Une protéine constituante du SARS-CoV-2 a été retrouvée dans plusieurs tissus oculaires d'une patiente de 64 ans. Cette dernière avait été hospitalisée pour la Covid-19 en janvier 2020. Les protéines dans ses yeux ont été identifiées deux mois plus tard, alors qu'elle souffrait de douleurs oculaires.

Le coronavirus semble pouvoir se frayer un chemin dans beaucoup d'organes du corps humain après son entrée par les voies respiratoires. Deux scientifiques d'un hôpital de Wuhan, en Chine, ont décrit le cas inédit d'une patiente qui, après avoir guéri de la Covid-19, souffrait d'un glaucome. Des protéines du coronavirus ont été isolées dans plusieurs cellules oculaires deux mois après son infection. Les résultats sont détaillés dans Jama Ophtalmology.

Résultats de l'immunofluorescence dans l'iris et le trabéculum de la patiente guérie de la Covid-19. La fluorescence verte est spécifique de la nucléocapside du SARS-CoV-2. Ces échantillons sont comparés à ceux d'un patient ayant aussi eu un glaucome mais non infecté par le coronavirus. La fluorescence verte spécifique de la nucléocapside est absente. © Ying Yan et al., <em>Jama Ophtalmology</em>
Résultats de l'immunofluorescence dans l'iris et le trabéculum de la patiente guérie de la Covid-19. La fluorescence verte est spécifique de la nucléocapside du SARS-CoV-2. Ces échantillons sont comparés à ceux d'un patient ayant aussi eu un glaucome mais non infecté par le coronavirus. La fluorescence verte spécifique de la nucléocapside est absente. © Ying Yan et al., Jama Ophtalmology

Des protéines du SARS-CoV-2 dans plusieurs tissus oculaires

La patiente est une femme de 64 ans admise à l'hôpital au début de la pandémie, fin janvier 2020. Souffrant de fièvre et de diarrhée, les médecins lui diagnostiquent la Covid-19. Dix-huit jours plus tard, elle quitte l'hôpital, remise sur pied.

Mais, fin février, la patiente se plaint de douleur à l'œil gauche et d'une perte d'acuité visuelle. On lui diagnostique alors un glaucome à angle fermé ainsi qu'une cataracte. Malheureusement, les traitements habituels n'ont pas d'effet sur la pression intraoculaire, elle subit alors une trabéculectomie, une opération chirurgicale qui a pour but de retirer tout ou une partie du trabéculum, un tissu situé entre l'iris et la cornée. Durant l'opération, l'ophtalmologue a aussi prélevé des échantillons de conjonctive et de l'iris.

Voir aussi

Notre dossier sur les yeux et la vision

La protéine constituant la nucléocapside (le cocon protéique qui entoure le génome situé à l'intérieur de l'enveloppe virale) du coronavirus SARS-CoV-2 a été détectée dans les cellules de la conjonctive, du trabéculum et de l'iris de la patiente. Des analyses de sang pour y rechercher la même protéine dans le plasma se sont révélées négatives.

Le cas de cette patiente suggère que le coronavirus pourrait infecter certaines cellules de l'œil, sans que le mécanisme d'infection ne soit élucidé. Les cellules formant la conjonctive expriment le récepteur ACE2 et pourraient servir de porte d'entrée au coronavirus. Il ne s'agit là que d'une hypothèse. De précédentes études rapportaient déjà la présence du génome du SARS-CoV-2 dans les yeux de certains infectés, mais à une fréquence très faible.