L’immunité conférée par une infection au coronavirus continue de diviser les scientifiques. Est-on réellement protégé après avoir été malade et combien de temps dure cette immunité ? Une nouvelle étude apporte quelques éléments de réponse.
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Si vous avez été infecté par le coronavirus avec de faibles symptômes, ne vous réjouissez pas trop vite : vous pourriez bien ne pas être immunisé. C'est ce qui ressort d'une nouvelle étude (encore non publiée) parue sur le site medRxiv. Cette dernière a analysé le taux d'anticorps IgG (anticorps neutralisants) chez 177 patients diagnostiqués positifs au Covid-19 avec un test PCRtest PCR, jusqu'à 60 jours après le test. D'après les résultats, entre 2 % et 8,5 % des malades ne développent jamais ces fameux anticorps -- proportion évaluée selon la duréedurée de suivi, variable d'un patient à l'autre.
Plus on est malade, plus on a de chances de développer des anticorps
La production d'anticorps est d'autant plus probable que les symptômes ont été forts. Les personnes ayant développé des infections sévères, les personnes âgées, obèses ou celles soufrant d'hypertensionhypertension ont ainsi beaucoup plus de chances de développer des anticorps que les personnes asymptotiques. « Cela pourrait être dû au fait que la réponse immunitaire fonctionne de paire avec la réponse inflammatoire, ou qu'une charge virale plus élevée stimule davantage l'inflammationinflammation et la production d'anticorps », suggèrent les chercheurs.
L'absence d'anticorps spécifiques au Sars-Cov-2Sars-Cov-2 ne signifie pas pour autant que l'on est pas immunisé. « ll est possible que ces patients [qui restent séronégatifsséronégatifs, ndlr] aient eu des réponses immunitaires limitées à d'autres antigènesantigènes ou transmises par des cellules TT », indiquent les auteurs. Une précédente étude a, par exemple, suggéré qu'il existerait une immunité croisée entre le rhume et le Sars-CoV-2. Une autre explication possible est que les infections bénignes peuvent avoir été limitées aux cellules des muqueusesmuqueuses des voies respiratoires. Dans ce cas, les anticorps sont présents dans les sécrétionssécrétions mais indétectables dans le système immunitairesystème immunitaire global, expliquent-ils.
Un vaccin inefficace pour empêcher une nouvelle infection ?
Cette étude entre en contradiction avec celle du CHU de Strasbourg et de l'Institut Pasteur publiée en mai (lire ci-dessous). Cette dernière indiquait que 98 % des patients infectés avaient développé des anticorps neutralisants, y compris ceux ayant eu des formes mineures de la maladie. Par ailleurs, on ignore quel taux d'anticorps est nécessaire pour être immunisé, ni combien de temps ils persistent dans l'organisme, car on manque encore du recul nécessaire. Les chiffres présentés ici semblent montrer un taux relativement stable jusqu'à deux mois après l'infection, mais d'autres études portant sur le Sars-Cov de 2003 ont montré que des IgG sont détectés chez environ 50 % des patients quatre ans après l'infection.
Le flou persistant autour de cette question pourrait compliquer la mise au point d’un vaccin. Ce dernier étant injecté dans le corps, il confère une immunitéimmunité dite « stérilisante » mais n'empêche pas nécessairement l'infection des voies respiratoires. Cela signifie qu'une personne vaccinée pourrait être infectée localement et continuer à propager le virusvirus en toussant ou en parlant. Dans ce cas, la vaccinationvaccination devrait cependant limiter la sévérité des symptômes, ce qui est tout de même l'essentiel pour éviter un engorgement des hôpitaux comme celui que nous avons connu en mars.
Coronavirus : des malades faiblement touchés ont développé des anticorps
Article de AFP-Relaxnews publié le 30/05/2020
Encourageante, cette étude montrant que la quasi totalité d'un groupe de soignants, faiblement touchés par le coronavirus, a développé des anticorps protecteurs encore présents 28 jours après l'apparition des symptômes. Quelle sera la persistance de cette immunité sur le long terme ?
Une « très grande majorité » des patients atteints d'une forme mineure du Covid-19 développe des anticorps qui pourraient ensuite les immuniser « pendant plusieurs semaines » contre la maladie, selon une étude du CHU de Strasbourg et de l'Institut Pasteur, détaillée sur le site MedRxiv.
Ces résultats sont « encourageants » dans la mesure où l'on connaît mal les mécanismes d'immunité contre le nouveau coronavirus, surtout chez les personnes atteintes par des formes mineures de la maladie. « On savait que les personnes atteintes de formes sévères de la maladie développaient des anticorps dans les 15 jours qui suivaient le début des signes. On sait maintenant que c'est également vrai pour ceux qui font des formes mineures, même si les taux d'anticorps sont vraisemblablement plus faibles », explique dans un communiqué l'un des auteurs de l'étude, Arnaud Fontanet, responsable du département Santé globale à l'Institut Pasteur.
« Notre étude montre que les niveaux d'anticorps sont, dans la plupart des cas, compatibles avec une protection contre une nouvelle infection par Sars-CoV-2, au moins jusqu'à 40 jours après le début des signes », ajoute OlivierOlivier Schwartz, responsable de l'unité Virus et immunité à Pasteur. Selon lui, « l'objectif est maintenant d'évaluer sur le long terme la persistance de la réponse anticorps et sa capacité de neutralisation » du virus.
Une « bonne nouvelle » pour élaborer un futur vaccin
L'étude, dont les résultats ont été publiés samedi et sur laquelle Pasteur a communiqué mardi, a été menée sur 160 patients, membres du personnel hospitalier des deux sites des hôpitaux universitaires de Strasbourg. Ils étaient tous atteints de formes mineures du Covid-19.
Des tests de sérologie (qui visent à détecter après coup les signes d'une infection passée) ont montré que la quasi-totalité de ces personnes (153 ou 159 sur 160 selon le type de test) a développé des anticorps dans les 15 jours suivant le début de l'infection. Un autre test a été utilisé pour déterminer si ces anticorps avaient bien la capacité de neutraliser le virus. Verdict : 28 jours après le début des symptômes, 98 % des patients avaient développé ces « anticorps neutralisants ».
« Ces résultats sont également une bonne nouvelle pour les futures stratégies vaccinales », souligne la Pr Samira Fafi-Kremer, chef du service virologie des Hôpitaux universitaires de Strasbourg et première auteure de l'étude, également citée dans le communiqué.