La réinfection par le Sars-CoV-2, à l'origine de la pandémie de Covid-19, est rare ; néanmoins, elle existe s'accorde à penser la communauté scientifique aujourd'hui. Pourquoi est-on réinfecté quand d'autres semblent immunisés ? Les chercheurs travaillent à cerner les deux faces de cette même pièce. L'Inserm et son Canal Détox font le point sur les données encore parcellaires sur le sujet.
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Plusieurs études de cas évaluées par les pairs et publiées dans des journaux scientifiques le confirment : les réinfections par le nouveau coronavirus à l'origine de la pandémie de Covid-19 sont possibles. Toutefois, les données disponibles sur le sujet restent encore parcellaires et le nombre de cas documentés avec suffisamment de rigueur très limité. En l'état actuel des connaissances, la plupart des scientifiques s'accordent donc pour dire que le phénomène de réinfection demeure rare.
Il apparaît néanmoins nécessaire de continuer les recherches sur cette thématique, et de manière plus générale sur l'immunité, afin de mieux la comprendre et d'appréhender les éventuelles caractéristiques immunologiques et génétiques communes qui pourraient exister entre les patients réinfectés. Pour y voir plus clair, Canal Détox, avec Frédéric Altare, chercheur Inserm et immunologiste au Centre de recherche en CancérologieCancérologie et Immunologie Nantes-Angers (CRCINA), font le point sur ce que l'on sait et sur ce que l'on cherche encore à savoir au sujet des réinfections et de l'immunité dans le contexte de la pandémie.
Un timide optimisme vite contrarié
Dès ses débuts, la question de la réinfection s'est posée. Au printemps 2020, une étude publiée dans Nature Review Immunology menée sur des modèles animaux a montré qu'en réinfectant des primates non humains quelques temps après une première exposition au SARS-CoV-2SARS-CoV-2, ceux-ci ne développaient aucun symptômesymptôme de la maladie. Par ailleurs, aucun signe de réplicationréplication du virusvirus n'était observé dans des prélèvements nasopharyngés. Les conclusions de cette étude étaient donc prudemment optimistes, suggérant un certain degré d'immunisation contre le virus après une première infection.
À la même époque, des études décrivant les premiers cas de réinfection potentielle chez l'humain sont parues. Cependant, elles présentaient un certain nombre de limites. Par exemple, une étude publiée dans l'American Journal of Emergency Medicine documentait le cas d'un patient de 82 ans admis à l'hôpital en avril. Après 28 jours en soins intensifs, celui-ci avait pu réintégrer son domicile à l'issue de deux tests PCRtests PCR négatifs. Dix jours plus tard, l'émergenceémergence de nouveaux symptômes l'obligeait à se diriger vers les services hospitaliers.
La réinfection n'a cependant pas pu être confirmée, les chercheurs estimant que des traces du virus auraient pu subsister dans son organisme entre ses deux passages à l'hôpital et que les tests PCR auraient pu donner des résultats faux négatifs. D'autres publications ont fait état de situations similaires, sans parvenir non plus à montrer qu'il s'agissait de réinfection.
Les réinfections sont confirmées
Plus récemment, des équipes ont réussi à dépasser ces limites et ont confirmé la possibilité de la réinfection. Une étude publiée dans Clinical Infectious Diseases a ainsi montré qu'un patient avait été infecté à deux reprises à 142 jours d'intervalles. Il était asymptomatique la deuxième fois. Ces résultats ont été rendus possibles grâce à l'analyse du génomegénome viral contenu dans des prélèvements effectués lors de la première et de la seconde infection, et à leur comparaison avec les séquences de SARS-CoV-2 sur la plateforme GISAID. Les chercheurs ont montré qu'il s'agissait de deux souches différentes et que la patient avait donc été infecté deux fois, par deux formes génétiques distinctes de SARS-CoV-2.
Parmi ces quelques cas de réinfection rigoureusement confirmés, seul un, décrit en octobre 2020 dans The Lancet, avait présenté des symptômes plus sévères la seconde fois, suite à la réinfection.
Parvenir à identifier les profils susceptibles de se réinfecter
Si les personnes réinfectées souffrent peut-être d'un défaut de réponse immunitaireréponse immunitaire qu'il faut encore mettre en évidence, les données disponibles suggèrent donc qu'une forme d'immunité, même partielle, se met en place suite à un premier contact avec le virus. Reste à déterminer combien de temps une telle protection peut durer et quel est son degré d'efficacité à long terme. En effet, de nombreuses interrogations demeurent concernant la réponse immunitaire au SARS-CoV-2.
Les résultats des essais vaccinaux en cours, qui passent par une analyse précise de la réponse immunitaire des volontaires et de leur risque d'être infectés en ayant reçu un candidat vaccin, pourraient permettre d'y voir plus clair sur ces questions. Ils devraient ouvrir la voie à une caractérisation plus précise de la réponse immunitaire au Covid-19 et du phénomène de réinfection, notamment en identifiant les profils qui y sont le plus susceptibles et pour quelles raisons.