C'est en examinant un patient atteint de la Covid-19 que les médecins ont détecté chez lui un cas de priapisme, défini comme une érection s'étendant sur plusieurs heures. L'équipe suggère que les deux événements pourraient avoir un lien de causalité.
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Le 17 juin 2020, une étude est parue dans la revue The American Journal of Emergency Medicine, racontant le cas d'un patient de 62 ans, admis aux urgences suite à un syndrome de détresse respiratoire aiguë particulièrement virulent. Deux jours auparavant, l'homme avait rendu visite à son médecin, se plaignant de fièvre, de toux sèche et de diarrhée. Manifestement peu alerte, le docteur lui avait prescrit des antibiotiques avant de le renvoyer chez lui. Désormais sous respirateur et atteint d'une chute de tension nécessitant le recours à des injections en intraveineuse, le patient fut soumis à une tomodensitométrietomodensitométrie (TDM, ou CT scan en anglais) et à une analyse du fluide présent dans ses poumons. Il fallut alors peu de temps à l'équipe médicale pour poser un diagnosticdiagnostic d'infection à la Covid.
Priapisme et Covid-19 ?
Un fait étonnant surprit néanmoins les soignants lors de l'examen médical : leur patient était atteint de priapisme, un trouble caractérisé par une érection s'étendant au-delà de plusieurs heures. Si une personne affligée d'érection incontrôlée pendant une longue duréedurée peut pousser certains à la moquerie, le priapisme n'en demeure pas moins un problème de santé très douloureux et dangereux, requérant une intervention médicale urgente. Encore mal compris aujourd'hui, il se définit par une érection durant plus de quatre heures, en dépit de l'absence de stimuli physiquesphysiques ou psychologiques. Ignoré ou mal traité, le problème peut laisser des séquellesséquelles permanentes au niveau du pénispénis, voire causer sa nécrose.
Dans le cas de notre patient, l'érection se caractérisait par une rigiditérigidité des deux corps caverneuxcorps caverneux, tandis que le gland était mou. Après quatre heures de compression à l'aide de packspacks de glace, l'aspiration du sang sous anesthésieanesthésie locale finit par révéler des caillots de sangcaillots de sang noir, caractéristiques du priapisme à flux réduit (PFR). Contrairement au priapisme à flux agrandi, généré par un défaut de régulation de la tension artérielletension artérielle, le PFR est plus dangereux en ce qu'il résulte d'une occlusion du flux veineux et donc d'un arrêt complet de la circulation sanguine dans la région. La stagnation du sang dans les corps caverneux du patient aurait ainsi causé sa coagulationcoagulation, résultant en une thrombosethrombose pénienne. Après une extubation sans complication au terme de 14 jours, le patient a été renvoyé chez lui sans autres signes de priapisme ni séquelles notables.
Des caillots dans le sang
Ce n'est pas la première fois qu'un cas de complication thromboembolique (la formation de caillots menant notamment au risque d'embolie pulmonaireembolie pulmonaire) est détecté chez un patient atteint de Covid-19Covid-19. L'équipe souligne dans son étude : « De fait, les patients atteints de la Covid présentent la présence simultanée de tous les éléments de la triade de Virchow, favorisant la thrombose », à savoir : hyperviscosité, hypoercoagulation et dysfonction endothéliale (une diminution de la dilatationdilatation des vaisseaux). Le lien entre le priapisme de leur patient et son infection à la Covid-19 ne serait donc pas à exclure.
« Bien que les arguments en faveur d'un lien de causalité entre la Covid-19 et le priapisme, ainsi que le mécanisme ischémiqueischémique du priapisme, soient très forts dans notre cas, de plus amples récits de cette nature contribueraient à renforcer les preuves, écrivent les chercheurs. Ils ajoutent tout de même que cette urgence médicale devrait être reconnue par les professionnels de la santé et traitée promptement pour éviter des complications fonctionnelles immédiates et chroniques. »