Quelque 500 millions de personnes en Asie du Sud-Est sont exposées aux chauves-souris porteuses de coronavirus. Des interactions qui présentent un grand risque de transmission, même si la plupart d’entre elles sont bénignes et passent inaperçues.
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Si personne n'a encore confirmé l’origine du SARS-Cov-2, il est quasiment certain que le virus provient d'un réservoir animal, et plus probablement d'une chauve-sourischauve-souris. Ces vingt dernières années, plusieurs virus issus de chauves-souris ont ainsi « sauté » de l'animal à l'Homme, causant des épidémies, comme le SRAS, le MERS, et bien sûr, la Covid-19. Des événements, somme toute, relativement rares. À moins que...
Selon une nouvelle étude pré-publiée sur le serveurserveur MedXriv, environ 400.000 personnes seraient infectées chaque année par un coronavirus de type SARS-CoVSARS-CoV. Et l'on parle bien ici d'une transmission directe et non pas de tous les cas de transmission interhumaine qui peuvent éventuellement survenir après. En somme, c'est un peu comme si l'on avait 400.000 « patients zéropatients zéro » de SARS-CoV-2SARS-CoV-2 chaque année.
Chaque infection représente un risque potentiel que le virus s’adapte à l’humain
Sauf que, bien entendu, la plupart de ces coronavirus n'entraînent aucun symptômesymptôme ou seulement des symptômes bénins, de telle sorte que ces infections passent complètent inaperçues. Soit ils sont mal adaptés à l'humain, soit ils sont immédiatement détruits par le système immunitairesystème immunitaire, soit ils restent cantonnés à de petites communautés. Néanmoins, chacune des 400.000 infections représente le risque que le virus s'adapte à son hôte et entraîne une épidémie, mettent en garde les chercheurs. « Il y a certainement aussi un grand nombre de maladies liées à ces coronavirus et dont on n'identifie pas la cause », avance Peter Daszak, l'auteur principal de l'étude.
Le saviez-vous ?
La plupart du temps, les chauves-souris ont un mode de vie nocturne et n’ont pas de contact direct avec les humains même si elles vivent ou s’abritent dans des grottes à proximité des zones d’habitation. La transmission se fait via leurs excréments ou leur urine.
Un modèle statistique et épidémiologique
Parmi les chauves-souris, 23 espècesespèces sont connues pour être porteuses de coronavirus de type SRAS susceptibles de passer à l'Homme. Ces chauves-souris vivent pour la plupart en Asie -- ce qui explique pourquoi la majorité des épidémies trouvent leur source dans cette région--, notamment dans le sud de la Chine, au Laos, au Vietnam et en Indonésie, des zones très peuplées. Peter Daszak et ses collègues de l'alliance EcoHealth et de la Duke-NUS Medical School de Singapour ont créé une carte détaillée des 23 espèces et ont constaté que 500 millions de personnes étaient exposées à ces chauves-souris.
Ils ont ensuite utilisé un modèle épidémiologique et statistique pour évaluer la fréquence des zoonoseszoonoses liées à ces chauves-souris. Ils se sont par exemple appuyés sur une précédente étude portant sur 218 personnes et montrant qu'au moins de 3 % d'entre elles avaient été testées positives pour les anticorpsanticorps de coronavirus transmis par les chauves-souris. Les chercheurs ont pris en compte différents paramètres, comme le nombre d'espèces de chauves-souris susceptibles d'abriter des virus de type SRAS, la capacité de ces virus à infecter les humains, la duréedurée et la fréquence de contacts, ou le degré d'immunitéimmunité des populations exposées.
“La meilleure façon de prévenir les épidémies est de contrôler le passage initial de l’animal à l’Homme”
Cette étude n'est pas la première à montrer la forte présence des coronavirus de type SRAS chez les chauves-souris. En février, des scientifiques avaient ainsi identifié deux variants proches du SARS-CoV-2 circulant au Cambodge il y a plus de 10 ans. En 2020, six coronavirus inconnus avaient été identifiés chez des chauves-souris en Birmanie. Les coronavirus ne sont cependant pas les seuls virus animaux à menacer les humains.
Le virus Ebola, par exemple, est un filovirusfilovirus tandis que le virus de Lassa est un arénavirus (le principal réservoir de ce dernier est un petit rongeurrongeur appelé Mastomys natalensis). Mais, dans le contexte de la Covid-19, notre attention devrait particulièrement se porter sur les virus SARS-CoV, avancent les auteurs de l'étude. « La meilleure façon de prévenir les épidémies et les pandémiespandémies est de contrôler le passage initial de l'animal à l'Homme et de surveiller le début de propagation des épidémies avant qu'elles ne deviennent incontrôlables ». Comme on le voit sur les cartes, le travail se situe clairement du côté de l'Asie.