Distanciation sociale. Depuis quelques jours, avec l’explosion de la crise du coronavirus, l’expression est sur les lèvres de tous les journalistes, de tous les membres du gouvernement et de tous les experts, médecins et chercheurs. Mais pourquoi ? Pourquoi sont-ils aussi unanimes à vouloir nous faire rester chez nous ?


au sommaire


    En France, on se fait la bise, on partage des apéros et on discute sans fin autour d'un café. C'est notre façon de voir la vie. En société. Et avec la crise du coronavirus plus encore, nous avons envie de nous serrer les coudes. De nous réunir pour ne pas céder à l'angoisse. Mais aujourd'hui, l'heure est grave. « Nous sommes en guerre », a déclaré hier soir notre président de la République. Et les autorités nous conjurent, aujourd'hui plus que jamais, de rester chez nous.

    Le saviez-vous ?

    La distanciation sociale peut prendre plusieurs formes. Éviter de faire la bise à votre voisin ou de serrer la main à votre facteur au moment de lui dire bonjour, c’est de la distanciation sociale. Éviter les magasins aux heures de pointes, c’est de la distanciation sociale. Éviter de prendre part à une manifestation publique ou à un repas de famille, c’est de la distanciation sociale. Plus globalement, éviter les contacts humains, c’est de la distanciation sociale.

    Pourquoi ? D'abord, parce que, les chercheurs sont unanimes à ce sujet : en l'absence de véritable traitement, en l'absence de vaccin, la distanciation sociale est à ce jour, le seul moyen efficace de freiner cette pandémie. Car, comme le soulignait fort justement jeudi dernier, Jérôme Salomon, directeur général de la Santé : « Le coronavirus ne circule pas en France. Ce sont les hommes et les femmes qui le transmettent. »

    Alors, pour les autorités politiques et sanitaires, le mot d'ordre est lancé. Et des personnalités s'en font désormais l'écho sur les réseaux sociaux.

    Parce que nous pouvons tous transmettre le coronavirus

    Pourtant, nous ne nous sentons pas tous concernés. Parce que nous sommes jeunes. Parce que nous sommes en bonne santé. Parce que nous ne présentons aucun symptôme.

    Mais il faut savoir qu'au-delà du fait que personne ne devrait se sentir invulnérable face à ce coronavirus, celui-ci présente deux particularités qu'il ne faut pas négliger.

    D'abord, il semble faire un certain nombre de victimes paucisymptomatiques (peu symptomatiques). Toutes ces personnes atteintes du virus sans pour autant présenter de véritables symptômes. Sans même le savoir, donc. Autant de personnes qui restent cependant contagieuses et susceptibles de transmettre le coronavirus. Notamment à des personnes fragiles pour lesquelles le risque de mortalité est bien plus élevé. Rester à la maison uniquement si vous ressentez des symptômes n'est donc pas suffisant. Il faut tout simplement rester chez vous dès maintenant.

    D'autant que ce coronavirus est particulièrement contagieuxcontagieux. Son taux de reproduction, son R0, apparaît relativement élevé - il se situe quelque part entre 2 et 3 - comparé à celui de la grippe saisonnière - qui est de l'ordre de 1,5.

    Pour ne pas saturer les services de soins

    Comme l'explique David Louapre, un physicienphysicien français, sur son blog, « une épidémie, c'est une réaction en chaîneréaction en chaîne ». Et comme le R0 dépend non seulement des caractéristiques du virus, mais aussi de nos comportements, « les mesures de distanciation sociale peuvent avoir un effet totalement disproportionné par rapport au changement initial que l'on fait. Un modèle-jouet peut facilement montrer comment en divisant très simplement nos contacts par deux et en divisant la probabilité de transmission d'un virus de ce type par deux - en se tenant à plus d'un mètre des autres personnes ou en se lavant les mains très régulièrement -, on peut passer de deux millions de morts à seulement 180 ! » Parlant d'un modèle-jouet et certainement pas d'une quelconque prédiction, encore une fois.

    Ainsi, si aucune mesure de distanciation sociale n'est prise, nous risquons l'emballement. L'emballement des cas et de fait, l'emballement des cas graves. C'est donc bien la saturation des services de soins que les autorités craignent le plus. Une saturation qui pourrait conduire à une surmortalité très importante.

    Dimanche soir sur le plateau de TF1, OlivierOlivier Véran, ministre de la Santé, le disait déjà : « Ce n'est pas un acte de résistancerésistance que de sortir quand on vous dit de ne pas sortir. C'est un acte d'inconséquence ou d'insouciance. Et l'insouciance, aujourd'hui, elle peut tuer. »

    Alors, dans les prochains jours... Restez chez vous !