Alors que l’Angleterre a levé ses dernières mesures de restriction sanitaire, laissant craindre une flambée épidémique, c’est tout le contraire qui s’est passé avec la chute brutale des contaminations. Ce phénomène que l’on observe dans d’autres pays laisse les scientifiques incrédules.
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« Nous nous orientons inévitablement vers les 100.000 cas par jour », affirmait le 18 juillet dernier le célèbre épidémiologiste Neil Ferguson à la BBC. Le ministre de la Santé Sajid Javid expliquait lui aussi que les dernières levées des restrictions sanitaires (Freedom Day) allaient entraîner une flambée des infections. Le pays connaissait alors une flambée endémiqueendémique fulgurante, avec un nombre de cas quotidiens multiplié par cinq en un mois. Pourtant, 12 jours après le pic de 54.183 contaminations constaté le 17 juillet, le nombre de cas positifs est retombé comme un soufflé à 27.734 cas le 28 juillet. Une chute aussi brutale que l'ascension foudroyante de cette quatrième vaguevague, et ce en plein relâchement des mesures sanitaires et notamment la fin du port obligatoire du masque en intérieur.
Une multitude de facteurs invoqués pas très convaincants
Cette mystérieuse décrue laisse les scientifiques pantois. Un certain nombre de facteurs sont avancés pour expliquer l'amélioration de la circulation, comme le grand nombre de personnes ayant choisi de s'isoler car identifiées comme cas contact, ou le début des vacances d'été (qui ont commencé la semaine dernière en Angleterre). Une ironie quand on pense qu'en France les vacances sont accusées de propager le virus. La météo, également invoquée, aurait aussi « favorisé les activités extérieures », ce qui aurait limité la diffusiondiffusion du virus, explique Stephen Griffin, professeur agrégéprofesseur agrégé à l'École de médecine de l'université de Leeds. Une autre théorie est que le championnat d'Europe de football en juin et juillet a entraîné une vague de Covid de courte duréedurée au Royaume-Uni, la foule s'étant agglutinée dans les stades et les pubs. Mais le principal facteur invoqué est bien entendu l’immunité croissante, induite par le vaccin ou l'infection. 92 % des adultes au Royaume-Uni sont maintenant susceptibles d'avoir des anticorps Covid-19, selon l'Office for National Statistics, soit parce qu'elles ont eu le virus dans le passé, soit parce qu'elles ont été vaccinées contre celui-ci.
Une décrue observée dans plusieurs autres pays
Il n'empêche que tout cela a du mal à justifier totalement la chute brutale de la vague, reconnaissent les scientifiques. D'autant plus que le cas de l'Angleterre est loin d'être isolé en Europe. Alors que l'Allemagne, l'Italie ou la Belgique sont encore en pleine ascension, plusieurs autres pays semblent avoir dépassé leur pic épidémique. Aux Pays-Bas, par exemple, le nombre de nouveaux cas est passé de 11.297 cas positifs le 16 juillet à 3.455 cas le 28 juillet. Et là encore, aucune explication convaincante d'autant plus que le pays avait adopté une stratégie inverse à celle du Royaume-Uni, avec un renforcement des mesures sanitaires comme la fermeture des boîtes de nuit. Le Portugal et l'Espagne semblent également sur un plateau décroissant, et même la France voit la hausse des contaminations ralentir, avec une augmentation de 97 % sur la dernière semaine, contre 128 % la semaine précédente (du 13 au 20 juillet).
Cette quatrième vague, que personne n'avait vraiment anticipée (la plupart des spécialistes ayant plutôt prédit une nouvelle vague en septembre avec la rentrée des classes et l'arrivée de l'automneautomne), reste donc tout aussi mystérieuse que les précédentes. En avril par exemple, on avait constaté que le nombre de contaminations avait commencé à ralentir quelques jours à peine après la mise en place du confinement, ce qui suggère que ce dernier n'était pas à l'origine de la décrue (puisqu'il faut normalement attendre plusieurs jours ou semaines pour constater ses effets).
Une décorrélation entre les contaminations et les décès
Ce qui est certain en tout cas, c'est que la vaccination produit bien des effets sur le nombre d'hospitalisations et de décès. Au Royaume-Uni, 761 personnes étaient hospitalisées au 26 juillet, contre 3.812 lors du pic de janvier et l'arrivée du variant Alpha. Le pays enregistrait aussi 91 décès au 28 juillet, un chiffre dix fois inférieur à celui du 20 janvier. Idem en Espagne et en France, où le nombre de décès reste remarquablement bas malgré le nombre élevé de cas. Une différence uniquement attribuable à la vaccinationvaccination, 70 % des adultes britanniques ayant à présent reçu deux doses de vaccin et 88 % ayant reçu une dose.
Tous les médecins et responsables politiques veulent cependant rester prudents face à cette amélioration. « Nous ne sommes pas encore sortis du boisbois », a averti lundi le porteporte-parole de Boris Johnson. Mais cette surprenante amélioration sans avoir eu recours à un nouveau confinement prouve que le pire n'est jamais certain.