Files d’attente interminables devant les laboratoires, résultats en retard… La politique de tests massifs préconisée par le gouvernement se heurte aux capacités d’analyse des laboratoires. La start-up française Fluigent veut lancer un laboratoire miniature capable de délivrer un diagnostic en quelques heures. Le tout grâce à la microfluidique, un domaine aux promesses incalculables.


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    Chacun a pu voir ces derniers mois les files d'attente interminables devant les laboratoires d'analyses médicales. Une fois effectués, les tests RT-PCR, qu'ils soient nasopharyngés ou salivaires, sont envoyés dans d'autres laboratoires spécialisés qui sont débordés et manquent de réactifsréactifs. Le temps que revienne le résultat, il s'est parfois écoulé jusqu'à 10 jours. Bien trop long quand on sait que la période contagieuse de la Covid-19 intervient surtout dans les tout premiers jours. Quant aux tests « rapides » antigéniques, ils s'avèrent beaucoup moins fiables. Il existe pourtant un moyen de compresser considérablement les délais tout en réduisant les coûts et en conservant le même niveau de fiabilité, grâce à la microfluidique.

    Le saviez-vous ?

    La microfluidique est la manipulation de fluides (liquides ou gaz) à très petite échelle. On fait ainsi passer le fluide au travers d’un réseau de canaux ultrafins (une centaine de micromètres de diamètre), comme un « circuit électronique » de minuscules tubes gravés sur des « puces » en plastique. La microfluidique est par exemple à l’origine de l’encre électronique, la tête d’imprimante à jet d’encre ou encore le test de grossesse. En biologie, elle permet de miniaturiser les expériences et d’effectuer plusieurs opérations en parallèle. Elle trouve aujourd’hui de nombreuses applications dans le domaine de la biologie, de la médecine, la chimie ou la pétrochimie ou l’agroalimentaire.

    C'est le pari de Fluigent, le leader français de la microfluidiquemicrofluidique basé au Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne) qui lance aujourd'hui un appel aux grands acteurs du secteur du diagnostic pour codévelopper des mini-laboratoires mobilesmobiles d'analyses tout-en-un. Ces machines, de la taille d'une imprimante de bureau, délivrent un résultat en quelques minutes ou quelques heures selon la technologie de diagnostic.

    Moins de réactifs, moins de manipulations, moins de transport

    Et c'est loin d'être leur seul avantage. « La machine permet d'automatiser tous les processus manuels. C'est comme passer d'un café préparé à la main à une machine à capsules », illustre France Hamber, la présidente de Fluigent. Il suffit d'insérer le prélèvement dans la machine, qui se charge du processus d'analyse et délivre le résultat. « Comme on utilise beaucoup moins de liquideliquide et donc de réactifs, le test est aussi moins coûteux », détaille-t-elle.

    De plus, ce système miniaturisé permet d'effectuer plusieurs opérations en parallèle, ce qui signifie qu'on peut traiter plusieurs échantillons à la fois. Mais le principal atout de Fluigent, c'est que la machine peut être utilisée directement par le laboratoire qui fait les prélèvements. « On supprime ainsi toute la chaîne logistique avec les envois des échantillons, les délais de retour, etc., décrit France Hamber. L'idée est de décentraliser les analyses en les faisant localement et de minimiser les risques de diffusiondiffusion ».

    Fluigent permet de créer des mini-laboratoires mobiles d'analyses tout-en-un. Un gros atout dans l’accélération des tests de détection Covid. © Fluigent
    Fluigent permet de créer des mini-laboratoires mobiles d'analyses tout-en-un. Un gros atout dans l’accélération des tests de détection Covid. © Fluigent

    Des mini-laboratoires sur puce

    Outre les tests PCR, Fluigent peut traiter tous types de tests de diagnostic, comme les tests sérologiquestests sérologiques, des tests sanguins, des analyses génétiques ou d'identification de protéines. « Nous sommes déjà en discussion avec des industriels du diagnostic, mais souhaitons en engager aussi avec d'autres acteurs du secteur tels que Abbott, Roche, Biomérieux, Cepheid ou Kiagen », indique la présidente de Fluigent. La start-upstart-up est également impliquée dans beaucoup d'autres domaines de recherche. « La miniaturisation permet de créer des "organes sur puce", grâce auxquels on peut simuler l'action d'un médicament sur de vraies cellules humaines. Cela permet de se passer des tests sur les animaux, et de faire gagner un temps de développement précieux aux laboratoires pharmaceutiques », avance France Hamber.

    Fluigent :

    • Secteur : microfluidique
    • Date de création : 2006
    • Présidente : France Hamber
    • Effectif : 50 personnes
    • Localisation : Le Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne)