Testée sur des cerveaux de porc, une nouvelle technique permettrait de limiter les dommages que les arrêts cardiaques causent au cerveau. Les chercheurs doivent ces résultats au rôle clé d'un autre organe, le foie.


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    Imaginez pouvoir réanimer un cerveau une heure après sa mort clinique. Ce scénario de science-fiction est récemment devenu réalité. Une équipe de chercheurs chinois a réussi à réaliser cette prouesse technique sur le cerveau d’un porc.

    Le cerveau, un organe très fragile face aux crises cardiaques

    Des études antérieures ont montré que dans les secondes qui suivent un arrêt cardiaque, le cerveau n'est plus approvisionné en oxygène, ce qui entraîne une perte de conscience presque immédiate. Pendant toute la duréedurée où l'apport de sang et d'oxygène est coupé, le cerveau subit des lésions. Au bout de seulement 5 à 8 minutes, il subit des dommages irréversibles.

    Même si le cœur est relancé, les séquelles cérébrales sont souvent si importantes que le patient décède. En France, seulement 5 % des personnes qui sont victimes d'un arrêt cardiaque survivent, rappelle le ministère de la santé.

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    Malgré cela, une nouvelle étude a prouvé qu'il est possible de réanimer le cerveau d'un porc après 60 minutes de mort cérébrale. Comment est-ce possible ?

    C'est là que cela devient glauqueglauque. Les chercheurs ont obtenu ces résultats en retirant des cerveaux de porcs et en les branchant à une perfusion normothermique (NMP), un système qui imite artificiellement la circulation de sang et d'oxygène.

    La perfusion normothermique branchée avec un foie réduit les dommages cellulaires et les lésions hypoxiques dans le cerveau des porcs. © Guo et al. 2024
    La perfusion normothermique branchée avec un foie réduit les dommages cellulaires et les lésions hypoxiques dans le cerveau des porcs. © Guo et al. 2024

    Le foie, clé du succès de cette opération

    Certains cerveaux étaient reliés uniquement au dispositif de perfusion, tandis que d'autres étaient reliés simultanément à la perfusion et à un foie fonctionnel, organe qui joue un rôle important dans la filtrationfiltration et l'épuration du sang.

    Les chercheurs ont alors simulé un arrêt cardiaque sur les cerveaux, les coupant de sang et d’oxygène. Les cerveaux privés du foiefoie ont rapidement montré des signes de détresse : gonflement, dommages cellulaires et perte d'activité électrique au bout de quelques heures.

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    À l'inverse, ceux reliés au système hépatique se sont bien mieux portés. Le foie, grâce à ses fonctions métaboliques et anti-inflammatoires, a l'airair d'avoir protégé le cerveau. Le gonflement était considérablement réduit et l'activité cérébrale après réanimation a pu être maintenue pendant six heures. Les neuronesneurones du cortexcortex et de l'hippocampehippocampe étaient également moins endommagés.

    Vers de nouveaux espoirs en réanimation ?

    Si le foie permet cette protection, c'est peut être grâce à certaines moléculesmolécules qu'il produit. « Lorsque la disponibilité du glucoseglucose est limitée, le foie produit des corps cétoniques [...]. Ces corps servent de substratssubstrats énergétiques alternatifs pour le cerveau », expliquent les chercheurs dans leur étude, publiée dans la revue EMBO Molecular Medicine.

    Cette découverte, aussi étrange qu'elle puisse paraître, pourrait peut être un jour permettre d'élargir la fenêtrefenêtre de réanimation après un arrêt cardiaque, augmentant ainsi les chances de survie des patients.