaque groupe au cours du temps.