Disponible par voie orale, non mutagène et dénué de toxicité, l’antiviral bemnifosbuvir a beaucoup d’atouts. Une équipe française vient de découvrir ses capacités à neutraliser la réplication du SARS-CoV-2, quel que soit le variant existant ou à venir.
au sommaire
La campagne de vaccination est un franc succès en France. Au 4 février 2022, près de 53 millions de Français ont un schéma vaccinal complet, dont 36 millions ayant aussi reçu la dose de rappel. Si la vaccination est une arme efficace dans la lutte contre la pandémie, la recherche de traitements contre le virus n'en demeure pas moins nécessaire. Le bemnifosbuvir, qui vient d'entrer en essai clinique de phase III, est une moléculemolécule particulièrement prometteuse.
Mécanisme d’action
Le bemnifosbuvir est une molécule qui avait été élaborée avec l'intention de traiter l'hépatite C. Un laboratoire de l'Université d'Aix-Marseille, dirigé par Bruno Canard, a mis en évidence ses capacités à neutraliser le SARS-CoV-2. Un article a été publié dans la prestigieuse revue Nature Communications le 2 février 2022.
Le bemnifosbuvir est une prodrogue, c'est-à-dire qu'il n'est pas administré sous sa forme active. Une fois dans l'organisme, il devra être métabolisé pour devenir actif. La forme active est un analogue de nucléotidenucléotide triphosphate. Elle est capable de bloquer l'ARN polyméraseARN polymérase dépendante de l'ARN du SARS-CoV-2, stoppant la réplicationréplication virale et la propagation du virus dans l'organisme humain.
Une molécule aux multiples avantages
Là où les vaccinsvaccins ciblent des parties variables du virus et perdent donc en efficacité lors de l'apparition de nouveaux variants, le bemnifosbuvir cible une partie peu variable du virus. Celle-ci est identique chez tous les variants du SARS-CoV-2. Ce qui signifie que cette molécule pourrait être efficace contre tous les variants existants et à venir. Un énorme avantage au vu des fortes capacités de mutation du virus.
Le bemnifosbuvir possède une base guanineguanine naturelle. Ceci garantit son absence de pouvoir mutagène, contrairement à d'autres antivirauxantiviraux comme le favipiravir, le remdesivir ou le molnupiravirmolnupiravir. De plus, au vu des données actuellement disponibles, il est dépourvu de toxicitétoxicité.
Par ailleurs, alors que beaucoup des traitements actuellement disponibles contre la Covid-19Covid-19 sont des injectables, le bemnifosbuvir est administrable par voie orale. Ce qui simplifie son transport, son stock et sa délivrance.
La molécule a été administrée chez plusieurs patients atteints de comorbiditécomorbidité aux États-Unis. Les premiers résultats cliniques sont encourageants : le bemnifosbuvir empêcherait les formes graves de la maladie. D'autres essais cliniques sur des populations plus larges de patients vont avoir lieu au printemps.
Cette molécule pourrait être particulièrement intéressante chez les personnes ne pouvant pas être vaccinées, comme les immunodéprimés (250.000 personnes en France). Elle pourrait aussi être bénéfique chez des personnes vaccinées présentant des comorbidités (obésitéobésité, diabète, trisomie 21trisomie 21...) et donc à risque de faire des formes graves de la maladie. Le bemnifosbuvir est aussi porteur d'espoir pour les personnes atteintes d’un Covid long.