Selon deux chercheurs du MIT, le risque de contamination dans un espace fermé est aussi grand à un mètre qu’à dix mètres. Très critiques sur les recommandations officielles, les auteurs préconisent plutôt de se fier au temps passé à l’intérieur.


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    Les restaurants et les lieux publics (théâtre, cinéma...) pourraient rouvrir mi-mai moyennant un protocoleprotocole de sécurité drastique : distance minimale entre les tables, un siège occupé sur trois, jauge de 50 % de capacité d'accueil, pas plus de six à table, gelgel hydroalcoolique à volonté... Toutes ces contraintes seraient pourtant largement inutiles, si l'on en croit une nouvelle étude du MIT (Massachusetts Institute of Technology). « En intérieur, le risque de contamination est exactement le même que l'on soit à 1,8 mètre [distance de sécurité préconisée aux États-Unis] ou à 18 mètres », attestent les auteurs dans la revue PNAS.

    Aucun avantage à la règle des deux mètres de distance

    Martin Bazant et John Bush, tous deux professeurs au MIT, ont modélisé la transmission du SARS-CoV-2 dans un espace fermé, à travers toute une série de facteurs : temps passé dans la pièce, dimension de la salle, filtration et circulation de l'airair, port du masque, variants, taux d'immunisation, et activités des occupants (respirer, manger, parler ou chanter). Leur conclusion est sans appel : « Il n'y a pas davantage à la règle des 1,8 mètre, puisque tout le monde dans la pièce respire le même air », tranche Martin Bazant dans une interview à CNBC. « La distanciation sociale et le masque donnent un faux sentiment de sécurité dans les pièces fermées », poursuit-il. 

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    La principale variable, pourtant négligée par les directives des autorités de santé, est le temps passé dans la pièce et le nombre de convives. « Plus le nombre d'occupants est grand et plus vous restez longtemps dans la pièce, plus le risque de contamination est élevé », résume Martin Bazant dans une interview au Washington Post.

    Les règles de distanciation sociale ont sans doute entraîné la fermeture injustifiée de nombreux lieux

    Du coup, les règles de distanciation sociale et de taux d'occupation ont sans doute entraîné la fermeture injustifiée de nombreux lieux (écoles, entreprises, musées...). « Cet accent mis sur la distance est vraiment déplacé dès le début. Les CDC [qui établissent les recommandations de santé aux États-Unis, ndlr] et l'OMS n'ont jamais vraiment fourni de justification à cela. La seule explication scientifique que je connaisse est basée sur des études sur la toux et les éternuements, où ils examinent les grandes particules, alors que c'est très approximatif, vous pouvez avoir une portée plus longue ou plus courte, de petites et de grandes gouttelettes, etc. », relativise Martin Bazant. La transmission ne se fait en réalité pas directement par les gouttelettes contaminées, mais lorsque celles-ci se mélangent à l'air ambiant et voyagent dans toute la pièce.

    Image du site Futura Sciences
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    La transmission du virus se fait plus par l’air ambiant que par la projection directe de gouttelettes. © creative_jen, Adobe Stock

    La contamination en extérieur quasi inexistante

    Inutile également d'investir dans un système de filtration sophistiqué. « Ouvrir des fenêtresfenêtres ou installer de nouveaux ventilateurs pour maintenir l'air en mouvementmouvement est tout aussi efficace voire même plus efficace », assure le chercheur.

    Même si l'étude n'a pas examiné les conditions de transmission à l'extérieur, les deux auteurs confirment que ce risque est faible. « En extérieur, l'air chaud expiré a tendance à monter et être emporté par le ventvent, indique Martin Bazant. Les cas de contamination à l'extérieur sont d'ailleurs extrêmement rares », même s'il est toujours possible d'être infecté dans un endroit bondé comme un concert.


    Covid-19 : une distance de 1 à 2 mètres « simplifie à l’extrême la situation et sous-estime les risques »

    Article de Nathalie MayerNathalie Mayer publié le 07/09/2020

    Pour limiter la propagation du coronaviruscoronavirus responsable de la pandémiepandémie de la Covid-19Covid-19, voici des mois que l'on nous demande de nous tenir à plus d'un mètre de distance des autres. Quelles que soient les circonstances. Mais des chercheurs avancent aujourd'hui que les règles de distanciation seraient plus efficaces si elles étaient adaptées à l'environnement dans lequel nous évoluons et à la nature du contact que nous avons avec les autres en question.

    Un mètre, un mètre cinquante, deux mètres. Cela varie selon les pays. Mais depuis le mois de mars dernier, les autorités nous recommandent de garder nos distances avec les autres pour limiter la transmission du coronavirus responsable de la pandémie de la Covid-19, le SARS-CoV-2. Aujourd'hui, des chercheurs de l'université d'Oxford (Royaume-Uni) et du MIT (Massachusetts Institute of Technology) prétendent que ces recommandations sont basées sur « une science dépassée ». Ils affirment même que penser qu'une distance de un à deux mètres peut nous protéger « simplifie à l'extrême la situation et sous-estime les risques ».

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    La règle des un à deux mètres de distance a été proposée en 1897. Basée alors sur la distance à laquelle des gouttelettes visibles contenaient des agents pathogènes. En 1948, une nouvelle étude sur la propagation des streptocoquesstreptocoques hémolytiques a montré que la plupart des patients ne produisent que de grosses gouttelettes dont moins de 10 % se déplacent au-delà de 1,70 mètre. Des travaux qui manquaient de précision, mais qui ont visiblement marqué les esprits.

    Les travaux les plus récents montrent quant à eux des gouttelettes projetées bien plus loin. Jusqu'à 6 à 8 mètres. Et d'autres épidémiesépidémies -- comme celle du SARS-CoV-1, du MERS-CoVMERS-CoV ou de la grippe aviairegrippe aviaire -- ont permis de constater des propagations présumées des virusvirus au-delà de 2 mètres.

    Ce tableau récapitule les risques de transmission du SARS-CoV-2 parmi des personnes asymptomatiques et en fonction de divers critères. © Université d’Oxford et <em>Massachusetts Institute of Technology</em>
    Ce tableau récapitule les risques de transmission du SARS-CoV-2 parmi des personnes asymptomatiques et en fonction de divers critères. © Université d’Oxford et Massachusetts Institute of Technology

    Des mesures de distanciation à adapter aux situations

    L'explication est assez simple. Séparer les gouttelettes en deux grandes catégories ne permet pas de conclure de manière fiable. Par le passé, les chercheurs estimaient qu'il suffisait de distinguer les grosses gouttelettes des petites. Les premières tombent avant de s'évaporer. Les secondes s'évaporent avant de tomber. Et finalement, aucune des deux ne dépasse vraiment la distance de un à deux mètres.

    Mais dans la réalité, les choses sont plus compliquées. Les gouttelettes émises lorsque l'on éternue, que l'on tousse ou même que l'on parle ou que l'on respire existent dans un continuum de tailles. Et des facteurs extérieurs influent sur la distance qu'elles parcourent. Chanter, par exemple, génère des nuagesnuages de gazgaz chauds et humides, à forte impulsion d'air expiré et avec des gouttelettes dont la portée peut atteindre les 7 à 8 mètres en quelques secondes. Dans un restaurant, les flux d'air conditionnéair conditionné peuvent aussi être à l'origine de contaminations sur des personnes n'ayant pas eu de contact direct et situées à des distances de plus de 4 mètres les unes des autres. Dans un environnement extérieur, en revanche, les gouttelettes sont plus rapidement diluées.

    Le saviez-vous ?

    La problématique de la transmission ne s’arrête pas à la seule distance que peuvent parcourir les gouttelettes. Encore faut-il que le coronavirus qu’elles transportent puisse rester infectieux. Et les quelques études qui se sont posé la question semblent apporter une réponse négative.

    Les chercheurs recommandent ainsi que les règles de distanciation soient désormais adaptées à la situation et au niveau de risque. Pour les rendre à la fois plus efficaces et plus acceptables par la population. Dans un barbar, par exemple, une distance de plus de deux mètres devrait être respectée, même si les personnes considérées sont toutes asymptomatiques. Et d'autant plus que ces calculs ne tiennent pas compte des vulnérabilités individuelles.


    Coronavirus : une séparation d'un mètre ne suffit pas

    Étonnant. Une simulation numériquesimulation numérique montre que les mesures de distanciation sociale sont insuffisantes pour être vraiment efficaces. Réalisée par Ansys, cette étude interroge et devrait nous inciter à nous espacer les uns des autres davantage que le mètre préconisé. Thierry Marchal, directeur Santé chez Ansys, répond à nos questions.

    Article de Rémy DecourtRémy Decourt paru le 11/04/2020

    Simulation de la propagation des gouttelettes responsables de la transmission du virus lors d’une interaction. Une simulation qui montre que les distances recommandées d'un mètre ne sont pas assez significatives pour être réellement efficaces. Cette simulation a été réalisée par Ansys. © Ansys
    Simulation de la propagation des gouttelettes responsables de la transmission du virus lors d’une interaction. Une simulation qui montre que les distances recommandées d'un mètre ne sont pas assez significatives pour être réellement efficaces. Cette simulation a été réalisée par Ansys. © Ansys

    Parmi les mesures simples que tout un chacun peut prendre pour se protéger de l'épidémie de Covid-19 et ralentir sa progression, les gestes barrières et les mesures de distanciation sociale sont ceux les plus couramment recommandés et utilisés.

    Alors qu'il est recommandé d'observer une distance d'un mètre entre les individus, une simulation numérique montre que ces mesures de distanciation sociale sont insuffisantes pour être vraiment efficaces ! Réalisée par Ansys, spécialiste mondial de la simulation numérique, cette simulation interroge. À la suite de cette étude, il serait intéressant d'entendre l'avis des autorités politiques et sanitaires qui ont décidé ce geste barrière.

    Cette simulation montre que les distances recommandées d'un mètre ne sont pas assez significatives pour être efficaces. © Ansys, YouTube

    Les distances recommandées par les autorités sanitaires et politiques sont-elles assez significatives pour être réellement efficaces ? Si l'on se fie à cette étude, la réponse est clairement non. La distance d'un mètre recommandée n'est à l'évidence pas suffisante.

    Le saviez-vous ?

    La problématique de la transmission ne s’arrête pas à la seule distance que peuvent parcourir les gouttelettes. Encore faut-il que le coronavirus qu’elles transportent puisse rester infectieux. Et les quelques études qui se sont posé la question semblent apporter une réponse négative.

    Des recommandations de distanciation sociale insuffisantes

    Pour arriver à cette conclusion, Ansys a simulé la propagation des gouttelettes responsables de la transmission du virus lors d'une interaction entre plusieurs individus et durant la pratique d'un sport. La modélisationmodélisation démontre que les gouttelettes peuvent être expulsées jusqu'à 28 mètres par seconde lors d'une toux ou d'un éternuement. L'éloignement entre deux personnes statiques devrait donc être d'au moins de deux mètres, soit le double de la distance actuellement recommandée.

    Quant aux personnes pratiquant un sport et qui respirent par définition plus fort durant l'effort, des distances plus grandes entre chaque individu sont à respecter. Un coureur devrait respecter une distance de trois mètres minimum et les cyclistes de 10 mètres.

    Simulation de la propagation des gouttelettes lors d'exercices physiques. © Ansys

    Thierry Marchal, directeur Santé chez Ansys, répond à nos questions :

    Pourquoi avoir réalisé cette étude ?

    Thierry Marchal : La simulation numérique est une formidable technologie qui permet de prédire et visualiser des choses parfois difficiles à mesurer afin de mieux comprendre les phénomènes et les améliorer. C'est donc une technologie idéale pour éduquer par l'image et la compréhension. Dès le début de la pandémie, Ansys a souhaité exploiter cette technologie pour le bien de la population. Ces recherches ont pour but d'informer le grand public sur les comportements qui peuvent protéger du risque de contamination par le Covid-19 et d'aider les professionnels de santé à diminuer ces risques dans les hôpitaux et autres établissements de santé. De plus, les résultats de ces simulations permettent d'apporter des enseignements utiles quant à l'efficacité des mesures barrières préconisées voire d'ajuster des recommandations.

    Comment simule-t-on la propagation de gouttelettes ?

    Thierry Marchal : Les gouttelettes sont des sphères de liquideliquide qui se propagent dans l'air. Ces comportements sont très largement étudiés dans les moteurs de voiturevoiture, les sprays chimiques, pharmaceutiques, etc. D'après des études scientifiques sur le sujet, nous savons quelles sont les tailles des gouttelettes sortant de la bouche ainsi que leur vitessevitesse d'expulsion si une personne respire, tousse ou éternue. Nous exploitons donc des technologies existantes et largement validées et nous les adaptons à la santé. Il est donc possible de simuler la propagation de gouttelettes grâce à des logicielslogiciels de modélisation de la dynamique des fluides et ce, en agissant sur plusieurs paramètres : présence de vent ou non, taille et position relative des personnes qui se trouvent autour du sujet étudié.

    Avez-vous calculé le risque d'être infecté par le Covid-19 selon que l'on est à une distance de 1, 1,5 mètre ou 2 mètres d'une autre personne ?

    Thierry Marchal : Les recherches menées par Ansys montrent qu'une distance d'un mètre est insuffisante pour se protéger de la contamination par le Covid-19. En effet, à cette distance, les gouttelettes expulsées lors d'un éternuement ou d'une quinte de toux peuvent parcourir jusqu'à 28 m/s dans certaines conditions et n'ont pas le temps de retomber au sol sous l'effet de la gravitégravité. Après 1,5 mètre ou 2 mètres, la majorité des gouttelettes, en matièrematière de volumevolume rejoignent le sol. Le risque de contamination est moindre, mais le risque nul n'existe pas toutefois.