Une récente revue parue dans le Journal of American Medicine Association (JAMA) revient sur l'efficacité connue actuellement des traitements en cours d'étude dans la lutte contre le Covid-19. Sa conclusion est pour l'instant claire : aucun traitement n'est efficace. 


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    Depuis le début de la pandémie, c'est la course aux traitements. En effet, trouver une thérapeutique efficace contre le Covid-19, que ce soit pour soigner les patients dans un état sévère, ou pour éviter aux personnes de se diriger vers un tel état (encore faudrait-il savoir prédire scientifiquement quand cela va se produire...), un médicament efficace ayant une balance bénéfices/risques positive serait fort appréciable, et même d'une importance vitale.

    Dans cette recherche acharnée, on assiste à un grand mélange d'études hétérogènes qui n'apportent que des preuves trop partielles pour juger de l'efficacité et de la balance bénéfices/risques de ces traitements. Malheureusement, même les essais contrôlés randomisés ne donnent, pour l'instant, pas à voir des résultats miraculeux. 

    Pas de traitement réellement efficace pour l'instant

    La revue publiée dans le JAMA regroupe un ensemble d'études très différentes. L'analyse à laquelle se livrent les auteurs est qualitative et non quantitative. Ils expliquent que, compte tenu du manque d'essais contrôlés randomisés, sont inclus des rapports de cas et d'autres reviews dans leur étude. Ce qui en découle, c'est qu'aucune preuve n'est assez robuste pour dire qu'un traitement est efficace -- à savoir, avec un effet supérieur à un placeboplacebo ou à l'absence de traitement avec une balance bénéfices/risques positive.

    Que ce soit la chloroquine ou l'hydroxychloroquinehydroxychloroquine dont on parle tant (trop ?), la combinaison lopinavir/ritonavir et les autres anti-rétroviraux, les anti-viraux classiques, les immunomodulateurs, les corticostéroïdescorticostéroïdes ou encore le plasma de personnes convalescentes, aucun de ces traitements n'a fait ses preuves de manière suffisamment robuste pour que l'on puisse clairement le généraliser et avoir une idée précise de sa balance bénéfices/risques.

    Aucun traitement pharmacologique n'a fait preuve de son efficacité pour l'instant dans la lutte contre le Covid-19. © Chinnapong, Adobe Stock
    Aucun traitement pharmacologique n'a fait preuve de son efficacité pour l'instant dans la lutte contre le Covid-19. © Chinnapong, Adobe Stock

    Des essais en cours 

    Les investigateurs ont aussi brièvement recherché les essais cliniques en cours concernant le Covid-19 sur ClinicalTrials.gov. Ils ont trouvé 351 essais actifs, dont 291 essais spécifiques sur le Covid-19 à la date du 2 avril 2020. De ces 291 essais, environ 109 comprenaient un traitement pharmacologique pour le traitement du Covid-19 chez les patients adultes. Sur ces 109 essais, 82 sont des études d'interventions, avec 29 essais contrôlés contre placebo.

    Selon la description des études, il existe 11 essais de phase 4, 36 de phase 3, 36 de phase 2 et 4 de phase 1. Vingt-deux essais n'ont pas été classés par phase ou sans objet. Ce qui est plus inquiétant, c'est que des procédures existent pour arrêter des essais en cours si les chercheurs constatent des bénéfices clairs sur l'état des patients. À moins d'une découverte inattendue, il faudra faire face à cette pandémie avec des traitements peu ou moyennement efficaces. 


    Coronavirus : quels sont les traitements à l'étude ?

    Par Julien Hernandez le 01/04/2020

    Dans le brouhaha médiatique autour de la chloroquine, on oublie de parler des autres traitements potentiels contre la maladie du Covid-19. Quels sont-ils et que peut-on en attendre ?

    Oui, il existe d'autres traitements prometteurs en cours d'évaluation en plus de la fameuse chloroquine. L'engouement autour de cette dernière qui semble freiner la réalisation de l'essai clinique DiscoveryDiscovery est uniquement médiatique, il n'est pas scientifique. On ignore encore si ce traitement, administré aux patients infectés par le SARS-CoV-2, apporte plus de bénéfices que de risques. Mais parlons aujourd'hui des autres traitements. Ceux qui à défaut d'être évalués dans l'ombre des médias, le sont à la lumièrelumière de la méthode scientifique. Toutes les sources utilisées pour cet article sont accessibles en cliquant ici.

    Les autres « traitements » à l'étude

    • Les antiviraux 

    Plusieurs essais cliniques de qualité variable (randomisés, non randomisés, prépubliés, publiés dans des journaux d'excellence) sont disponibles ou en cours concernant des traitements utilisés contre le virusvirus de l'immunodéficienceimmunodéficience humaine (VIHVIH) : la combinaison liponavir/ritonavir. Une étude récemment publiée dans le New England Journal of Medicine fait état de l'inefficacité de ce traitement. Mais d'autres antivirauxantiviraux sont à l'étude comme le favipiravir ou l'arbidol. Cependant, les études publiées concernant ces derniers sont contrôlées contre un autre traitement. Étant donné que l'on connaît encore peu l'efficacité des traitements dans le cadre du Covid-19, il est difficile de retirer une information utile de ce genre de comparaison. Leur utilisation, si elle s'avère efficace, semble judicieuse en première intention, avant que l'état du patient ne s'aggrave potentiellement.

    • Les anticorps monoclonaux 

    Plusieurs anticorps monoclonauxanticorps monoclonaux tels que le mepolizumab ou le tocilizumab sont aussi à l'étude. Les essais publiés jusqu'à présent ne permettent pas d'extrapoler leur efficacité. Ils seraient utiles dans la gestion de l'inflammation chez les cas sévères et critiques.

    • Autres traitements

    D'autres publications ont fait part d'autres traitements, mais surtout dans la gestion de cas graves afin de réduire l'inflammationinflammation générale de l'organisme. On retrouve alors les corticostéroïdes, l'injection de plasma convalescent et la transplantationtransplantation de cellules souchescellules souches mésenchymateuses qui n'expriment pas l'enzymeenzyme de conversion de l'angiotensineangiotensine à leur surface. Tous ces traitements ont été administrés en pratique médicale d'urgence, sur un tout petit nombre de patients. Il est donc difficile d'avoir du recul sur leur efficacité propre.

    D'autres médicaments que la chloroquine sont à l'étude et porteurs d'espoirs. © Nikolai Sorokin, Adobe Stock
    D'autres médicaments que la chloroquine sont à l'étude et porteurs d'espoirs. © Nikolai Sorokin, Adobe Stock

    Quid du vaccin ?

    Des travaux sont actuellement en cours pour essayer de savoir si la réalisation d'un vaccinvaccin est possible. On sait déjà que chez le singes l'infection au SARS-CoV-2 protège contre une nouvelle infection du virus, ce qui est encourageant. Des équipes australiennes sont également en train d'étudier les différentes phases de la réponse immunitaireréponse immunitaire chez différents types de patients, afin de comprendre les mécanismes complexes qu'il faudrait tenter de stimuler grâce à un vaccin. Quoi qu'il en soit, la réalisation d'un vaccin n'est certainement pas pour tout de suite, il faut donc espérer limiter le nombre de morts grâce à un traitement curatifcuratif. Les données de l'essai Discovery devraient rapidement nous en apprendre plus à ce sujet.

    À retenir 

    D'autres traitements sont étudiés en plus de l'hydroxychloroquine qui fait tant parler d'elle.

    Pour l'instant, on ne dispose que de peu de données de qualité pour pouvoir traiter les patients ayant une forme faible à modérée de la maladie. 

    L'étude Discovery lancée dans toute l'Europe devrait nous en apprendre plus à ce sujet.